Le festival Soirs d'Eté entame en ce lundi soir sa seizième édition. Au programme de cette soirée : Puggy, Jake Bugg et Babyshambles. La place de la République est noire de monde. 28° Celsius au thermomètre, la chaleur se fait étouffante.

La prestation des belges de Puggy restera plutôt anecdotique. On notera l'enthousiasme du chanteur (et ses phrases en anglais lancées à une foule francophone..) et le niveau impressionnant du batteur. Aujourd'hui, le clou du spectacle ne se trouve néanmoins pas dans ce groupe.
Jake Bugg arrive sur scène un peu en avance. Polo gris fermé au col, Gretsch orange flambant neuve en bandoulière et yeux fatigués. Le voilà qui annonce la première chanson:
Kentucky. Le son est à la hauteur des espérances, la voix est de plus en plus assurée. Le jeune homme - 19 ans à peine - nous gratifie de deux inédits. Ces derniers restent dans l'esprit de son premier album éponyme, même s'ils se trouvent dans une veine plus blues électrique. Le songwriter dit aduler Jimi Hendrix depuis son plus jeune âge et cela se sent. Les solos sont de sortie. Les pédales wah-wah et de distorsion également. Si Jake Bugg nous avait jusqu'alors caché ses talents de guitariste, les voilà révélés au plus grand nombre.
Two Fingers et
Lightning Bolt confirment leur statut de tubes en puissance. Les groupies hurlent et quelques « Jackie,I love you » fusent au milieu des volutes de fumée, ne récoltant en guise de réponse rien d'autre que des regards teintés de mépris.
Avec son heure de set, le jeune homme confirme une fois de plus son talent unique de songwriter et son potentiel indiscutable - quoiqu'en disent les fans acharnés de Peter Doherty.

Une fois le plateau changé, vient le temps de l'arrivée de ce même Peter Doherty et des
Babyshambles. L'inévitable chapeau est bien en place, et le voilà sur scène, bière à la main, chancelant, mais somme toute l'air plutôt en forme. L'introduction de
Delivery rugit, les hostilités lancées. Les pieds tabassent l'asphalte, les corps s'entrechoquent, les peaux s'écorchent et les pores se couvrent de sueur. Les Babyshambles sont lancés dans une course contre la montre.
Une petite demi-heure de concert. Les tubes (
Killamangiro,
Pipeline...) sont au rendez-vous. Nous sommes même gratifiés d'un inédit, d'une rareté (
I Wish,tiré de l'EP
The Blinding) et du nouveau single
Nothing Comes To Nothing. Le groupe de l'ex-Libertine entame alors sa dernière chanson. L'introduction de
Fuck Forever retentit. Les gorges se tendent,les guitares rugissent. Quelques milliers de voix s'élèvent au-dessus d'un pogo enivré, hurlant l'hymne d'une génération (perdue ?). Le frontman a le majeur dressé et s'éclipse à l'anglaise, sans mot dire.
La soirée se termine. Quelques ombres trainent encore sur la place à la recherche de leurs objets perdus. Les pick-pockets étaient une fois de plus au rendez-vous. Qu'importe, les Anglais (chacun dans leur genre) nous ont encore une fois offert une leçon de rock'n roll. Et qu'on se le dise enfin, après sa série de concerts acoustiques (Le Gibus, Bus Paladium, Le Fontania), Peter Doherty n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est porté par un groupe.