Troisième jour du Left Of The Dial : comme disait Renaud, un rail de coke, un café, et on est reparti pour un cours de moshpit dans l'église d'Arminius organisé par le Tonyz Collective, l'une des nombreuses activités proposées par le festival entre midi et le début des concerts vers 16h.
Des activités comme des showcases dans la boutique de merch ou une balade en bateau agrémentée de concerts, mais nous on est plutôt des violents, alors l'heure est au cours magistral de pogo en lieu et place de la messe. Comment se tenir, comment relever quelqu'un, quoi faire quand ça surfe au-dessus de votre tête, autant de conseils pratiques avec démonstration à l'appui sur le mannequin local qui pourraient sauver une vie ou deux dans le premier concert de la journée, à venir dès 16h à Arminius :
Heavy Lungs.
Une bourrinade punk sans retenue, une batterie qui ne tient déjà plus en place alors que c'est la première chanson, et un chanteur qui part hurler
Cushion The Blow au fond de l'église, la journée commence bien mais attention au mal de tête.
All Gas No Brakes sera jouée pour Jésus, on espère qu'il a apprécié, le concours de surf sur le public est ouvert, l'église est blindée, remplie de fervents pratiquants de cette grand-messe du pogo et de la sueur qu'est à tous les coups un concert de Heavy Lungs. Des mecs qui se donnent mais qui n'en oublient pas la bienveillance nécessaire à tout concert si violent soit-il, quand Danny Nedelko part péter les oreilles des PMRs sur le côté de la fosse pour leur rappeler qu'être en fauteuil ne les empêchera pas de faire la fête. Et si vous venez de tiquer au nom de Danny Nedelko, oui Heavy Lungs et IDLES ont commencé leur carrière ensemble à Bristol, et oui la fameuse chanson porte bien le nom du chanteur de ce groupe de saccageurs, pleins de foi et de loi, que l'on quitte après quelques chansons pour aller retrouver un mec peut-être moins nombreux, mais pas beaucoup plus sain d'esprit.
A deux rues de là, au Worm,
Meryl Streek rentre en scène dans un noir complet, armé d'un microphone et d'une lampe clignotante. L'histoire d'un mec né et élevé à Dublin, qui fait du rock mélangé à du grime, qui crache son activisme et sa haine de la société au visage de la foule jour après jour, en doudoune et en capuche, en marinière et en casquette. « Et si c'est ça la vie, peut-être que j'en veux pas », arrache-t-il à sa gorge dans une gerbe de lumières stroboscopiques prenant son visage en contre-plongée. Un mec seul face à la fosse, avec comme seules alliées ses instrumentations sur bande, déversant la lutte des classes dans des cerveaux qui tentent chaque jour d'oublier, d'oublier dans quel monde de merde on vit, mais cette unique lampe que Meryl Streek tient dans ces mains ne les lâchera pas, qu'il l'accroche au mur, qu'il la tienne sous sa gorge, ou qu'il avance avec dans la foule pour interpeller chaque personne qui ne tape pas dans ses mains. Dans la dite foule, Kingsley Hall, chanteur au moins aussi enragé du groupe de Middlesbrough Benefits, une tête que l'on n'est pas spécialement surpris de croiser là, le groupe ayant déjà fait des featurings avec Meryl et jouant au festival les mêmes jours. D'ailleurs les gars, on s'excuse, on n'a pu vous caler dans notre planning, mais continuez comme ça, on vous adore !
Bref, on quitte l'irlandais aux lentilles bleutées pour tomber sur une manifestation pour la Palestine sur la route du TR8 et de
Gia Ford, une phrase qu'on n'imaginait pas écrire un jour, mais la vie est telle qu'elle est faite de drames et de merveilleuses rencontres, et quel plaisir de retrouver Gia et sa bande à Rotterdam après leur très réussi passage à Paris un mois plus tôt. From Supersonic to la petite salle du TR8 Right, mais rien n'a changé, la dame est toujours aussi bien sapée en costard, son guitariste a toujours les cheveux aussi rouges, et la voix qui s'apprête à nous transporter pendant dix chansons est au moins aussi profonde que nos cernes. « Alors Poolside c'est sur un garçon de piscine qui veut tuer tout le monde », « et puis là Housewife c'est une femme au foyer qui déteste tout le monde », des thèmes toujours plus sympathiques et joyeux portés par un groupe au son impeccable, des solos de guitare à la pureté lancinante, un groove calé sublimant la voix puissante et dépressive de Gia Ford jusque dans les très douces et acoustiques
Falling In Love et
Don't Drown Me Out.
