Six By Seven

Il y a des albums qui sentent bon les erreurs de jeunesse, des disques de vieux routards pavés de souvenirs et de larmes chaudes, des longs formats charpentés par des artistes qui se cherchent une nouvelle identité quoiqu’il en coûte, et puis il y a toutes les autres galettes imaginables. Parmi elles, certaines de bon niveau, mais qui ne sont que l’ombre de leurs illustres prédécesseurs. Devenus vieux cons, leurs auteurs ne se rendent pas forcément compte qu’ils ont levé le pied, et les voilà à livrer des compositions honnêtes mais dénudées de ces aspérités qui, par le passé, étaient autant de friandises mises à disposition de l’auditeur ravi. Love And Peace And Sympathy, quand on y pense, a tout de l’album trop poli, et ce dans les deux sens les plus communément acceptés du terme.

Ceci dit, on met ça sur le compte de l’âge et des convictions qui se ramollissent à mesure que le temps s’écoule, mais peut-être que l’influence de Steve Hewitt a eu plus de portée que prévu : ex-batteur de Placebo, leader de Love Amongst Ruin, et désormais batteur officiel de Six By Seven, le bonhomme aurait remis le groupe de Nottingham en selle à la suite d’une discussion inopinée avec Chris Olley, tête pensante de la formation, et il se pourrait que son attirance pour un rock efficace mais néanmoins calibré ait quelque peu déteint sur les titres qui composent aujourd’hui Love And Peace And Sympathy. Mais peu importe le pourquoi du comment, il restera que ce septième album de Six By Seven est l’un de leurs moins incendiaires, et si les ingrédients de base sont à la fête, le tout apparaitra comme un peu trop tranquille pour que celui ou celle ayant apprécié The Closer You Get et The Way I Feel Today retrouve complètement ses marques.

Certes, Six By Seven ne doivent pas être résumés à leurs seuls brûlots punk (Bad Man, Don't Wanna Stop...), mais on les a connu plus agités, moins scolaires, et en définitive plus stimulants. Globalement trop appliqué, Love And Peace And Sympathy troque donc volontiers saturations et autres distorsions cradingues contres des riffs de guitare bruyants mais dénudés de réelle agressivité, et se veut plus langoureux (aidé en cela par les intonations vocales plutôt aseptisées de M. Olley) que réellement hypnotique. Les années ne seraient donc pas accompagnées que de sagesse.

Difficilement inoubliable, l’album s’écoute pour autant sans sourciller, et ce du premier au dernier morceau. Alors oui, on pourra toujours trouver Standing In The Light un brin longuette, ou dire de Truce que c’est un foutu lieu commun (alternance systématique entre accalmie et déflagration sonore), mais rien sur Love And Peace And Sympathy ne détone, ni ne vient troubler l’harmonie qui se dégage d’un disque au demeurant agréable, et qui pourrait bien tourner à l’infini. En fait, cette nouvelle livraison est du genre à être écoutée, mais pas nécessairement avec attention. On se serait même risqué à parler de musique d’ambiance à tendance rock si le groupe n’avait pas eu la belle idée de se réveiller franchement de temps à autres, pour remettre un peu de vinasse dans leur eau tiède (Fall Into Your Arms, More ou Truce).

A l’heure de clôturer les comptes, on se ne souviendra très clairement pas de Love And Peace And Sympathy, signe que Six By Seven ont sûrement dit tout ce qu'ils avaient à dire. Mieux vaut donc qu'ils s'arrêtent ici, ils nous ont déjà donné suffisamment pour gagner notre estime.