Cela fait déjà plus de cinq ans que les frères Gallagher ont suicidé un des groupes les plus cultes de Manchester des années 90. Je veux bien évidemment parler d'Oasis. Dos à dos les frangins se sont de ce fait lancés dans des carrières parallèles, et contre toute attente (quoique...), c'est l'aîné avec son Noël Gallagher's High Flying Birds qui aux points rencontre le plus de succès.
Cette semaine, avant de retrouver le petit génie mancunien sur scène, ce sont d'autres compatriotes de Manchester qui ont ouvert le bal pour lui:
Black Rivers, sous-entendu les deux frères Williams qui officient en temps normal au sein des Doves. Cette venue constituant par ailleurs la première date française pour le duo, que l'on retrouve donc sans Jimi Goodwin, à 20h sur la scène du Zénith. L'entrée en matière se fait d'ailleurs avec
Rise, classique du groupe. Plutôt bien en place musicalement, on sent tout de même une certaine retenue, probablement due au fait de la primeur dans la capitale française. D'autant que cela fait longtemps que les Doves ne sont pas venus jouer en France. Pourtant le groupe va réellement séduire son monde au bout de quatre chansons;
Forest s'apparentant peut-être à une sorte de déclic pour le quatuor hier soir. Le public s'avère assez attentif à la prestation des anglais, mais de toute façon il est impossible de résister à l'entêtant
The Ship, véritable tube à la ritournelle électronique. Sa pointe de mélancolie fait mouche et se cale parfaitement avant l'interprétation d'une seconde reprise des Doves,
Black And White Town, une fois encore joliment inspirée. Malheureusement, le concert touche déjà à sa fin. Le groupe achevant en effet sa prestation avec
Voyager 1, joli morceau de leur album éponyme. Trente minutes, c'est un peu court, mais ce fut un réel plaisir de retrouver les deux tiers du groupe de Manchester sur une scène française.

Une demi-heure s'écoule avant que les lumières s'éteignent de nouveau dans le Zénith parisien.
Noël Gallagher, petit blouson en cuir sur le dos, arrive sur scène accompagné de ses quatre musiciens sous
Shoot A Hole In The Sun, face-b d'un single du mancunien. Après un « Hu! » lâché dans le microphone, le groupe dégaine avec une autre face-b,
Do The Damage, tirée du premier single de son nouvel opus, en terme d'entame du set. Le britannique enchaine ensuite les morceaux
(Stranded On) The Wrong Beach,
Everybody's On The Run, sans dire un mot. Peut-être y a-t-il un peu d'hésitation de la part du mancunien à attaquer les plages de
Chasing Yesterday, celui-ci préférant rester sur les morceaux de son premier disque où les cendres de son groupe défunt fument encore.
Ainsi, une fois le blouson tombé, Nöel Gallagher balance une version assez polie de
Fade Away. On a connu des moments particulièrement houleux sur scène avec les frères Gallagher et on ne peut que constater que toutes ces frasques n'appartiennent plus qu'au passé. L'anglais va au fur et mesure du concert se lâcher et se montrer beaucoup plus ouvert vis-à-vis du public.

S'élançant enfin dans les chansons du nouvel album, là aussi on se rend compte du désir de s'éloigner du son qui fait partie intégrante d'Oasis.
In The Heat Of The Moment sonne plus rock,
Lock All The Doors s'avère plus légère mais ultra efficace,
Riverman est très posée même si plus classique, avec la section de cuivres venant rejoindre les autres musiciens sur scène pour l'occasion.
Noel Gallagher aime toutefois toujours un peu chambrer son public, mais il le fait avec beaucoup plus de subtilité qu'auparavant. « Vous chantez comme mes enfants » dit-il à son audience avant de démarrer le plutôt bluesien
The Death Of You And Me. L'anglais continue son set en panachant morceaux du premier et du nouvel album. Au total la répartition s'avérera tout à fait équitable entre les deux disques. Sept chansons de chaque côté. On retiendra, issu du tout nouveau disque, le très mélancolique, dans la lumière bleutée,
The Dying Of The Light, ou la plutôt rock
The Mexican qui verra l'anglais demander à un fan dans le public « Tu viens de Mexico ? Où est ton putain de sombrero ? ». Noel Gallagher félicitera même le Paris Saint-Germain pour avoir éliminé la veille l'ennemi londonien, Chelsea.

Si
Champagne Supernova reste un très bon choix, car c'est une des plus belles chansons d'Oasis, celui de
Digsy's Dinner est davantage discutable. Le concert s'achève avec le très oasisien
If I Had A Gun.
Quelques petites minutes de pause se passant avant le rappel uniquement constitué de vieux titres. L'hymne
Don't Look Back In Anger, composé à Paris en 1994 par l'anglais, repris à l'unisson par le public, un
AKA... What A Life ! très saignant interprété dans des lumières rouges sang, avant le final magistral sur
The Masterplan.
Environ 1h40 de concert qui auront démontré que Noel Gallagher, sans surprendre son monde, reste une valeur sure du rock britannique. Ce n'est pas la tribu d'anglais présents hier soir dans la salle parisienne qui nous dira le contraire.