Paint Me Like A Woman expédie la fin du concert dans une autre dimension, un plan parallèle où Adele chanterait sur du Massive Attack, où Gia Ford ne serait pas seulement une musicienne anglaise du Cheshire mais une antique reine des royaumes d'Egypte tirant son pouvoir des dieux.
Des divagations qui commencent à nous faire dire qu'on a peut-être avalé trop de fumée à traîner aussi près des scènes, mais l'heure n'est pas à la redescente, car de la fumée il y en aura plus que de raison pour fêter le passage d'
Automotion à Arminius. Un groupe de post-rock tapageur et vaporeux enfermé dans une église au son dantesque, un combo quasi-parfait à même de faire exploser tous les vitraux de basse sursaturée et de guitares réverbérées par la brique nue. Du shoegaze joué par des post-rockeurs, du post-rock joué par des shoegazeurs, choisissez votre camp, alors qu'au milieu de tout ça Lennon Gallagher se donnes des faux airs de membre de Black Rebel Motorcycle Club avec ses lunettes noires et cette attitude de branleur play it cool qu'on a déjà vue ailleurs (spoiler : un indice s'est glissé dans son nom). Un fun fact qui s'arrêtera là tant la ref' à Oasis n'a guère sa place ici, Automotion ayant finalement plus à voir avec le post-rock voire les précédemment cités Black Rebel Motorcycle Club dans le sentiment de puissance chamanique qu'ils dégagent, qu'elle provienne de chansons comme
Lost In The Spinal Labyrinth, Mind And Motion, leur récent single
Inferno, ou de l'atmosphère même de la gigantesque église dans laquelle il les joue.
Un cadre bleuté et mystique que l'on quitte pour une petite balade en ville jusqu'au De Doelen Studio 1, sympathique bar accolé au grand complexe philarmonique De Doelen. De quoi découvrir vingt petites minutes
Tea Eater, le groupe de la new-yorkaise from Brooklyn Tara Thiessen Kherlopian, un projet auto-défini comme un « weirdo band », comprenez groupe de chelous, proposant un teenage-punk pop et noisy habillé de paillettes et de coupes de cheveux des années 70. Pas sûr de pouvoir faire beaucoup mieux niveau description, retenez qu'on s'amuse énormément avec les déjantés américains de Tea Eater, dans un set à cent à l'heure que l'on ne quittera que contraint et forcé par l'horaire, parce qu'on a déjà raté AK/DK hier et que la soirée n'a même pas encore commencé.
Eh oui, il n'est que 18h40 quand on rentre dans un 160K Arcade archi plein pour la grosse sensation électro-disco-punk à voir absolument, AC/DC version Donkey Kong branchés sur un Kinder Alternatif :
AK/DK. Ed Chivers et Graham Sowerby chacun derrière leurs batteries, leurs microphones, et leurs platines pour un show de génie au milieu des néons et des bornes d'arcade. Un duo défouraillant autant qu'un char d'assaut polygonal sur console 16 bits, double batterie pour deux fois plus de plaisir, comme deux barres de casse-brique renvoyant chaque bip-bip en MIDI douze fois plus fort dans la face d'une assistance toute en transe et en transpiration. Ça danse, ça se heurte, et ça finit en pogo malgré les pieds qui collent et les litres de bières déjà renversés par terre. Ed, accessoirement aussi batteur chez Fujiya & Miyagi, beugle dans sa radio et toute la cabine de l'avion saute, alors que Graham pianote et frappe, frappe et pianote, et tout le monde en redemande car personne ne peut s'arrêter. S'arrêter de quoi ? Personne ne le sait, mais on continue encore et encore de danser et de crier, parce que le Ed et le G c'est le S, et qu'on ne s'était probablement pas autant amusé sur de l'électro-punk depuis Adult DVD en mai dernier.
Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, on dit au revoir à nos nouveaux potes d'Alternative Kinder/Donkey Kong et bonjour à
slate, quatuor ténébreux et torturé venu de Cardiff pour investir le club du Centraal de son post-cold-punk ombrageux tendance sépia. Un groupe qu'on passe voir parce que notre photographe en chef nous en a réclamé moults clichés, et comme ici on fait les choses bien, ce sera tout en noir et blanc désaturé et plein de grain. Une image collant à merveille à la musique et au show slate, un drapeau gallois scotché au baffle de basses, un Jack Shephard s'agitant dans tous les sens, plein de tics (ou plein de cocaïne, seule la suite le dira), et c'est déjà parti pour
St Agatha, le single star du groupe. Une chanson et une tendance générale à poser ténébreusement qui rappelle instinctivement les Poseurs, pardon The Murder Capital, et une ambiance lugubre et oppressante qui monte chanson après chanson dans l'étroit club techno reconverti pour l'occasion. Un concert nettement moins marquant que celui vécu à la One Church de Brighton quelques mois plus tôt, pour cause d'un cadre complètement différent, mais un poème de mi-set qui donne toujours autant de frissons, et une fin de concert apocalyptique qui verra
Tabernacl puis
Remoter Heaven retourner le club aux coups de Jack Shephard se frappant le corps sans retenue avec son tambourin, martyre de la cause galloise, jeune brun ténébreux dont les boucles d'oreille et le gilet en cuir seront les reliques, probablement conservées par les groupies du premier rang qui lui auront arraché.
S'il y a bien une chose qui manque, c'est un peu de douceur dans ce monde de brutes, et ça tombe bien c'est son nom :
IAN SWEET est avec nous au De Doelen Up pour la pause fraîcheur et sucreries de cette soirée. Une pause bienvenue en compagnie de l'enfant de Los Angeles, arrivée directement de Venice Beach avec dans ses bagages le soleil et la belle vie de la West Coast américaine. L'artiste, que l'on avait découverte quelques mois plus tôt à l'occasion de son duo
Everyone's A Superstar avec Porridge Radio, nous fera ainsi profiter d'une demi-heure de douce tranquillité musicale, d'une pop-rock qui sent les après-midis dans la pelouse et les baisers couverts de gloss. Un concert qui rend heureux mené par une Jilian Medford rayonnante, des étoiles dans les yeux et sur sa Telecaster, remerciant la foule et un festival qualifié d'absolument fantastique, là où le SXSW américain aura lui droit à l'adjectif « absolument horrible ». Le Left Of The Dial, une version accessible et bonne humeur des usines à jeunes talents habituelles, et ce n'est pas que moi qui le dit, ce sont aussi les artistes !
Suite du programme, et retour au 160K Arcade pour
C Turtle, les londoniens les plus nord-américains de l'histoire enregistrés en lo-fi. Un groupe que ça ne choquerait personne qu'ils viennent du Minnesota, et des chansons de rock alternatif grungy probablement enregistrées dans les années 90, bienvenue dans un épisode de Retour Vers Le Futur donnant à voir ce que devait être un concert des Vaselines à Glasgow en 1987. Un ADN Sub Pop assumé jusque dans le style vestimentaire et visuel, et des chansons que l'on ne décrira que par un seul adjectif qui leur va si bien : cool. Une bande de potes de lycée qui font de la musique dans leur garage et qui jouent en concert exactement comme ils le feraient en répétitions, en total détente et j'm'en foutisme, si ce n'est pour les éruptions passagères de folie de leur guitariste, chanteur, et « leader » Cole Flynn Quirke et sa coupe émo fixation béton. C Turtle, son projet perso à la base depuis rejoint par Mimi McVeigh à la guitare et au chant, Finlay Burrows à la basse, et Jimmy Gurvercin à la batterie, mais un projet qui, si leur premier album commun
Expensive Thrills est une vraie réussite, devra encore prendre le temps de se développer en live avant de rendre son plein potentiel. Parce que jouer les branleurs c'est cool, mais transmettre au public c'est mieux, on a hâte de voir la fameuse tortue en C prendre réellement son envol sur scène, avec sur le dos quatre éléphants et un monde en forme de disque.
