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The Cure

Lyon, Halle Tony Garnier - 19 novembre 2004

Live-report par David

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Cette troisième édition du « Europe 2 Live » qui, pour la première fois, se tenait à La Halle Tony Garnier à Lyon, présentait une affiche relativement intéressante (grâce à la présence des révélations de l’année que sont Keane et Franz Ferdinand ainsi que des mythiques et plutôt rares en concert The Cure) par rapport aux éditions parisiennes précédentes ; un public plutôt jeune dans son ensemble mais finalement assez diversifié attendait donc de pied ferme le début des hostilités réparties sur deux scènes placées côte à côte.
Quelques chansons en version acoustique de De Palmas (avec seulement un batteur et un (très bon) guitariste pour l’accompagner) démarrent la soirée bien mollement : tous les tubes les plus connus sont là (Sur La Route, Elle s’ennuie (tu m’étonnes !), Une Seule Vie ou J’en Rêve Encore) mais l’impressionnante absence de charisme de Gérald annihile toute tentative de s’intéresser à ce qui se passe sur scène…

Placés assez bizarrement très tôt dans le programme, c’est ensuite le tour des écossais de Franz Ferdinand de prendre possession de la partie droite de la scène pour un show relativement long (10 chansons) pour ce genre de soirée : démarrage en trombe sur Michael, légère apathie de l’assistance pour les suivantes Tell Her Tonight et (normal, ce ne sont pas des singles…donc toute la frange « Europe 2 » du public a du mal à s’intéresser !..et oui, quelques fois, les franges, c’est moche…) puis vient la tornade Take Me Out qui sans surprise et dès son intro géniale (d'ailleurs, avec le temps, c’est vraiment cette première minute qui transcende ce morceau !) parvient à se faire trémousser l’ensemble de la Halle Tony Garnier.
Le concert prend alors des allures de triomphe et les Franz Ferdinand vont nous délivrer une deuxième partie de set assez monstrueuse : les versions proposées de Jacqueline et The Dark Of The Matinée permettent de constater à quel point nos quatre écossais sont à l’aise sur scène et surtout content d’être là (quelques jours après leur « chamaillerie » parisienne !) tandis que la petite nouvelle I Am Your Villain, futur tube en puissance malicieusement intercalé entre les deux, permet de rassurer tout le monde quand à l’énorme potentiel dont ils disposent pour le deuxième album.
Mais le meilleur reste à venir puisqu’après une 40ft sympathique, les Franz Ferdinand obtiennent in extremis de la part des coulisses l’autorisation de jouer un dernier morceau, et nous aurons droit à un Darts Of Pleasure impeccable enchaîné à cent à l’heure (certainement pour ne pas être « coupé» !) avec une version accélérée de This Fire d’anthologie.
Au final, un très bon show des Franz Ferdinand mêlant puissance scénique et attitude sympathique dont le seul petit bémol viendrait d’un son pas vraiment assez fort par rapport à l’événement …

Le bouton du son justement, les enragés de No One Is Innocent l’ont pourtant facilement trouvé ! Dès leur première chanson apocalyptique (Ne Reste t’il Que La Guerre Pour Tuer Le Silence), c’est un véritable déluge sonore qui s’abat sur La Halle : même si leur style apparaît toujours comme très « limité », il faut reconnaître à nos frenchies une puissance scénique impressionnante et cette capacité à vomir leurs rage contre la machine sans jamais laisser retomber la pression. Sans surprise, le nouveau single Revolution.com ainsi que leur tout premier tube La Peau emballe une partie du public ; alors que Nomenkaltura se termine toujours par un hommage aux Bérus (La Jeunesse Emmerde Le Front National), on peut quand même fortement reprocher à Kémar son discours un peu démago, car gueuler sa haine contre Georges Bush et le FN, c’est bien (dans le sens que même si tout le monde est convaincu, on ne le dira jamais assez) mais on attend en 2004 d’un groupe comme celui-là un peu plus de prise de risque dans le discours car même si les No One Is Innocent ont la rage, ils apparaissent quand même fortement prisonnier de tout ce qu’ils dénoncent (pourquoi pas, par exemple, fustiger ces pauses obligatoires entre les concerts pour diffusion de la publicité ou ce timing à respecter dicté par Europe2 et MCM pour cause de retransmission en direct sur la toute puissante télévision ?) : car oui, de nos jours, il s’avère plus risqué (et donc forcément plus pertinent) pour un groupe de rock de critiquer un système médiatique qui le fait vivre qu’un président des Etats-Unis stupide…
Vient ensuite, le reggae moderne des grenoblois de Sinsemilia qui débarquent devant un public conquis d’avance (..et on se demande encore bien pourquoi) ; les premières fausses notes du chanteur permettent à la partie pro anglo-saxonne du public de se désaltérer comme il se doit avant de prendre place sur le coté gauche de la scène avant l’arrivée de Keane.

