Chronique Album
Date de sortie : 03.12.2012
Label : Drop Anchor Music
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 2 décembre 2012
On ne l'attendait plus. Huit ans après la séparation des londoniens de Gene, Martin Rossiter, leur ex-leader, se lance enfin dans une carrière solo. On n'imaginait plus pouvoir entendre cette voix de crooner sur de nouvelles compositions. Et pourtant ce petit miracle survient en cette toute fin d'année avec ni plus ni moins qu'un premier album intitulé The Defenestration Of St Martin.
La particularité de ce disque réside dans le fait que Martin Rossiter l'a enregistré dans un format piano/voix. Un pari simple, mais bougrement risqué pour le résident de Brighton. Loin donc de l'esprit brit-pop, pour ne pas dire tout simplement pop, de son groupe défunt, le chanteur semble avoir décidé de reprendre sa carrière à zéro.
L'album démarre sous les meilleurs auspices avec le sublime Three Points On A Compass. Dix minutes de bonheur où le chant de l'anglais vient se marier à la perfection avec cette mélodie mélancolique déployée au son du piano. L'effet est imparable, le frisson garanti. Il fallait oser démarrer un disque avec un morceau de cette teneur après une si longue absence, Martin Rossiter l'a fait ! C'est pourtant le seul titre à être aussi étendu sur cet opus. En effet, dès la seconde composition, I Want to Choose When I Sleep Alone, la tendance aux chansons de trois à quatre minutes prend le relais.
On a souvent espéré que ce bon vieux Morrissey nous sorte un album intimiste avec orchestre à chordes. Il semblerait que ce soit aussi probable que la sortie du nouveau My Bloody Valentine avant la fin de cette année 2012. Le Manucunien préférant donner un côté body-buildé à sa musique à l'aide de sa troupe de garçons bouchers, plutôt que de nous enchanter avec un disque harmonieux. Martin Rossiter, fortement influencé par la musique des Smiths du temps de son ancien groupe, tente lui de nous séduire avec ce disque concept. L'exercice s'avère pourtant très vite compliqué. En effet, s'il n'y a rien à redire sur la qualité des chansons, on a rapidement l'impression d'entendre toujours le même morceau du début à la fin. Le gallois s'enferme, à cause de son exercice de style, dans un univers qui en définitive flirte avec l'esprit piano-bar. PJ Harvey s'était déjà un peu cassé les dents avec son disque piano, White Chalk, sorti en 2007. La sentence est malheureusement la même pour le monsieur.
A l'exception du premier morceau, aucun titre ne s'impose vraiment par la suite. Le schéma est trop classique et l'étincelle allumée dès le départ s'éteint trop vite. Peut-être aurait-il mieux valu sortir d'abord un EP avec quatre titres au piano, avant de s'attaquer à un premier album avec toutes sortes d'instruments. De ce fait, l'album s'enlise au bout de quelques chansons et une écoute partielle de ces dix titres devient l'unique possibilité d'apprécier le disque.
On se félicitera tout de même du retour du bonhomme, qui avec un peu de chance sortira un disque moins intime, et surtout plus fourni en instrumentations, d'ici un à deux ans.