Un monde rempli d'humains, d'humains avec des intérêts, transition sans aucun sens qui nous mène d'un hangar en béton à celui d'à côté, on rentre au Roodkapje pour enfin revoir un groupe qu'il nous tardait de retrouver depuis leur passage au Supersonic à Paris en février 2023 :
Human Interest. La formation menée par Tyler Damara Kelly et Cat Harrison nous a depuis proposé deux très bons voire excellents EPs chez Nice Swan Records, et c'est évidemment par ça qu'on va commencer : voici
Nuclear War et
Step On qui tournent la clé dans la serrure de la limousine, moumoute rose sur les sièges en option. Un bandana à pois accroché à la basse de Tyler, un brassard noir au côté de la guitare de Cat, et les deux Cool Cats les plus sexy et suaves d'East London relancent la meilleure chanson de leur répertoire, dont on se demande bien comment ils ont arrêté de la jouer en premier lieu :
Mixing Paint. Claquements de basse, roulements de toms, et Tyler qui chante en essayant de se souvenir des paroles, heureusement un con de photographe français qui passait par là en hurlera la moitié presque correctement, et voici la Limo qui démarre en trombe pour ne plus jamais s'arrêter au passage piéton. Ça clanche une disto aux airs de pédale d'accélérateur, travelling, course-poursuite, et
Slackers Paradise apparaît en plein drift au coin de Sunset Boulevard. « J'aime le socialisme, ça me donne vie, et je t'aime toi, tu me donnes vie », et vous savez, moi, ce qui me donne vie ? Human Interest qui enchaînent
Shapeshifting et
So Smart pour que tout ça finisse en pogo dans la moiteur étouffante d'un bâtiment désaffecté aux normes d'aération sûrement douteuses. Cat descend jouer dans la fosse, et
Jellyfish provoque une dernière décharge d'urticaire motivant la fosse à s'agiter frénétiquement dans un dernier élan de rock n'roll, ce rock n'roll primaire et jouissif que Human Interest maîtrisent si bien car en plus de le jouer ils le vivent, depuis toujours et du plus profond de leurs tripes.
Un concert quasi parfait si ce n'est pour un changement de câble jack parfaitement géré par Lot van Teylingen, accessoirement chanteuse chez Library Card, groupe très sympathique qu'on a déjà vu deux fois à Paris, un groupe originaire de Rotterdam et travaillant visiblement au Roodkapje car on retrouvera également leur bassiste Kat Kalkman aux balances de
Web, prochain groupe anglais sur la liste et un seul single au compteur, qui plus est sorti en 2020. Bref, on va vers l'inconnu, et on ne sait si on doit être intrigué ou inquiété du combo chanteuse à flûte traversière / bassiste encapuchonné qui s'avance sur scène, accompagnés d'un guitariste et d'un batteur pour faire le nombre. Un début de concert qui me fera dire « C'est quoi cette merde ? On dirait du black midi !? », mais c'est vraiment parce que je déteste black midi, et à cause d'une impression globale encore incertaine de ce que sont vraiment Web, entre envolées orientales tirant jusqu'au métal dans des vibes rappelant de très loin un groupe comme Tool, et gigantesque bordel où tout le monde joue sans s'écouter sur des mesures inutilement compliquées comme chez black midi ou cowboyy. Du très bon donc, comme ce poème déclamé sur un fond mystique tapissé de flûte et de tons graves, et du plus aléatoire fait de musique bruitiste et de virtuosité post-moderne conceptuelle.
On attendra d'en entendre plus si jamais des singles venaient à sortir, mais si vous êtes en manque de black midi allez-y les yeux fermés (ou allez écouter Geordie Greep en solo), et pour les autres, ceux qui aiment la musique, rendez-vous toujours au Roodkapje, dans la « grande » salle d'à côté pour découvrir quelque chose de tout aussi improbable mais nettement plus mélodique :
Slow Cooked. Projet personnel du violoncelliste Louis Barby devenu depuis un trio avec basse et batterie, le groupe enchaîne les chansons lentes, tendues, oppressantes, menées par de longs vibratos de violoncelle et la voix grave et blasée de Louis, piégées au sein d'une vie banale et capitaliste comme de la poussière au fond d'une grosse caisse, un médiator coincé dans un pickguard de basse et ressorti dans le seul but de se faire violemment balader entre des cordes jusqu'à la mort. Un postulat de sévère burnout rattrapé par la bonne humeur d'un groupe visiblement très heureux d'être là, et par un violoncelliste et chanteur qui jouera tout le concert assis, la chemise ouverte et la moustache au vent.
Free Toast, Mice In Jeans, et
The Wolf Of Whitechapel, trois chansons du premier EP
Plastic Values de Slow Cooked qui raviront un public avide de se moquer de cette vie en entreprise qu'on aura tous vécu à un moment ou à un autre.
