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Tom McRae

Paris, Cigale - 12 octobre 2010

Live-report par Emeline

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De passage en France pour promouvoir la sortie en début d'année de son cinquième album, The Alphabet Of Hurricanes, Tom McRae a offert un concert à son public parisien, le 12 octobre à la Cigale. Une prestation élégante, basée sur l'échange et la convivialité et les contrats d'atmosphères.

Tom McRae est un phénomène. S'il dégage souvent l'image d'un chanteur à charme ayant le don de séduire les filles en une poignée d'accords et quelques vocalises angéliques, il est en réalité un musicien qui, s'il aime la douceur d'une ballade acoustique, prend aussi plaisir à ressentir l'intensité d'un morceau (presque) rock.

Après une première partie cordialement menée par son guitariste Brian Wright, Tom McRae très classe dans son costard et sa chemise noirs, impose sa séduction dés les deux premiers morceaux de son set : il bluffe d'abord tout le monde sur Mermaid Blues, qu'il interprète courageusement a capella, laissant les silences entre chacun de ses mots devenir de jolis moments d'intensité. Rejoint par ses musiciens, dont on devine la sympathie de chacun à à leurs visages chaleureux (un violoncelliste - « qui vient tout juste d'avoir un bébé » nous informera plus tard Tom - , un batteur timide mais tapageur, un clavier un peu discret, un bassiste immobile et en retrait, et le guitariste Wright cité ci-dessus), Tom McRae dynamise le show avec Me & Stetson et sa rythmique rock accrocheuse.
« Merci d'être là malgré la grève » lâche le chanteur. Puis vient les énergiques Karaoke Soul, marqué par un jeu remarquable du violoncelliste, et le célèbre single Dose Me Up (End of the World), formidable moment de partage, où Tom McRae demande à la salle de se diviser en deux afin que deux parties du morceau soient chantées en même temps. Le public s'exécute. Ça fonctionne. Verdict amusé de Tom : « Il y a beaucoup de femmes dans la salle ».

L'ambiance, modelée par de séduisants spots bleus, s'adoucit ensuite sur le mélancolique Summer Of John Wayne, brillant avec les notes de violoncelle qui s'évaporent dans toutes la salle. Confiant, Tom McRae demande alors au public de se lever (la fosse ayant été pour ce concert transformée en rangées de sièges un peu rébarbatives) sur Please, largement applaudi. L'ambiance est solennelle et conviviale ; le groupe en profite pour se rassembler au milieu face au micro et la guitare pour l'accompagner sur les chœurs de Streetlight. L'intensité monte ensuite sur A&B Song - qui marque l'une des rares fois où le bassiste osera se trémousser un peu, -, avant que la ballade Walking To Hawaii ne fasse retomber l'atmosphère et se rassoir le public ; ce qui n'échappe pas à la vigilance de « Tom le leader », qui lâche, l'air amusé, un « Ok, c'est bon, vous voulez être confortable. Je ne vais pas me sentir offensé ».
I Still Love You, joliment interprété au ukélélé et au banjo est enchainé, sifflements à l'appui. Le temps pour Tom McRae de filmer l'auditoire avec sa caméra de poche et s'enchainent Trombella, une reprise inspirée du tube Umbrella de Rihanna, puis Silent Boulevard, tempétueux et puissant, en guise de fin de concert.

Rappelé immédiatement par la foule, Tom McRae demande ce que l'on souhaite entendre. Quand certains crient Human Remains de son répertoire, un spectateur, planqué au balcon central de La Cigale, hurle « Deftones » : ce monsieur là s'est assurément trompé de concert. C'est finalement sur une version épurée de You Cut Her Hair que le chanteur s'exécute, seul à la guitare. Touchant et sensible, il tient la scène avec Draw Down The Stars, sur laquelle il boucle ses chœurs et chante par-dessus le refrain de The Girl Who Falls Down Stairs. Enfin, le culte The Boy With The Bubblegun, interprété par tout l'orchestre, clôt ce set d'une belle performance, montrant un Tom McRae drôle, sensible, rock, touchant et finalement pas si mièvre que ses albums peuvent parfois le laisser supposer.