La Roux

La Roux se balade entre les années 80 et aujourd’hui. Elle se perd parfois en route, passant du folk à la synthpop avant son premier album, se séparant de son condisciple avant le deuxième et se faisant larguer par son label avant le troisième. Pas étonnant qu’elle prenne plus de trois ans à écrire huit chansons, et deux de plus pour les enregistrer.

En revanche, quand il s’agit de ses albums, Elly Jackson de son vrai nom maintient un cap particulièrement clair : synthés, boîte à rythmes, mélodies ensorcelantes et voix assurée. Les années passent mais le style n’évolue pas. Fermement ancré dans les années 80’s, les albums de La Roux rappellent un mix entre les tout premiers Depeche Mode et Soft Cell avec des sons très synthétiques et une boîte à rythmes traditionnelle. Pour épicer un peu les choses, on trouve une guitare funky (Automatic Driver, Otherside) et des rythmiques qui rappellent les caraïbes (Everything I live for, He Rides). La voix toujours aussi douce mais assurée flirte avec la synth pop, le r’n’b et la variété.

Ce cocktail envoûtant est fait pour plaire immédiatement, amener gentiment sur le dancefloor pour chiller en se déhanchant tranquillement, et profiter de la soirée (j’ai décidé que Supervision était plutôt un album de nuit). L’artiste a pris son temps pour composer le disque et les chansons prennent leur temps pour dérouler leur groove, en moyenne un peu plus de cinq minutes qui passent l’air de rien. La production de Dan Carey est parfaite, et c’était le candidat idéal pour superviser Supervision, tant il est à l’aise avec les voix féminines (Kate Tempest, Bat For Lashes), les guitares (Fontaines D.C., Childhood) et les ambiances hybrides (Steve Mason, Kylie Minogue).

A force d’errements, La Roux ne sort qu’un album par décennie (2009, 2014, 2020), espérons qu’il ne faudra pas attendre encore dix ans avant le suivant.