Chronique Album
Date de sortie : 11.02.2022
Label : Sonic Cathedral
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 8 février 2022
Les années se suivent et se ressemblent (presque). En effet, depuis 2020 et l'excellent The view from Halfway Down, Andy Bell a toujours répondu présent musicalement parlant. Alors certes, l'année dernière il nous avait "seulement" gratifié de trois EPs vinyles également compilés sur un CD. Cette fois, point de single ou d'EP, mais c'est ni plus ni moins qu'un double album que l'une des têtes pensantes de Ride nous offre en ce début d'année 2022.
Au-delà d'être prolifique, c'est assurément un projet très ambitieux dans lequel l'Anglais s'est lancé. En effet, dix-huit titres composent Flicker, autant dire qu'il va falloir tenir la cadence tout au long de ce long album pour réussir à captiver son audience. Celui-ci débute d'ailleurs un peu étrangement. The Sky Without You résonne comme une forme d'extension de choses déjà entendues sur son premier disque solo. En effet, l'utilisation du backmasking d'Indica se répète un peu ici, dans un style musical certes différent, affichant ainsi une forme de continuité pour la voie musicale dans laquelle Andy Bell s'est engouffré.
Mais au-delà d'une entame un tant soit peu dérangeante, le disque va prendre une tournure relativement plaisante. It Gets Easier, malgré une production sonore assez lo-fi (ira-t-on jusqu'à parler de démo ?), va gommer l'entrée un peu bancale de l'album. On sent qu'Andy a travaillé seul chez lui à la réalisation de ce disque. Pourtant les morceaux sont plaisants, souvent pop et lumineux et s'enchainent. L'impeccable World Of Echo fait le job, tout comme Something Like Love, single annonciateur de Flicker, dont l'intro peut rappeler le groupe d'Oxford dans lequel il officie habituellement.
Les balades électroniques, telles que Jenny Holzer B Goode ou Way Of The World, nous replongent également dans l'ambiance qu'on retrouvait sur son précédent album. Le britannique se montre d'ailleurs très inspiré sur bon nombre de compositions comme par No Getting Out Alive ou encore le génial Lifeline. Il sonne parfois même comme The Beach Boys sur Love Is The Frequency ou sur This Is Our Year. Sidewinder aurait pu également être un excellent morceau de pop psychédélique entre Tame Impala et Moon Duo. Cependant on se retrouve médusé lorsque le chant aigu de la première partie de la chanson se transforme littéralement en voix de canard sur la dernière partie de celui-ci, flinguant par la même occasion la crédibilité du morceau.
On retiendra aussi le surprenant virage jazz acoustique intimiste de When The Lights Go Down et son saxophone sexy. Mais on va malheureusement aussi trouver le disque un peu long, peut-être à cause d'un tempo souvent lent avec ce côté assez linéaire qui finit par manquer de coups d'éclats ou d'éclairs fulgurants pour nous séduire autant que pour son premier opus. Andy Bell en fait trop, craignant peut-être d'oublier quelque chose. De ce fait il en rajoute toujours un peu plus et certains titres deviennent vraiment dispensables voire inutiles tels que The Looking Glass où il s'amuse une fois encore à inverser voix et instruments (passion Stone Roses ?) ou Gyre And Gimble et son côté vraiment pépère.
En définitive, Flicker est un disque plutôt réussi, mais qui aurait mérité de ne pas être aussi fourni. Douze titres auraient probablement suffi à notre bonheur. On va donc estimer qu'il y en contient un tiers de trop. On retiendra plutôt les bons moments, et ils sont nombreux ici. En attendant, comme Andy Bell l'a mentionné lors de l'annonce de la sortie de ce disque, la parution du septième album studio de Ride.