Smiling Pools est un ovni, à l'image de la pochette représentant une étonnante sculpture entre céramique et trognon de pomme. Le trio londonien est très à l'aise dans l'entre deux, ni franchement joyeux, ni franchement sombre, et leurs chansons sont comme les deux faces d'une pièce, chacune très distincte et ne servant à rien l'une sans l'autre.
Citant le punk, le noise rock japonais et le free jazz comme sources d'inspiration, ils explorent les limites de la dissonance avec un violon strident avec ou sans effets numériques, et les trois voix pas tout à fait en harmonie entre les aiguës de la violoniste et les timbres graves des deux autres musiciens. Ils ont aussi un groove étonnant porté par la basse et la batterie. La conjonction des deux a quelque chose de désagréable et pourtant totalement fascinant, un peu comme la Marmite ou le Roquefort selon de quel côté de la Manche vous vous trouvez.
L'originalité commence avec la line-up du trio : basse, batterie et violon. L'absence de guitare les place d'emblée à part sur la foisonnante scène britannique du moment. Shuta Shinoda, producteur japonais installé dans le nord de Londres, aux manettes du dernier Ghostpoet, a fait un superbe travail de production pour capter et canaliser un son unique. J'étais déjà sous le charme de leur précédent EP, mais la production de l'album amène leur musique à un niveau supérieur.
Avec si peu d'instruments, le son de la basse et du violon ont l'espace pour développer leurs textures. Cela rappelle le son de Factory Records entre Section 25 et A Certain Ratio, avec une rythmique juste assez froide pour ne pas être complètement entrainante. Malgré sa section rythmique prédominante, ce n'est pas le genre de musique qui va remplir le dancefloor à moins que vous ayez invité des danseurs de ballet tant leur musique serait parfaite pour la danse contemporaine.
Avec ce deuxième album, Pozi continuent leur évolution dans une musique expérimentale, dépouillée et pleine de finesse.