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Spectrals

Paris, Maroquinerie - 19 novembre 2011

Live-report par Amandine

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Belle affiche ce soir que celle présentée à la Maroquinerie. A l’honneur, de la pop sombre et habitée, alimentée par l’ultime sentiment humain : l’amour. Accompagné par Spectrals, le groupe de Christopher Owens, Girls, aura réussi à afficher complet depuis de nombreuses semaines et la soirée promet de remettre en question toutes les idées préconçues que nous pouvons avoir sur la pop.

C'est donc Spectrals qui a l’honneur d’ouvrir pour les très attendus Girls. Le jeune Louis Jones, tout juste âgé de vingt-deux ans, n’en est pas à ses débuts en ce qui concerne les premières parties prestigieuses : on avait pu le voir, quelques mois auparavant, ouvrir pour Best Coast au Nouveau Casino et, plus récemment, c’est avec Real Estate qu’il a partagé la scène. Si, initialement, le groupe ne se compose que du frontman et de son jeune frère à la batterie, ils sont ce soir accompagnés de musiciens pour étoffer leur set : une charmante bassiste, un deuxième guitariste et un claviériste semblant tout juste sorti de l’adolescence sont également présents. Ils arborent des t-shirts Girls, ne cachant pas leur joie devant la chance qui leur est donnée de jouer avec l’un des groupes les plus talentueux de ces dernières années.

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N’ayant pas l’air de succomber au trac, notre jeune rouquin va dérouler, pendant une courte demi-heure, un set accrocheur, ponctué de titres retenant l’attention du plus inattentif des spectateurs, à l’image de Get A Grip. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, le public est réactif et semble déceler chez Spectrals un talent indéniable et une approche personnelle et sensible de la musique, comme peut le faire Owens avec son groupe. Seul petit bémol à ce chaleureux moment : la voix, parfois trop étouffée et en retrait, n’était probablement pas assez mise en avant.
Mr Jones peut néanmoins être satisfait de sa prestation de ce soir et espérer, dans très peu de temps, avoir son nom en tête d’affiche et ne plus se contenter des premières parties, aussi prestigieuses soient-elles.

Il est 21h quand les lumières s’éteignent ; la Maroquinerie est littéralement en ébullition quand le frêle Christopher Owens, chanteur et tête pensante de Girls, monte sur scène. Une fine silhouette d’à peine un mètre soixante-dix habillée d’un jeans, d’une chemise de cow-boy à franges, de tennis, et sa chevelure blonde lui retombant négligemment sur le visage : il est loin de l’image d’icône que la presse aime à lui coller. Le petit côté romantique est rappelé par les nombreux bouquets de fleurs ornant les pieds de micro et les instruments.

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Les spectateurs acclament le groupe comme il se doit alors que ce dernier entame les premières notes de My Ma, extrait du dernier album, dédié à la mère de Christopher, adepte d’une secte qui a brisé son enfance et étant à la base de nombreux de ses textes. Il ne faudra pas bien longtemps aux Américains pour trouver leur vitesse de croisière : ils sont impressionnants de facilité, mais surtout de virtuosité. Les morceaux sont d’une intensité rare, sachant varier les moments où la voix chevrotante de Christopher est mise en avant et les longues plages instrumentales venant vous retourner les viscères.
Ce soir, ils joueront une setlist quasi parfaite, alternant tubes du premier album comme Laura ou Lust For Life et titres phares de Father, Son, Holy Ghost . Quand vient Vomit, la salle entière fait corps avec les musiciens ; le batteur paraît jouer sa vie tandis qu’il tape ses fûts et Christopher semble bouleversé par les sentiments qui le submergent. Die vient quant à elle prouver que Girls sait aussi faire du bruit, sans jamais oublier de verser un peu dans le sentimentalisme qui lui sied tant. Un rappel se terminant sur la magnifique Alex, cinq musiciens ravis mais gardant leur humilité tandis que le public n’a de cesse de hurler son ravissement.

Une heure quarante ayant paru filer comme une seconde, le set de Girls aura sans conteste marqué cette année 2011. La maîtrise alliée à l’introspection des textes d’Owens aura permis aux Américains de confirmer leur statut sur le devant de la scène actuelle. N’oublions cependant pas la prestation de Spectrals qui n’auront pas démérité et nous aurons proposé une mise en bouche prometteuse.