Elbow

Flying Dream 1 est le neuvième album studio d'Elbow et sort vingt ans tous rond après Asleep In The Back, paru en 2001 comme pour célébrer notre entrée dans ce tout frais vingt-et-unième siècle. Pour ce groupe considéré à juste titre comme faisant partie des meilleurs espoirs britanniques d'alors, ces deux décennies de carrière n'ont pas fait mentir les bookmakers car Elbow a maintenu le cap de façon régulière, toujours porté par ses quatre membres fondateurs et surtout guidé par l'incroyable colosse à la voix d'or qu'est Guy Garvey.

En 2019, l'album Giant Of All Sizes dévoilait un tracklisting fait de morceaux plutôt sombres, inspirés en grande partie par des drames personnels et par l'actualité alors terrifiante des incendies de la Grenfell Tower. C'était alors dans le plus grand des sérieux que nos lads retournaient aux affaires, enfonçant le clou d'une tonalité grave qui manquait un peu d'enthousiasme bien que toujours servie par la voix cristalline de Guy Garvey.
Deux ans plus tard et après une pandémie bien entamée, Elbow revient donc avec Flying Dream 1, dont les dix titres proposent une pause faite de quiétude dans nos vies chamboulées en grande partie par la crise sanitaire mondiale. Fatalement écrit en grande majorité lors des confinements successifs, le disque prend le parti de l'apaisement grâce à des morceaux à la musicalité angélique et aux arrangements extrêmement soignés.


Mis en boîte dans le cadre du Theatre Royal de Brighton, l'ambiance feutrée et prestigieuse d'un tel lieu se ressent dans les harmonies. Le piano est la pièce maitresse des titres et l'éponyme Flying Dream 1 qui ouvre le disque offre des notes légères et une douce rhythmique soft jazz qui nous fait tout doucement décoller ou « step into the air ». Ce même piano devient plus expérimental sur Is It A Bird, où le free jazz s'invite avec appui de clarinette et cymbales fouettées avec délicatesse.

L'orchestration s'égare dans le cosmique sur le planant Six Words dont les échos crescendo nous hypnotisent réellement. Red Sky Radio (Baby Baby Baby) aux chœurs empiriques et aux lignes de synthés épurées met en exergue la timbre de voix de Guy Garvey flirtant avec des aigus à la justesse inébranlable.
On retrouve avec plaisir la guitare acoustique qui domine sur la ballade Come On, Blue où l'accent mancunien donne encore plus d'authenticité au morceau déjà fort émouvant. Le reste du tracklisting navigue sur une pop orchestrale subtile, et même si aucun réel single ne sort du lot pour accrocher l'auditeur, on notera néanmoins un regain d'entrain sur le titre de clôture What Am I Without You, où le chant se laisse emporter par une envolée au piano qui se termine tout en douceur, nous faisant à notre tour atterrir délicatement.


Flying Dream 1 est un très bel album d'Elbow, qui vient prouver que le son du quatuor du Greater Manchester a évolué dignement dans le temps avec ses membres, rendant les disques du groupe des compagnons fidèles de nos propres cheminements personnels. A écouter paisiblement au coin du feu ou sous la couette, ce disque est solide, sans chamboulements dans le genre du groupe mais on ne rechignera pas sur un peu de calme et de sérénité en cette fin d'année encore mouvementée.