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Iceland Airwaves

Reykjavík, du 3 au 5 novembre 2022

Live-report rédigé par François Freundlich le 23 novembre 2022

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C'est déjà le dernier soir au festival Iceland Airwaves à Reykjavik ! Nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec une nuit qui s'annonce agitée dans les différentes salles de concerts de la capitale islandaise.


Notre soirée début à l'Art Museum avec un artiste de Nashville, Yot Club, qui investit seul la grande salle, accompagné de sa guitare aux résonances psych-folk. Ses mélodies sont joyeuses même si sa voix écorchée et mélancolique tranche avec des compositions battues par une boîte à rythme leur donnant un petit côté 80's. La pop alternative de Yot Club a le mérite de nous réchauffer en nous faisant remuer et de nous prendre par les sentiments avec des morceaux empruntant au coté très brut d'un folk sudiste mélangé à des mélodies en forme d'hymne qui s'inscrivent dans la mémoire, à l'image u dont kno me. L'américain aura su créer une ambiance particulière autour d'un public qui s'est laissé séduire.


Le club Húrra accueille le collectif islandais Ólafur Kram, essentiellement féminin (à part son batteur). Signalons que le nom du groupe vient de Mark Ruffalo écrit à l'envers. Leur style est difficile à définir même si le coté pop joyeuse chantée à tue-tête ressort, bercée par quelques nappes de synthés et une trompette qui s'élève au milieu de toute cette tendresse. Les voix alternent d'une chanteuse à une autre et le charme agit sans trop de mal avec des mélodies qui changent brusquement de direction, passant de la douceur à des passages de chorales islandaises incantatoires doublés d'une batterie punk. La musique foutraque et jubilatoire de Ólafur Kram semble bricolée et minutieuse à la fois, s'inscrivant dans une lignée de groupes pop islandais aux mélodies chantées en chœurs et marquées par un folklore bien présent. Comment tomber amoureux en dix chansons ? On a la réponse avec ce concert. Signalons le message politique inscrit devant la claviériste « no human is illegal, stop deportations » faisant écho au collectif d'artistes qui protestent auprès du sponsor principal du festival, Icelandair, qui participe à l'expulsion de migrants via injonctions de l'état islandais.


La chanteuse danoise Brimheim prend la suite sur cette même scène pour envenimer quelque peu la soirée au son des grosses guitares. Une certaine fragilité ressort des compositions de la songwriter de Copenhague originaire des Féroé, même si des sonorités grunge ressortent de certains morceaux durant lesquels le groupe s'énervera davantage. On pense parfois à PJ Harvey avec cette voix sans cesse sur le fil dans cette indie rock candide et explosif à la fois.


Le moment que l'on attendant depuis le début du festival arrive avec l'arrivée des anglaises de Porridge Radio dans la salle de Gamla Bíó. On n'avait pu voir le groupe en entier lors du dernier Primavera Sound Festival pour cause de visa refusé de l'Angleterre vers l'Espagne, pour la plupart du groupe, excepté la chanteuse. Mais cette fois ils sont bien là, alive and kicking ! On reconnaît immédiatement le son unique du groupe avec cet indie rock mélancolique et déviant où la voix de Dana Margolin libère toute sa rage, parfois mélangée aux chœurs de la claviériste. Porridge Radio nous émerveillent de leur classe dès le début du set avec le titre Trying, extrait de leur dernier album, ses nappes de synthé vintage et sa voix laid-back. Le paroxysme est atteint sur le tube 7 Seconds, peut-être le meilleur titre britannique des années 2020. De l'introduction toute en fragilité et en douceur, jusqu'à cette explosion de guitares et de synthés, et cette voix qui crie « I could never make it stop », tout est fantastique dans ce titre qui puise une force supplémentaire dans sa version live. La fraîcheur brute et le sentiment de renouveau dans le son apporté par Porridge Radio est un vrai bonheur à voir et à écouter. On s'est retrouvé complètement happé par la puissance folle de ce concert au point d'avoir beaucoup trop dansé. L'une des meilleures prestations de ces trois jours, sans conteste.

