Gwenno

Et sinon le Cornique, ça groove ? Une excellente question à laquelle le nouvel album de Gwenno permet d'apporter une réponse définitive : oui, absolument !

Autre question importante : qu'est-ce que le Cornique alors ? Le Cornique (ndlr : Cornish en anglais) est une langue brittonique parlée en Cornouailles, cette région celtique isolée et sauvage de Grande-Bretagne. Un temps quasiment disparue, la langue connaît un certain renouveau depuis le début des années 2000. Il y aurait désormais 3500 personnes dans le monde dans le monde qui le parleraient.
Et il se trouve que Gwenno, chanteuse et ex-membre du girls group The Pipettes, est l'une d'entre elles. Elle a donc décidé d'honorer ses racines en réalisant un second album solo entièrement chantée en Cornique. C'est donc avec curiosité et envie que l'on découvre des morceaux aux noms empreints de mystère tels que Hy a Skoellyas Lyf a Dhagrow, Eus Keus ? ou Daromres y'n Howl.

Premier constat : l'influence celtique s'arrête aux paroles. Musicalement, nous sommes à mille lieux de Nolwenn Leroy. Gwenno s'illustre dans une pop psychédélique aux effluves 60s. Hy a Skoellyas Lyf a Dhagrow et Koweth Ker, les titres d'ouverture et de fin, évoquent une Melody Nelson des Cornouailles. Plus loin, ce sont des boucles inversées, des nappes de synthétiseurs et des voix chuchotées qui font office d'ornements lysergiques à ces chansons servies par une voix langoureuse.
On pense à Melody's Echo Chamber pour les mélodies alambiquées haut perchées, la géniale production retro-futuriste de Kevin Parker en moins. A Björk aussi, pour l'étrangeté des expérimentaux Herdhya et Hunros. On pense enfin aux excellents Colorama, groupe de Carwyn Ellis, auteur de sublimes mélodies intemporelles parfois chantées en Gallois.

Bref, ce Le Kov réussit son pari. Assemblant des éléments disparates et portée par une voix au timbre délicat, l'album est attachant, malgré quelques longueurs. Plusieurs titres font mouche, comme Tir Ha Mor, tube de poche sentant les embruns gaéliques, ou le chaloupé Jynn-Amontya. Une agréable et sympathique curiosité, qui fait rêver d'ailleurs le temps de quelques envolées synthétiques.