Révélation pop de cette année (et seul groupe « sans guitare » de la soirée !) , le jeune trio britannique va faire sensation avec une prestation pourtant très courte (7 chansons) mais intense : dès les premières notes de Can’t Stop Now, l’assurance vocale de Tom Chaplin impressionne tandis que la débauche d’énergie libérée par le batteur et le pianiste surprennent réellement ; là ou on attendait un jeune groupe timide interprétant tranquillement leur petites ritournelles pop, on découvre une puissance d’interprétation assez remarquable et une présence scénique fort sympathique (quelques mots en français à notre attention, ça fait toujours plaisir !).
Everybody’s Changing et Bend And Break confirment cette impression même si on s’aperçoit avec regret que toutes les parties de basse sont pré-enregistrées sur bande (quel dommage au vue de leur prestation qu’ils ne prennent pas un bassiste pour leurs concerts…). Légère baisse de régime sur l’une des moins bonne chanson de leur album She Has No Time (qui est assez étrangement sur la set-list alors que la magnifique We Might As Well Be Strangers en est absente) mais l’impact terrible de Somewhere Only We Knows viendra juste derrière remettre les choses en place.
Fin de concert en apothéose avec l’entraînante This Is The Last Time puis la très émouvante Bedshaped qui vient clôturer de la plus belle des façons ce show remarquable de Keane : comme pour les Franz Ferdinand (même si leur styles n’ont absolument rien à voir), on est ravis de vérifier que la sur-médiatisation actuelle de Keane n’est pas illusoire et surtout en rien imméritée ; ce groupe a du talent et un potentiel énorme pour confirmer tout le bien que l’on pense d’eux dans l’avenir.

La soirée peut alors se terminer en apothéose avec le tant attendu concert de The Cure : grâce à une courte (certains fans ont du crier au scandale..) mais imparable set-list en forme de best-of, Robert Smith et ses acolytes ont livrés une prestation de très haute qualité à la mesure de ce que l’on est en droit d’attendre d’un mythe vivant comme les Cure.
La très longue Pictures Of You d’ouverture place d’emblée la barre très haute tout en dévoilant un excellent son pour La Halle Tony Garnier ; quel plaisir ensuite d’entendre les premiers accords de la magique Lullabye (quelle classe cette chanson !) immédiatement suivis pas alt.end l’un des tout meilleurs morceaux du dernier (et excellent) album. Même si physiquement, l’homme a perdu un peu de l’aura qu’il possédait, la voix exceptionnelle de Robert Smith reste toujours monumentale : car c’est bien lui, le leader et l’âme incontestable du groupe qui permet à The Cure de transcender des petits trésors de l’histoire du rock que sont Friday I’m In Love, Just Like Heaven ou la toujours étrange The Lovecats, jouée dans une version semi-acoustique des plus réussie.
Même si l’on regrette un peu la courte durée de leur show, l’impact délivré par l’enchaînement de tous ces tubes est assez énorme (avec en point d’orgue une formidable version de A Forest) et on termine pour le moins satisfait qu’un monument comme Boys Don’t Cry vienne clôturer une soirée de ce style.

Au final, si l’on passe sous silence les infâmes prestations des multiples a(ni)mateurs qui côtoient quand même dangereusement le niveau zéro culturel (c’est pas parce qu’on a un public de « djeuns » qui faut quand même forcément tous les prendre pour des abruti(e)s fini(e)s non ?), ce troisième « Europe 2 Live » restera un très bon souvenir surtout grâce aux trois prestations impeccables des fleurons de la musique pop-rock britannique.
setlist
    FRANZ FERDINAND
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    01. Michael
    02. Tell Her Tonight
    03. Auf Achse
    04. Take Me Out
    05. Jacqueline
    06. I Am Your Villain
    07. The Dark Of The Matinée
    08. 40ft
    09. Darts Of Pleasure
    10. This Fire

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    KEANE
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    1. Can’t Stop Now
    2. Everybody’s Changing
    3. Bend And Break
    4. She Has No Time
    5. Somewhere Only We Knows
    6. This Is The Last Time
    7. Bedshaped

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    THE CURE
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    1. Pictures Of You
    2. Lullabye
    3. alt.end
    4. In Between Days
    5. Just Like Heaven
    6. Friday I’m In Love
    7. A Forest
    8. The Lovecats
    9. Boys Don’t Cry
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