Et là c'est le drame, tout bascule : votre chroniqueur préféré se casse littéralement la figure devant l'Art Museum de Reykjavik. 7 Seconds aura probablement eu raison de ma cheville gauche qui lâche brusquement alors que ma tête heurte le sol et que les paramedics islandais se précipitent sur moi. Rien de grave à priori, je décide de continuer la soirée car nos lecteurs attendent la chronique suivante, bien évidemment !


Mais qu'est ce qu'une cheville foulée face à un concert d'Arlo Parks ? Habitée par sa musique, brandissant son microphone à l'avant de la scène, la songwriter londonienne égraine les tubes soul-folk de son premier album multi-récompensé, notamment par le Mercury Prize. Il est vrai qu'on a souvent une vision de l'anglaise assise derrière son piano et on se trouve un peu surpris de la voir adopter la posture de la chanteuse d'avant-scène mais ce choix se justifie par cette voix chaude et réconfortante qui capte toute l'attention et parvient à nous guérir de nos maux (qui sont nombreux à cette instant précis).
Arlo Parks brûle l'Art Museum de son charisme et enchaîne ses tubes sucrés semblant s'écouler au ralenti pour mieux nous bercer. La rythmique lourde allégée par les quelques notes de piano légère de Black Dog apporte un coté slow-R&B à ce titre hors du temps. Arlo Parks vit sa musique sur chaque note et le plaisir qu'elle semble éprouver à la partager est communicatif. On le ressent encore plus sur le titre Hope et ses « You're not alone », transformant la tristesse de cette chanson en moment de communion. Un très beau moment passé avec l'un des grandes artistes de la musique contemporaine.

La situation est assez risible puisque la soirée se termine sur un DJ Set du duo norvégien Röyksopp et que la tête a juste envie de danser jusqu'au bout de la nuit. Les jambes, elles, disent « arrêtez tout ! ». On profitera néanmoins un peu des froides mélopées electro-minimales teintées d'eurodance de ce groupe culte. La danse prend le pas sur l'Art Museum avec un lightshow bleuté de toute beauté. Les tubes du groupe comme What Else Is Here sont remixés sur la fin du show mais un changement de pansement à la tête interrompra définitivement ma soirée.

Plus de peur que de mal même si « la longue expérience » du chroniqueur de festival s'est faite sentir après trois jours de festival. Retenons le positif de cette soirée avec d'excellents shows de Porridge Radio et Arlo Parks, le top de la musique anglaise actuelle. Coté islandais, Ólafur Kram nous ont fait forte impression et on les suivra avec attention dans le futur. Le festival Iceland Airwaves 2022 se termine ici sur une grande réussite puisqu'il affichait complet sur les 3 jours. L'incertitude actuelle avait poussé les organisateurs à ne pas ouvrir les plus grandes salles et à réduire un peu la taille du festival après deux ans d'absence mais le public demandeur a répondu présent. On leur souhaite de continuer sur cette lancée !
artistes
    Yot Club
    Go_A
    Vök
    Arlo Parks
    Röyksopp DJ set
    Árstíðir
    Alex Flovent
    Porridge Radio
    Ensimi
    Joipé
    Lon
    Alysha Brilla
    Arny Margret
    Arooj Aftab
    TUYS
    Francis of Delirium
    Klein
    Metteson
    Unnsteinn
    Pale Moon
    Koboykex
    Skoffin
    Thumper
    Combos
    Olafur Kram
    Brimheim
    Kamara
    Skrattar
    Inspector Spacetime
    Sameheads
    Lottó
    Kvikindi
    Ultraflex
    Johnny Blaze & Hakki Brakes
    Jökull Bjarki
    Benni B-Ruff
    Ísidór (DJ Set)
    Guðrið Hansdóttir
    The Post Performance Blues Band
    Marius DC
    Emmsjé Gauti
    Oyama
    Cyber
    Coyote Lili
    Börn
    Cell 7
    Látún
    Midnight Librarian
    Dj Ísadóra Bjarkardóttir
    Pellegrina
    GRÓA
    Umbra Ensemble
    Kusk
    Superserious
    Una Torfa
    BRÍET
    Sóðaskapur
    Gunni Karls
    Ókindarhjarta
    sameheads
    Sycamore Tree
    Greyskies
    Cell 7
    Ceastone