Mardi dernier, les amateurs de pop inoffensive s’étaient donné rendez-vous au Casino de Paris pour assister au retour en France de Keane. Essentiellement connus de ce côté de la Manche pour leur premier album paru en 2004, les quatre Anglais bénéficient d’une notoriété beaucoup plus importante dans leur pays où leur cinquième opus vient d’entrer directement à la première place des charts... comme les quatre précédents. Une joyeuse foule de trentenaires et quadragénaires sortants du travail compose majoritairement un public dans lequel on distingue tout de même quelques grappes de jeunes filles qui ont encore l’âge de croire aux chansons d’amour.

La première partie, très courte (à peine une demi-heure), est assurée par Dan Smith et son trio électro-pop britannique
Bastille. Emmenés par un chanteur qui se donne complètement et malgré un public assez peu concerné par ce qui se passe sur scène, ils imposent leur marque assez particulière et feront finalement danser le public en terminant le set par leur titre
Of The Night samplant le tube des années 90s
The Rhythm Of The Night de Corona (sûrement un hommage aux plus âgés de public).
Après une demi-heure d’entracte, les stars de la soirée arrivent sur scène et entament directement leur set par la chanson d’introduction de leur nouvel album
Strangeland, la très entraînante et efficace
You Are Young. Le public tape dans ses mains et semble déjà tout acquis à la cause des Anglais. Après avoir lancé un « Bonjour Paris ! » qui fait la joie de la foule, le charismatique chanteur Tom Chaplin, ce soir très en jambes et coiffé d’un brushing parfait, et son groupe entament la typique ballade pop
Nothing In My Way, tirée de leur deuxième album, avant d’enchaîner sur
Day Will Come, sorte de tube britpop pour stades tiré de
Strangeland, presque joué en intégralité ce soir.
Lorsqu’ensuite résonnent les premières notes de piano de leur tube
Everybody's Changing, on peut aisément voir que le public est littéralement aux anges et reprend d’ailleurs en chœur ce bel hymne pop. A la fin de la chanson, Tom commence à blaguer avec ce public parisien qu’il semble énormément apprécier avant d’enchaîner sur
This Starting Line, nouvelle ballade montant joliment en puissance, avant la lassante
This Is The Last Time. Ils nous offrent ensuite le titre qui sera leur prochain single, la sympathique
Sovereign Light Café, avant d’enchaîner sur quelques titres des premiers albums, dont seule la dansante électro-pop
Spiralling sort du lot, puis encore deux nouvelles compositions, dont l’intéressante
Black Rain, définie par Tom comme « une chanson atmosphérique donc très difficile à jouer et chanter ».

Après la chanson titre du troisième album,
Perfect Symmetry, dont Tom estime que c’est leur meilleure, le groupe joue la très belle
Somewhere Only We Know, laquelle garde tout son charme reprise à l’unisson par la salle. Tom va ensuite inciter les spectateurs assis aux balcons à se lever pour danser avec lui sur un nouveau morceau passe-partout,
On The Road. Ils concluent avant le rappel par deux de leurs titres typiques, qui ressemblent tellement à certaines chansons jouées précédemment que si les paroles ne différaient pas on pourrait aisément les confondre.
Le rappel va justement s’ouvrir sur
Seafog, ballade de clôture du nouvel album effectuée sans batterie, se poursuivant ensuite avec
Silenced By The Night, nouvelle chanson pop-rock aussi facile à écouter et à apprécier qu’à oublier. Le set se terminera sur
The Crystal Ball, chanson assurément agréable mais sonnant bien trop comme l’exacte réplique de la moitié des chansons jouées, à tel point que l’enthousiasme et les clappements de mains (signe de contentement du fan de Keane) qu’elle provoque dans la foule paraissent inappropriés.
Ce soir, le public venu pour le spectacle en a eu pour son argent, assistant à la prestation d’un groupe bien en place, proche de ses fans et dont le leader sait se remuer sur scène pour donner plus de puissance à un répertoire pop-rock efficace sans être réellement d’une grande originalité.
L’essentiel du concert fût composé de nouveaux morceaux, ainsi que de chansons des deux premiers albums, leur quatrième opus étant (logiquement) passé aux oubliettes. Ce que l’on retiendra surtout, c’est la difficulté des Keane à renouveler leur répertoire, la similitude entre leurs compositions et l’inconsistance de certaines ballades sautant réellement aux yeux en plus d’une heure et demie de spectacle.