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Only Real

Paris, Badaboum - 21 avril 2015

Live-report par Julien Soullière

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Le Badaboum, dans le 11ème arrondissement. C'est notre destination du soir. Un quartier sympa, rongé par la hype, certes (comme beaucoup d'autres endroits ici et là dans la capitale), mais difficile à ne pas apprécier par un temps aussi clément. Un bar, une salle de concert, le Badaboum exprime deux saveurs aussi particulières que complémentaires. On n'aura pas le temps d'apprécier la première : il est déjà tard, la première partie est en passe de quitter la scène sur laquelle elle s'est exécutée pendant la petite demi-heure de rigueur. On se rapproche alors du zinc, dans l'attente.

Ça y est, attendu comme le Messie d'un soir, Niall Gavin fait enfin son entrée sur scène, vers 21h, en pleine pénombre et sur un fond sonore des plus funky. Tellement funky d'ailleurs, que le bonhomme ne résistera pas à l'envie de se déhancher le temps de cette courte introduction (il se contorsionnera de temps à autres par la suite), faisant évoluer son corps gauchement dans l'espace, tel un baba-cool qui aurait vu sa conscience quitter le navire qu'est son corps à force de substances douces. La cool attitude est déjà palpable, même chez des musiciens au demeurant discrets.

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C'est sûr, il flotte dans l'air un doux parfum d'été, d'intenses effluves de ne rien foutre. La bonne humeur doublée d'insouciance d'Only Real, héritée du surf-rock, est franchement communicative, bien qu'à voir les sourires qui ornent les visages des convives depuis l'ouverture des portes, on se dit que les dispositions étaient bonnes à la base (le beau soleil épinglé dans le ciel parisien a du aider, forcément), restait à les entretenir, ce qui n'est déjà pas une mince affaire.

Sans la casquette de cycliste italien qu'il arbore parfois, mais drapé de sa chemise vintage trois fois trop grande, le gamin pose sa voix et en impose rapidement. Son phrasé rapide, virevoltant et faussement candide, tiré de la musique urbaine à l'œuvre, notamment, dans les banlieues londoniennes, est jouissif à souhait, bien maîtrisé ce soir, de même qu'agréablement mis en valeur par des compositions gorgées de malice et qui sont autant d'invitation à danser lancées à la foule.
C'était une surprise que d'apprendre qu'Only Real allait jouer à guichets fermés ce soir. On ne parle pas de l'Olympia, certes, et il nous arrive tellement d'artistes chaque mois qu'on est en droit de s'y perdre. Reste que pour cette même raison d'offre pléthorique, quand un artiste étranger n'en est qu'à son premier disque, qu'il reste suffisamment confidentiel pour ne pas bénéficier de nos principales ondes hertziennes, ce genre de cas est toujours surprenant, même à Paris. Agréable, mais surprenant. Il faut dire qu'Only Real joue une musique en rien putassière, mais accessible pour un grand nombre, et cela devrait l'aider à gagner en notoriété dans les prochains mois, surtout avec l'arrivée des festivals, généralement friands de ce type de musique, en ce sens qu'il s'accorde parfaitement avec la période estivale.

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Alors, oui, il y a un côté « chill » latent dans la musique d'Only Real, ce qui n'empêche pas les instruments et la technique de se montrer sous leur jour le plus vigoureux en ce soir de concert, donnant à des titres comme Pass The Pain, Can't Get Happy ou encore Cadillac Girl, des couleurs punk jubilatoires, de même que de grosses allures de tubes. Les enceintes crachent haut et fort une armée de samples psychédéliques, les guitares se la jouent Foals pour mieux nous faire sautiller, les baguettes claquent vigoureusement sur les peaux tirées qui drapent les fûts, bref, aucun « friendly fire » à déplorer, tout le monde tire dans le même sens, et avec pour objectif d'atteindre le public parisien. Un public qui a l'air de connaître sur le bout de la langue les chansons jouées ce soir et tirées pour beaucoup de Jerk At The End Of The Line, à la grande surprise d'un Only Real touché par un tel accueil (il ne cessera de nous remercier). Au point d'ailleurs qu'on se demande, après avoir vu notre ami échanger très vite avec son guitariste principal en fin de set, si le second titre joué à l'occasion du rappel (un deuxième tour de Cadillac Girl) ne l'a pas été pour remercier les invités du soir de leur soutien sans faille.

Malgré un set on ne peut plus court (quarante à quarante-cinq minutes, smartphone en main.... objet de rigueur pour suivre le choc PSG - Barcelone, en dépit d'un réseau capricieux), Only Real aura marqué des points ce soir, livrant une prestation carrée, raccord avec l'époque et la météo extérieure, et sans aucun coup de moins bien. Petit con, va !