Cet ultime tour du Pitchfork Music Festival est introduit par
Sigrid.
Nouvelle sensation norvégienne ? Hum… Le résultat sonne plus comme une « petite musique d'ambiance pour boutique agnès b ». Un joli minois qui compte quand même 3 832 228 vues avec un éloquent
Don't Kill My Vibe paru en mars 2017. Une de plus, la vôtre ?
18h, le temps de
Sônge. « I've been so lonely » : les mots bien graves de
I Come From Pain, ces lunettes space qui nous avaient tapé dans l'oeil au ARTE Concert Festival en avril dernier. La suite bien rodée avec
Colorblind (« I hear colors in my head telling me secrets ») et une présence, de son entrée sur scène jusqu'au départ : comme si elle avait capturé nos consciences. A quand un live dans l'espace ?
Après ce diamant aux innombrables facettes, place à un duo séparé, chacun sur sa scène.
Tom Misch et Loyle Carner. Le premier, Américain, oscille entre calme et tempête avec violon, deux guitares, une batterie et un synthé. Un
Colours Of Freedom aux paroles trompeuses (« from you » ou « fuck you » ?), de beaux morceaux brise-coeur tel que
I Wish (« I miss the way we loved that way » / « All of the time still stuck in my mind »). On retiendra le special guest sur
Follow, à savoir sa soeur Laura au saxophone. Le second n'est autre que son camarade anglo saxon mais british cette fois,
Loyle Carner.
Check, check 1,2. Le nouveau phénomène débute par
The Isle Of Arran et les cris de femmes qu'elle provoque. « My mother sayed », « Tell my mother I'm a man of my words » : Loyle et sa passion pour sa mère, le
Sun Of Jean, l'hommage à son père aussi, gravé dans chaque parole de l'album
Yesterday's Gone. Instant bromance avec un écho à son pote Tom Misch sur
Damselfly. Le supporter de Liverpool est en son stade et garde la chaleur ambiante au maximum : « Say yes yes yo ! ».
Treize bombes de Loyle plus tard, le trublion de la musique franco-conceptuelle,
Jacques, jette des balles de ping pong sous un dessous de plat pour faire du son. Entouré de drapeaux du monde, il parle à tous. Une femme s'allume une clope à 2 centimètres des agents de sécurité des crash barrières, c'est la seule chose que l'on retiendra vraiment de ce set créé pour l'occasion. Quand l'underground sombre trop.
On se rafraîchit avec les canadiens de
BADBADNOTGOOD qui ordonnent au public en masse (« Get low get low », « fly ! »). Le Pitchfork Music Festival est réveillé, prêt à toucher le plafond.
Princess Nokia met en joie garçons et filles avec
Tomboy et ses « little titties and phat belly» lap phrase qui illustre l'ambiance Pitchfork (« I'm having fun with my friends and I don't want it to end »). On aimerait que ça résonne plus, dans un cadre intimiste, la faute à une backing track trop puissante. Princess Nokia est comme un personnage de jeu vidéo aux lunettes lolita. L'empowerment (« Don't you fuck with my energy ») se lie parfaitement avec le
We Are The Champions qui introduit les
Run The Jewels.
Une tête d'affiche qui nous impressionne : « We came up on the stage to burn the fucking ground ». Ils étaient déjà là, en 2015. Cette fois
Talk To Me a remplacé
Run The Jewels en premier morceau. L'énergie déployée par les colosses est si intense que les deux mains symboliques du groupe, en ballons, frôlent l'explosion. Arrive le moment si important dans un festival : l'artiste qui prend la parole. EL-P est ovationné par la foule après un message prônant le respect entre festivaliers et exhortant la gente masculine à garder les mains là où elles devraient être : en l'air. Résultat des courses : 17 titres et un rappel sur
Angel Duster. Il est minuit et on est enfin prêt à lâcher prise.
Le reste du festival est merveilleux, entre le
Territory de The Blaze qui nous téléporte dans un désert, alors qu'on va juste se chercher une bière à l'autre bout du concert ; quelques mecs qui s'enlèvent le haut pour montrer leurs pectoraux pendant le set de
Bicep et leur remarquable
Glue.
The Black Madonna et
Talaboman, merci à vous, même au petit matin on aurait bien voulu que ça continue !