Chronique Album
Date de sortie : 30.04.2012
Label : Invada Records/Differ-ant
Rédigé par
Emeline, le 29 avril 2012
Geoff Barrow et Ben Salisbury ensemble sur un disque ? Voilà un duo de compositeurs qui ne pouvait qu'attirer l'attention, le premier étant un talentueux membre de Portishead et de BEAK> et le second bien installé dans la musique de films. Rencontrés il y a une dizaine d'années en jouant au football à Bristol, les deux Anglais se sont d'abord trouvés des atomes crochus avec les jeux vidéos pour animer leurs soirées, puis ont décidé de jouer de la musique ensemble, nous dit leur communiqué de presse.
Forcément, avec leurs backgrounds respectifs, il ne fallait pas s'attendre à voir en Drokk, leur première production commune, un disque de pop ou de rock. Non, les deux musiciens se sont mis en tête de composer un album-concept en forme de Bande Originale afin d'illustrer en sons leur goût commun pour la bande-dessinée Judge Dread.
Au programme : des synthés, toujours du synthé, rien que du synthé. De leurs claviers analogiques, Geoff Barrow & Ben Salisbury façonnent des titres – ou plutôt des intermèdes - aussi sombres que vintages, et froids comme l'iceberg du Titanic. Leur parcours se traverse en une pluralité de décors imaginaires, tapissés tour à tour de mystères, d'inquiétudes, d'angoisses, et d'où jaillissent des ambiances souvent hypnotiques et/ou pesantes (le robotique Inhale) et des esquisses de mélodies (Justice One).
Le calme (Exhale) suit ou précède souvent la tempête, les thèmes se répètent sans forcément trouver un but (Helmet Theme), les rythmiques semblent parfois sortir des ténèbres (301-305), les nappes de sons célestes offrent des atmosphères cotonneuses et agréables, mais souvent trop longues pour être appréciées dans leur durée, et l'épure instrumentale est parfois trop faible pour susciter l’intérêt (The Men Who Never Learned). Reste qu'il s'agit d'une Bande Originale et que le rapport de ce disque avec l'image de la BD à laquelle il fait référence doit certainement donner plus de sens à cette musique, avons-le, un peu fade.
Au final, si le défi de constituer quelques sentiments musicaux à travers un album uniquement composé de synthés est en soi parfaitement louable, à trop de reprises on a l'impression d'écouter une insipide démo nous présentant les différentes fonctionnalités d'un synthétiseur. Autrement dit, on s'en passerait.