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Tom McRae

Paris, Cigale - 7 décembre 2025

Live-report par Laetitia Mavrel

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Noël approche, les rues se parent des lumières et décorations de rigueur, et pour entrer dans l'ambiance chaleureuse des fêtes quoi de mieux que du velours rouge et des balcons dorés en cette fin de week-end ? Nous pénétrons ce soir dans une Cigale qui a revêtu ses plus beaux atours avec, une fois n'est pas coutume, le parterre garni de ses sièges. Habitués que nous sommes aux fosses remplies à ras bord et aux mouvements de foules nous précipitant joyeusement les uns contre les autres, c'est la sérénité et la beauté de l'instant présent que nous recherchons ce dimanche. Notre hôte est Tom McRae, que nous avions croisés à deux reprises l'an passé, en mars à la Maroquinerie pour nos présenter son album de duos Etranges Hivers et un peu plus tard en septembre lorsqu'il ouvrit pour le plus rock and roll des chanteurs de Sheffield, Richard Hawley.


Tom est un habitué de notre belle capitale, et un amoureux de la France. Le public le lui rend bien, fidèle depuis exactement vingt-cinq années. Nous nous souvenons de la sortie de son tout premier album éponyme, qui proposait à l'époque des tornades Strokes et White Stripes une pop folk mélodieuse, portée par un chant angélique et des textes d'une très grande élégance. Un quart de siècle plus tard, et avec dorénavant dix albums au compteur, Tom est toujours présent et célèbre ainsi cet anniversaire avec ses fans, lors d'une tournée qui le mène un peu partout en Europe. C'est avec son groupe au complet que Tom remet le couvert cette année, pour nous interpréter dans son intégralité ce premier album et le choix dune configuration assise ce soir, bien qu'aux premiers abords étonnant, renforcera finalement la majestuosité de ses compositions.

Dans une Cigale complète, Tom McRae met cependant un peu de temps avant de nous rejoindre. C'est presque avec quinze minutes de retard sur l'horaire prévu que l'anglais arrive sur scène, l'air un peu tendu. Et pour cause : ce dernier prend la parole avec difficulté, nous avouant qu'il hésitait encore il y a quelques minutes à annuler le concert pour cause de sérieux maux de gorge et d'une extinction de voix qui menace. Il nous expose alors son plan : il tentera autant que possible de mener à bien son set, en s'excusant par avance de ne pas pouvoir donner tout ce qu'il aurait souhaité, mais toutes et tous ayant fait l'effort de venir ce soir, il ne nous laissera pas tomber. C'est donc avec difficultés sur les premiers morceaux You Cut Her Hair et End Of The World News (Dose Me Up) que Tom tente de maitriser cette gorge qui apparemment le fait souffrir. Mais le public ne se vexe pas, bien au contraire. C'est avec beaucoup de bienveillance et d'encouragement entre deux morceaux (des standing ovations à chaque interlude qui émeuvent énormément Tom et ses musiciens) que l'anglais réussit petit à petit à placer son chant.


La setlist défile, et sous un lightshow qui oscille entre pénombre et lumière, Tom semble se met presque à nu, notamment lors d'un Sao Paulo Rain rendu encore plus poignant du fait de son état fébrile. On ne sait si c'est la maladie qui guette, la fatigue de la tournée en cours ou peut-être bien le fait de réaliser qu'il est présent à nos côtés depuis plus de vingt ans, mais on sent durant tout le concert une émotivité difficilement dissimulable de sa part. Tom, comme à son habitude, échange avec le public avec plusieurs anecdotes, se rapproche selon les morceaux de ses musiciens, vient s'asseoir en bord de scène et fendra même la foule (ou du moins se baladera micro à la main entre les rangées de sièges) pour communier avec les spectateurs.

Des moments forts, assortis notamment sur The Boy With the Bubblegun de véritables bulles de savon qu'un spectateur malicieux lancera en l'air sur les refrains et qui rendra le sourire à un Tom qui peine à cacher ses efforts pour lutter contre sa gorge défaillante. Toutefois, la beauté de ses morceaux et l'affection réelle que se porte mutuellement l'artiste et son public l'emportent face à tous les désagréments. Une fois l'album interprété, ça n'est malheureusement qu'un seul titre en plus que Tom nous propose, un morceau qui résonne encore plus fort ce soir à nos oreilles vu les circonstances atypiques : Hoping Againts Hope et son refrain « It's Gonna Be OK » nous rassurent sur la suite à venir. Tom sera toujours, contre vents et marées (et cordes vocales abimées), présent pour nous.

Le set, bien qu'écourté, se termine sous un tonnerre d'applaudissements et un Tom nous promettant déjà de se plier à nouveau à l'exercice dès l'an prochain. Cette soirée nous a rappelé que l'anglais et son songwriting si harmonieux sont devenus des incontournables de notre univers musical et sa fidélité envers ses fans est à toute épreuve. Un moment de grâce suspendu dans cette fin d'année plutôt morose et des noces d'argent célébrées, comme il se doit, en musique.
setlist
    You Cut Her Hair
    End Of The World News (Dose Me Up)
    2nd Law
    Bloodless
    Draw Down The Stars
    One More Mile
    The Boy With The Bubblegun
    Hidden Camera Show
    A & B Song
    Language Of Fools
    Untitled
    Sao Paulo Rain
    I Ain't Scared Of Lightning
    Hoping Against Hope
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