L'odeur du café, les KPIs, et les croissants gratuits, tout ça nous met dans le mood pour faire de la thune, sauf qu'on est journaliste rock ès découverte de nouveaux talents, et plutôt que brasser on a choisi d'aller voir
es.cher au De Doelen Up, de toute façon c'était sur la route. Il est donc presque 23h, nous sommes vingt dans la salle, le reste du festival ayant préféré abandonner ou se retrouver au Rotown pour fêter ça jusqu'au bout de la nuit sur un DJ Set des potes du Supersonic, et il y a un mec déguisé en Charlie de « Où est Charlie ? » qui joue de la pop-grungy lo-fi sur scène avec juste un batteur derrière lui. Un apparent traquenard qui se révèlera être un bonheur pour tout fan de bedroom shoegaze mêlée de petits beats électros/hip-hop et de voix distordues perdues dans les ondes 5G, une formule située quelque part entre Seattle et Kyoto, visiblement à Londres dans la chambre de ce musicien solo et génial qu'est es.cher. On entend de l'hyperpop, on entend du tapping à deux mains comme chez Covet, le kebab du guitariste de chambre sera complet ce soir, salade-tomates-oignons pour le es.chef, et un nom dont on guettera les sorties dans le futur, même si le concept du mec qui joue seul enfumé dans le noir pendant vingt minutes pourrait avoir ses limites sur scène, on ne va pas se mentir.
Et voilà, nous voici enfin arrivés au dernier concert de cette édition 2024 du Left Of The Dial, un festival rotterdamois à ne pas manquer si vous aimez le rock et découvrir de nouveaux groupes, si vous aimez vous vanter à vos potes, à votre famille ou à des mecs random dans la rue que ce groupe, vous l'avez vu en live alors qu'il n'avait pas encore sorti le moindre son, et si tout simplement vous aimez profiter de la vie en compagnie de gens tout aussi sympathiques que vous et moi (enfin surtout moi, parce que je ne vous connais pas). Et comme un symbole, c'est un groupe absolument incroyable avec zéro single au compteur qui clôturera cette édition là où tout a commencé, dans la grande église d'Arminius, un groupe dont le nom en dit déjà beaucoup sur ce qu'il s'y cache :
The Orchestra (For Now). Six musiciens à Rotterdam, encore plus le reste du temps en Angleterre, et une composition musicale qui pourrait déjà nous faire dire que ces gens sont les futurs Man/Woman/Chainsaw, comme si Man/Woman/Chainsaw étaient les Beatles (enfin à dix albums près, c'est pareil). Mais trêve de jeunisme et de snobisme, c'est parti pour quarante minutes d'un rock orchestral à la beauté écrasante, surpuissante, fait de montées sonnant dans les cloches de l'église à coups d'archet, croisant violoncelle, batterie, guitares, basse, et piano en mouvements aussi surprenant qu'envoûtant, reconstruisant par-dessus l'église des tours et des arches et des spirales perçant les nuages jusqu'au paradis, invitant anges et semblables à descendre se joindre à la fête dans un chœur tournoyant d'un vitrail à l'autre, bruissant de leurs ailes dans les oreilles d'un public transporté d'un souffle à la cime du jardin d'Eden. Arminius, le lieu parfait pour The Orchestra (for now), un groupe à la maîtrise rythmique et mélodique parfaite, une bande de jeunes sortis du conservatoire pour pousser les amplis jusqu'à onze et proposer un récital de rock symphonique comme on en avait rarement vu jusque-là.
Alors, s'il y a bien un nom dont on attend le premier single comme on attend Noël, ce sera le leur, et à côté de ça on ne pourra que vous rappeler d'aller écouter en vrac
Eazy Peazy de Man/Woman/Chainsaw à venir ce vendredi,
Utopia de Kynsy,
Songs For The Deceased de Meryl Streek,
Strange Loops d'AK/DK, tous sortis il y a deux semaines, et plus loin dans le temps de cette année : T
wice Around The Sun d'Ugly,
European Tribunal de Christian Music,
What We See In Their Eyes de Knives,
Deathless de Slate,
Plastic Values de Slow Cooked, ou encore
Smile While You're Losing de Human Interest.
Une longue liste dressant un bref rappel des trucs les plus cool qu'on aura vus pendant ces trois jours, mais même ces trois live reports pourtant interminables n'auront au final balayés qu'un quart des groupes présents cette année au festival. Si vous tenez réellement à faire votre sélection et me prouver que j'ai tort, vous savez ce qu'il vous reste à faire : prendre un billet pour l'édition 2025 du Left Of The Dial, toujours à Rotterdam, toujours fin octobre, et toujours avec la crème de la crème du rock émergent en Europe.