The Cure

Au début de leur carrière, les Cure ont eu une productivité qui a failli avoir raison de leur existence, mais pas de leur réputation, tant le résultat a toujours été à la hauteur de leurs ambitions et de nos émotions. Faith est un album entre deux : 17 seconds et Pornography.

Ses titres les plus bruts comme le très post-punk Primary ou le cacophonique Doubt auraient pu être extraits du premier. Les titres les plus sombres Funeral Party, Drowning Man ou Faith n’auraient pas dépareillé sur le sombrissime Pornography.

Faith est l’album sur lequel le groupe a pris les commandes du studio, reléguant le producteur au rôle d’ingénieur du son. Le groupe ne lâchera plus les manettes jusqu’à l’album The Cure sorti l’année dernière ! Une commande qu’il n’avait pas prise encore c’est celle du mastering, Robert Smith s’en plaignait dans une interview à Libération en 1981, plus de vingt ans plus tard, la version remasterisée révèle enfin ses grosses caisses, basses ultra profondes et nappes de synthés pimentées.

Cette réédition deluxe est aussi l’occasion d’écouter pour la première fois la BO de Carnage Visor, le film que le groupe projetait avant sa tournée de 1981. Ce morceau de 28 minutes est un long entrecroisement de lignes de basses et de guitares emmené par une batterie de galérien. Le morceau n’est jamais indigeste et montre une facette plus conceptuel du groupe. Amateurs de versions longues, la version live de Faith est un monument de 10 minutes, la version complète de Forever, impro des grands soirs en concert nous embarque sur 9 minutes.

Pour finir le deuxième disque, Charlotte Sometimes, le plus beau single du groupe, est un peu perdu après les quelques vraies inédits et les extraits de concerts mythiques. Mais c’est le sort de ce morceau maudit et vénéré à la fois.