La Roux

Trouble In Paradise, un titre sans équivoque pour le second album de La Roux, finalement publié cet été après quelques années de tergiversations et revirements, alors que beaucoup avaient depuis longtemps cessé de placer leurs attentes en Elly Jackson et Ben Langmaid.

Succès international lors de sa sortie en 2009, porté par une poignée de singles au succès avéré dans les charts, de In For The Kill à Bulletproof en passant par Quicksand ou encore I'm Not Your Toy, le premier disque éponyme de la jeune anglaise et de son producteur/compositeur semblait destiné à n'être que le premier d'une longue série. Las, après avoir monopolisé les ondes et multiplié les tournées durant des mois, le duo disparaît durant près de trois années, laissant filtrer de sporadiques informations quant à son futur. Ce n'est qu'en avril dernier que la parution de Trouble In Paradise se voit ainsi officialisée, de même que le départ de Ben Langmaid, crédité sur une poignée de titres seulement sur ce second disque.

Si le temps a ainsi passé plus que de raison, bien peu de choses semblent avoir changé dans l'univers d'Elly Jackson, exception faite de la banane rousse ayant longtemps constitué sa marque de fabrique. Moins produit que son prédécesseur, Trouble In Paradise se voit toutefois toujours aussi ancré dans les 80s, les influences disco, new wave voire même reggae à l'image de Tropical Chancer accompagnant une voix reconnaissable entre mille. Avec neuf titres seulement au compteur, et plusieurs compositions atteignant ou dépassant le cap des quatre minutes, la musicienne semble ici s'amuser à prendre ses distances avec les codes de la pop moderne.

Exception faite de Cruel Sexuality et Paradise Is You dont l'intérêt est moindre, Elly Jackson fait une seconde fois preuve de son sens de la mélodie avec sa synth pop immédiate et entêtante à l'image du single Uptight Downtown, plus envoûtante et subtile comme sur Let Me Down Gently, ou portée par un gimmick et un refrain marquant les esprits avec Kiss And Not Tell ou Sexotheque. Coup de maître du disque, l'épique Silent Partner, du haut de ses sept minutes et présentant un final instrumental destiné à faire des ravages sur scène, représente ainsi toute la liberté avec laquelle l'anglaise a choisi d'opérer pour ce retour inespéré quelques mois plus tôt.

Dégageant une tension sensuelle, si ce n'est sexuelle, évidente, Trouble In Paradise confirme les capacités d'une Elly Jackson désormais livrée à elle-même mais toujours capable de postuler au rôle de reine de la pop anglaise.