Elbow

Bon timing pour les Mancuniens d'Elbow : trois ans après la sortie de son dernier album studio Build A Rocket Boys! (2011) et deux ans après celle d'une compilation de faces-B et titres rares baptisée Dead In The Boot (2012), le groupe emmené par son leader-chanteur Guy Garvey a su tenir son public en haleine en restant toujours actif. Il accouche aujourd'hui d'un sixième album lumineux, au sein duquel il mâtine sa pop originelle de mélodies épiques ou plus mélancoliques, tantôt douces comme un soir de pleine lune, tantôt plus catchy et énergiques, pour un résultat plutôt équilibré.

Sur l'album The Take Off And Landing Of Everything, une grande place est ainsi laissée aux ambiances célestes et diffuses, comme sur l'épure aérienne de This Blue World, pas loin d'un Mercury Rev. Évidemment, les titres pop sont toujours légion (Real Life, un peu terne), souvent magnifiés par la voix grave et puissante de Guy Garvey (New York Morning, l'intime Blanket Of Night) et par des arrangements en nombre (cordes, cuivres) venant multiplier leur capital émotif (My Sad Captains) ou leur puissance (la basse entraînante de Fly Boy Blue / Lunette).

Jamais avare d'électricité (The Take Off And Landing Of Everything), le groupe distille aussi dans sa cuisine de discrètes touches et nappes électroniques - la plupart du temps utilisées avec brio et toujours mises au service des mélodies : il n'y a qu' à écouter Charge, dont le synthé du couplet n'est pas sans rappeler lointainement Spitting The Atom de Massive Attack, le chouette Honey Sun, superbe dans sa légèreté, sa boite à rythme et ses chœurs de voix, ou Colour Fields, rappelant de très loin l'ambiance électro-pop de The Notwist.

D'obédience down-tempo la plupart du temps, ces nouvelles chansons ne vont pas révolutionner la musique des Anglais mais possèdent toujours un son, une ambiance ou une émotion leur permettant généralement de s'élever d'une manière ou d'une autre. Un bon disque.