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Pitchfork Music Festival

Paris, du 2 au 4 novembre 2017

Live-report rédigé par Albane Chauvac Liao le 14 novembre 2017

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vendredi 3
Le Pitchfork Music Festival est mort à 17h30. Mais à de bonnes idées derrière la tête pour nous réveiller : de grands zozos british bien fardés sous le nom de HMLTD.

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Oh mais ils sont énormes ! Ils raflent un tonnerre de 1000 applaudissements alors qu'il y a moins de 50 personnes dans le public. Un brin d'explication est requis face à cette sensation vivante : HMLTD (anciennement Happy Meal LTD) est un projet artistique/groupe musical. En d'autres termes, ils ne jouent pas juste de la guitare, ils performent. Ce sont un peu les FAIRE british, d'ailleurs le groupe franco-barré est là ce soir. Niveau ambiance, dans le public il n'y a qu'une jolie patate british qui danse, sautille. Oh shit, 3ème chanson et Henry Spychalski, le chanteur est déjà tout mouillé. La suivante est plus smooth, puis on s'enfonce dans les ténèbres. Le blond peroxydé est à poil et nous on aimerait bien finir en body paint à faire des concours de roulades dans la Grande Halle, mais il est encore trop tôt.

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Les vapeurs fumantes du chant de Greg Gonzalez et ses Cigarettes After Sex résonnent de l'autre côté du lieu (« You know that I'm obsessed with your body »). Les petites tapes de la batterie chatouillent les oreilles du public. Pull Me Under, un hymne authentique à la douceur cotonneuse... Quelle mollesse ! « Hey guys, we're Cigarettes After Sex », débute alors une première expérience sensorielle : debout perdue dans la foule, je ferme les yeux pendant les huit chansons : Sweet, K., Sunsetz, Affection, Keep On Loving You (reprise de REO Speedwagon), Nothing's Gonna Hurt You Baby, Apocalypse et enfin Dreaming Of You. Soudainement les émois les plus forts jaillissent des instruments. Les paroles d'un Affection restent gravées (« What does it mean if I tell you to go fuck yourself / It's affection always »). La séance relaxation en huit étapes la plus efficace de tout le festival, même si, parfois, ça va trop loin comme sur la reprise du Keep On Loving You des REO Speedwagon (« I don't wanna sleep / I just wanna keep on loving you »).

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On part de ce cocon aux allures romantico-suicidaires pour basculer dans l'attitude famous bitch de Tommy Genesis. Trop de basses, la rappeuse Canadienne est venue avec une acolyte qui assure ses arrières derrière le DJ booth et diffuse les instrumentations. Le public n'entend rien, sauf sur They Cum They Go : « All these other bitches / They don't know you know / All these other bitches / Ah they cum they go ».

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Enchaînement éclectique avec les carillons de Sylvan Esso et la voix cristalline d'Amelia Meath (« I was gonna die young ») qui tend vers des chants aborigènes (« Come on baby, let's just pretend »). Punch dynamite.
Pas tant de différence avec le suivant, Andy Shauf : cheveux longs, Texas, l'air très jeune et la voix qui fait écho au féminin de Greg Gonzalez. Un beau voyage musical dans le style cabaret américain.

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Full house ce vendredi pour Isaac Delusion, groupe tropical / zouk / paranormal. Midnight Sun qui réchauffe les coeurs. Le chanteur Loïc Fleury prend la parole, soulève la foule (« Enchanté d'être avec vous ce soir, le prochain morceau s'appelle Isabella »). Petit maracas, réveil électro en superficie avec cette pépite extraite de leur dernier album Rust & Gold (« Isabella / Is such a lonely girl / When she's tripping alone »).

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21h35 : exit la petite voix mièvre, place au show de Rejjie Snow. Il défonce la baraque Pitchfork et ravie la population : « Yo Paris let's go ! ». Après un interlude trop « Macarena », on se prend à aimer les sonorités à la Damso, qu'on rejette à l'accoutumée (« Need all your hands in the air »). Quelle prestance scénique ce Rejjie, tout de Supreme vêtu, avec un flow impressionnant ! (« Just for you girl »). Gros jump sur D.R.U.G.S., avant qu'il ne descende dans la foule. Après 13 titres rondement menés et conclus par un énergique Keep Your Head Up, le saxophone de Kamasi Washington retentit de l'autre côté.

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Contrastant avec le reste de la programmation, complètement inattendu, Kamasi Washington est un ovni dans le festival. Celui qui a aidé Kendrick Lamar sur son Pimp A Butterfly dessine un jazz-rap qui nous fait tous danser, du carré vip aux quartiers Greenroom. La classe haut niveau, un set adapté avec des thèmes abordables pour une musique reconnue complexe. Ça tire vers la soul funk, Kamasi a le sourire jusqu'aux oreilles. Son père est même venu faire une visite sur scène, et parait très freluquet face à cette masse. Serait-ce le meilleur concert du festival ?

Une chose est sûre, la palme de la ringardise est attribuée à Polo & Pan. A moins d'avoir bouffé une licorne, un stage diving, du voyage imaginaire et des sirènes n'ont jamais fait bon ménage.

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Fort heureusement la soirée se conclue sur une team Jungle bouillante : le public tout entier se pare d'une robe panthère qui colle aux hanches, magistral. « Paris, comment ça va ce soir ? » : Jungle voient jaune et s'ensoleillent, dans la Grande Halle des cercles de danse indo-andalous se forment. Ça s'embrasse comme jamais le public. « Still gonna bring the heat, so I can feel the heat » : la scène s'illumine de grosses paillettes, on pourrait presque halluciner des lustres recouvrants le haut plafond. De La chaleur est dispersée dans tous les coins (« Who do you think you are »). Disco funk électrisée, les lumières sont rythmées, les instruments chantent et déchantent, c'est l'éclectisme à tous les étages.

« Merci beaucoup Paris ! ». Jungle, le punch final de cette seconde étape.
artistes
    Jungle
    Kamasi Washington
    Rejjie Snow
    Isaac Delusion
    Polo & Pan
    Sylvan Esso
    Cigarettes After Sex
    Tommy Genesis
    Andy Shauf
    HMLTD
photos du festival