Chronique Album
Date de sortie : 01.11.2019
Label : Around7Corners Records
Rédigé par
Jean-Christophe Gé, le 10 novembre 2019
Le troisième album de Human Don't Be Angry s'appelle Guitar Variations. Tous les signes pointent vers un concept band qui sort son concept album, probablement un peu prise de tête. Comme on sait que derrière ce nom se cache Malcolm Middleton, moitié d'Arab Strap, et une belle collection d'albums solos, on se dit qu'on rigolera peut-être un peu.
L'album commence d'entrée de jeu par You'll Find The Right Note (Eventually) (ndlr : tu finiras bien par trouver la bonne note), même arpège de guitare répété sur presque quatre minutes avec quelques notes de synthés, un carillon joué par un courant d'air, divers bruits... On a l'impression d'assister au soundcheck d'un groupe s'apprêtant à jouer chez Nature & Découvertes.
Le premier vrai morceau s'appelle Cynical et dépasse les quatre minutes. On est dans une ambiance très froide qui me fait penser à un instrumental des islandais de Mùm. Pour remonter le moral, A Little Cherry Upper (ndlr : une petite cerise remontante), est un morceau, franchement long (plus de huit minutes), et déprimant porté par de longs arpèges de guitares dépressives et un piano distrait. Et c'est là que la magie opère, que le sourire me monte aux lèvres, comme quand je visite un musée d'art contemporain et que je ne sais plus si l'oeuvre relève du génie de simplicité ou du génie de complexité, et si l'artiste se moque sincèrement du public ou est sincèrement en transe.
Passé ce cap, tout semble se décoincer. Heart Outside Body est construit comme un vrai morceau de moins de deux minutes. Plus qu'un interlude, c'est l'ouverture d'une nouvelle phase de l'album. Bum A Ride qui suit est pop et on y entend même une voix humaine.
L'épisode pop se termine aussi vite qu'il a commencé, puisque Come On Over To My Place pourrait être un morceau d'Arab Strap écrit par une Intelligence Artificielle à qui on aurait brisé le coeur. Et avec la fin de l'épisode pop, c'est aussi le retour au concept album, le A Piece For Two Guitars étant exactement le type de long morceau qu'on attend d'un album appelé Guitar Variations. Le delay et la reverb sur les guitares me font penser à Durutti Column et ses explorations entre jazz et post-punk sur Factory Records (Joy Division, Section 25...). (Why Can't I?) Dream In Cartoon qui suit me fait penser à ce que le groupe de Manchester aurait pu écrire si on lui avait commandé la bande originale pour un dessin animé japonais dans les années 80.
L'album qui commençait comme un soundcheck dans un centre commercial se termine sur un morceau de piano sans l'attention du public dans le hall d'un hôtel, et il est sobrement appelé... Hotel. C'est la conclusion parfaite pour un disque qui pourrait être l'oeuvre de robots ayant appris la compassion, un disque non dénué d'un certain sens de l'humour, et bien sûr de talent.