Kassidy

Découvert l’été dernier sur les bords du paisible lac Léman, dans le cadre du Caribana Festival cuvée 2010, Kassidy nous avait laissé une très bonne première impression. Les quatre écossais, équipés du même nombre de guitares, nous offraient un concert « unplugged » tout en profondeur, tout en intensité et convainquaient dans la foulée une bonne centaine de mélomanes adeptes de bon rock sans fioritures ni effets déplacés. Il faut dire que les quatre chevelus dégageaient un certain charisme et semblaient, lunettes sombres vissées sur le nez et barbes de deux semaines assumées, être voués à une carrière de rocker en collant parfaitement aux critères du rôle en question. Cela méritait donc qu’on creuse un peu plus leur cas, ce qui est chose faite avec The Rubbergum EP Vol 2 et ses cinq titres bien rodés.

Un second volume !? Aurions-nous manqué une étape, vous demanderiez-vous ? Vous avez vu juste. Le quatuor écossais n’est pas vierge de toutes sorties. Ambitieux et prolifique, le groupe s’est lancé un défi à la hauteur de son talent au côté du prestigieux label Vertigo: la sortie de non pas un, mais de trois EP coup sur coup. Et qu’on se le dise tout de suite, au vue de la qualité de ce Vol 2, on se sent presque désolé d’avoir loupé au passage le Vol 1 de cette trilogie caoutchouteuse qui devrait prendre fin le mois prochain. De belles mélodies, de l’intention, une réelle facilité vocale, tout est là pour que leurs cinq morceaux nous collent aux basques pour un petit moment.

En effet, très catchy et diablement riche en simplicité, cet opus est un vrai plaisir pour nos oreilles. Du mélodieux Take Another Ride à l’intimiste Panic Day, le temps est agréable en compagnie de Kassidy. Introduction rythmée à la guitare sèche, suivie d’une pincée d’arpèges électriques, d’une voix suave et écorchée, l’ensemble menant progressivement à une explosion de chœurs lors de refrains entêtants, puis le tout finissant par un joyeux délire musical collectif, pour la première piste citée. Douceur et retenue, une guitare syncopée, une voix mise à nue, des chœurs aériens et éthérés, un soupçon d’harmonica folk, voilà entre autres pour la seconde.
On a là deux perles qui vous donnent un bel aperçu de la fibre artistique du groupe écossais et de son unité flagrante. Complétez ce duo par le magnifique La Revenge, titre à l’intitulé semi-francophone, mini dramaturgie romantico-sentimentale sur fond de séparation et vous disposerez des trois plus belles raisons de franchir le pas et de découvrir Kassidy.

Au final, en se basant sur le sans faute de leur courte prestation scénique estivale, ainsi que sur la confirmation de ce talent musical certain apportée par ce The Rubbergum EP Vol 2, le groupe écossais gagnerait réellement à être connu. Le quatuor de chevelus récolte donc cette fois-ci un pouce levé vers le ciel pour les saveurs de leur gum sonore. Mais attention, à force d’être remâché, le chewing-gum musical pourrait risquer de perdre de son goût tant apprécié et finir par sentir un peu trop le caoutchouc et se révéler bien fade.