Chronique Album
Date de sortie : 11.03.2013
Label : Sony
Rédigé par
Olivier Kalousdian, le 13 mars 2013
Bercé par l’ambiance faux-semblants exploitée par les deux faux frères de Hurts, Theo Hutchcraft et Adam Anderson – qui aiment jouer les jumeaux dans le look qu’ils arborent, jusqu’à la raie lissée de coté – nous avions quitté le duo Hurts en 2010, confortablement assis dans deux fauteuils de l’hôtel Jules après une interview et une chronique de leur premier album, Happinness.
Depuis, il semble que la crise financière, l’annonce de la fin du monde et quelques films d’anticipation comme La Route aient marqué dans sa chair le duo synthétique de Manchester. Le tracklisting de leur second disque est une litanie pour réalisateurs de films catastrophe : The Rope, Somebody To Die For, The Crow... autant de titres qui annoncent la couleur de ce deuxième opus : noire !
Rehaussées, notamment, par la voix suave de Theo Hutchcraft, les chansons d'Exile racontent des histoires sombres. En vérité, le concept fut décidé dès le départ par Theo qui dira s’être imposé un challenge, à savoir écrire l’album le plus noir qu’il soit possible d’écrire. Avec les romans, La Route de Cormac McCarthy et Crash de J.G Ballard en livres de chevet pendant sa gestation, l’album de Hurts quitte la route encombrée de la pop noire de Happinness pour s’engouffrer dans la « synthpop froide » comme la nomment maintenant les Anglais.
Toujours produits par Jonas Quant, Hurts flirtent, parfois dangereusement avec les recettes déjà utilisées par Depeche Mode (Exile, Miracle), U2 (Help) voire même Muse (Sandman). Les deux anglais offrent un disque plus mature que leur premier essai mais ne convainquent pas après avoir pourtant connu un vrai succès d’estime en 2010 en écoulant pas moins de un million d’albums de par le monde.
Pas assez noir pour rester fidèle au projet de départ (le premier teaser du disque était une vidéo du titre The Road par le réalisateur Nez Khammal) ou pas assez profond pour renvoyer aux archives de la Sacem leurs aînés, Exile s’enlise avec des chœurs quasi religieux sur une électro trop noisy (The Road) et des mélodies trop peu entêtantes.
Le duo mancunien aurait gagné à s’inspirer de groupes comme Joy Division ou Bauhaus pour restituer une idée plus travaillée d’un album vraiment noir. Malheureusement, le mélange cold wave et synthpop détonne souvent (Mercy) en mêlant ce qui ne peut être mêlé et laisse, heureusement, une sensation de léger mieux quand se termine le dernier titre de l’album qui sonne comme un aveux, Help. Avec Exile ou Blind, il sauve un disque qui semblait, pourtant, très alléchant.
Après s'être volontairement enfoncé au fond de la piscine, on peut soit taper du pied et remonter, soit trouver l’endroit merveilleux et se perdre, pour de vrai, dans les abysses. Ceux qui s’y sont essayé ont vendu leur âme au diable, n’est pas Ian Curtis qui veut !