Smoke Fairies

Carried In Sound est le huitième album des Smoke Fairies, duo composé de Katherine Blamire et Jessica Davies. Si leurs premières livraisons étaient encore fortement influencées par le blues-rock dans lequel elles ont baigné durant leurs jeunes années, elles s'en sont progressivement éloignées sur leurs récents disques.

Cela se confirme dès l'entrée en matière avec Vague Ideas où l'on comprend pourquoi Richard Hawley s'est déclaré fan des dames, car ce titre aurait tout-à-fait pu figurer sur son Hollow Meadows. Le titre est atmosphérique, lent, avec les deux voix s'entremêlant, mais avec aussi et surtout une très belle mélodie. Autant dire que le disque démarre sur de très bons rails. Vanishing Line lorgne cette fois du côté de Low qui n'auraient pas branché leurs joujoux électriques : un violoncelle débarque dans le spectre sonore, c'est beau, tout simplement. Carried In Sound voit une batterie débarquer et les guitares électriques prendre de plus en plus de place, ce qui est très bien vu car on aurait pu craindre une trop grande monotonie des arrangements. Il y a aussi des sons electro de-ci de-là... Le tout est très réussi, indéniablement.

There Was A Hope est quant à elle portée par un piano, avant que Seek It With Me et sa guitare acoustique ne viennent rappeler tout ce que doit le duo à Joni Mitchell, et là encore, ça tape juste. Seul morceau presque rock, Sticks And Stones continue dans l'esprit Laurel Canyon, car le solo final aurait très bien pu être joué par un certain Neil Young. Les voix de Blamire et Davies sont toujours aussi belles, surtout lorsqu'elles harmonisent.
Mais tout ça n'avait pas préparé l'auditeur à Part Of It All, morceau totalement bouleversant, avec un refrain d'une grâce et d'une mélancolie extraordinaires. Jusque-là, l'album était très bon mais ce titre le fait gravir une marche en plus. Rien à ajouter, rien à enlever, un bout de temps suspendu...

Le plus fort, c'est que le soufflet ne retombe pas avec 2022, qui mélange habilement sons acoustiques, électriques et électroniques. Perseus est réussie, avant le nouveau coup de boutoir qu'est Come To My Mind. Le final de ce morceau arrive à trouver un équilibre subtil entre les voix, un violoncelle, une batterie fantomatique et une guitare électrique. Le résultat pourrait être un bordel sans nom, c'est en fait un petit miracle de délicatesse. Histoire de finir sur une note plus légère, le duo finit sur une reprise acoustique (et plus courte) de Seek It With Me, clôturant ainsi un album maîtrisé de bout en bout.

Bien sûr, les fans de doom metal accrocheront modérément, mais tous les autres doivent absolument écouter ce disque, sans conteste l'un des plus réussis de 2023.