Chronique Album
Date de sortie : 03.09.2012
Label : Swim/Differ-ant
Rédigé par
Jeremy Leclerc, le 2 septembre 2012
Cet album de Malka Spigel ressemble à une route de campagne un soir d'été vers 20h, alors que le soleil a déjà entamé sa descente vers les enfers et que le ciel, dans sa robe bleue, assiste impuissant au long déclin de la lumière du jour, sous le regard bienveillant des montagnes, majestueuses en de telles circonstances. Puis ce sont les collines verdoyantes avant les plaines longeant le fleuve, toujours très calme en cette période de l'année. Il faut dire que les fortes chaleurs ont tôt fait de mater les cours d'eau en rébellion. A ce paysage s'ajoute une longue compilation de platanes, rien n'étant plus semblable à un platane qu'un autre platane, surtout lorsqu'un platane succède à un autre platane, et que cette vision se répète ad vitam eternam. Le cadre a de quoi faire déprimer lorsqu'on en a trop l'habitude. Vision pessimiste d'une nature rendue mécanique par la main de l'homme. La répétition, voilà le leitmotiv de la musique de l'Israélienne de naissance Malka Spigel sur Every Day Is Like The First day, un quatrième album solo quinze ans après My Pet Fish Swim, sur lequel on retrouve Johnny Marr et Andy Ramsay, entre autres.
Un souffle mélancolique balaye l'asphalte encore chaud. Les premières notes d'Ammonite donnent le ton des cinquante-trois prochaines minutes, qui paraissent être menées par un cheval au trot. Un rythme que d'aucun qualifierait de "pépère", comme sur la chanson-titre Every Day Is Like The First Day, et qui donne ainsi une sensation de déjà entendu à mesure que défilent les chansons. Ce n'est pas un album nerveux. Le rythme particulier de cette musique le rend hypnotique, éclairé par des notes teintées par la faible lumière d'une lune blanche; la rencontre entre la froideur mécanique de la new wave et la chaleur des émotions qu'elles exhalent. En contrepoint, la voix de Malka Spigel souvent antipathique, comme façonnée dans le métal, jusqu'au moment où les mélodies fissurent la matière pour laisser apparaître une sensibilité mettant ainsi en valeur un délicieux contraste.
L'impression de sentir la vie couler tranquillement dans son lit. Back In The Old City évoque les déserts californiens, le stoner et ce monde entre deux mondes, l'état intermédiaire avant le sommeil, intemporel, immobile et qui se dilate pourtant et se confond entre le rêve et la réalité. La basse solaire domine ce paysage ocre tandis que la voix effleure les nuages.
Souvent minimal, Everyday is like the first day est un album de nomade, de ceux qui apaisent et donnent un sentiment de liberté, avec l'horizon en point de mire.