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Kassidy

Paris, Boule Noire - 13 juin 2012

Live-report par Natt Pantelic

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Le videur de la Boule Noire n'est pas mon ami. Pendant la fouille de mon sac à l'entrée de la salle, il me prive de mon Posca et le consigne illico, même après lui avoir promis-juré que je ne m'en servirai pas pour taguer les WC de « I love Kassidy » et autres défoulements graphiques de midinette à minuit pile, l'heure du crime.

Les fans sont quant elles à l'œuvre devant la salle mais elles ont beau inviter les passants à entrer pour écouter leur groupe préféré, le public reste clairsemé à la Boule Noire en ce mercredi soir pluvieux. À ce qu'ils en ont dit plus tôt sur leur page Facebook, les membres du groupe ont profité d'une rare éclaircie dans l'après-midi pour visiter le Père Lachaise afin d'y rendre hommage à Oscar Wilde, enterré dans ce cimetière de la capitale où les Kassidy viennent pour la première fois.
Les derniers réglages de balance de nos musiciens-touristes se font d'ailleurs juste avant leur montée sur scène, devant une foule impatiente mais minimaliste, donc.

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Qu'importe ! Les quatre guitaristes arrivent ou plutôt sautent les premiers sur scène et dès les premiers accords fougueusement généreux de The Lost, on sent que ce groupe pourtant jeune est déjà rôdé au désagrément de jouer devant une salle quasiment vide. Créé en 2009 dans la mythique Glasgow, Kassidy fait résonner ce soir un enthousiasmant folk-rock très wild wild west. Exprimer mon adoration pour tous les écossais serait bien peu comparé à ce qu'ils offrent en live ! Ceux-ci ne dérogent pas à la règle et font souffler un vent de folie qui nous transporte des verdoyants lochs vers un far-west tout américain, où leurs ancêtres sont partis à l'aventure, aventures qu'ils nous font revivre ici.
Ont-ils d'ailleurs des liens de parenté proche ou lointaine avec certains de leur pairs d'outre-Atlantique ? Le fait est que je ne peux m'empêcher de jouer au jeu des sosies au fur et à mesure de leur set : Barrie-James O'Neill, chanteur-guitariste brun, a vraiment des traits communs avec Nick Cave, la chemise de bûcheron et la blondeur du chanteur-guitariste Hamish Fingland lui confèrent une dégaine de Kurt Cobain, Lewis Andrew et Devendra Banhart partagent le même air christique avec ce parfait combo barbe/cheveux longs-finesse, et Chris Potter, le quatrième chanteur-guitariste, ne fait physiquement penser à personne en particulier mais ses solos maîtrisés et intenses pourraient bien avoir quelques allèles communs avec un Zappa ou Eric Clapton.
Sur le plan musical, on pense aussi à des affinités rock avec des Kings Of Leon, à la rootsitude des Creedence Clearwater, ou encore à quelques accents coldplayiens de ci de là. Mais je m'égare à l'Ouest. Remontons à cheval avec nos quatre guitaristes de l'Apocalypse qui ne nous emmènent pas tout droit en enfer mais encore et toujours plus loin sur la course du soleil avec un galopant The Traveller, morceau choral où les riffs des électriques et les accords joliment folk des électro-acoustiques ont la part aussi belle que les ensembles de voix aux sublimes envolées épiques. En écoutant ensuite Take Another Ride, quelques petits pains sont à noter et les musiciens hurlent parfois un poil trop, mais il se dégage tant de bonnes vibrations de ce joyeux bousin qu'on leur pardonne tout, tant l'énergie qu'ils communiquent est insensée. Le batteur et le bassiste rejoignent les autres sur scène pour ce morceau à la fin duquel Hamish Fingland s'écrira amusé : « Paris must be special ! This is the first time I broke a string on stage ! » . On a du mal à croire qu'avec déjà deux albums à leur actif et l'ardeur avec laquelle ils jouent, ils n'en cassent pas plutôt quelques douzaines lors de leurs lives.

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I Can't Fly est joué aussi à fond la caisse (claire), tout est joué à fond la caisse, du plus rock eighties de There Is A War Coming au plus bluesy This Life Is An Ocean, titres tous issus du deuxième album sorti en avril dernier, One Man Army, sur le label Vertigo/Mercury. Les titres du premier opus Hope St. sorti en 2011 ne sont pas en reste. Le groupe les distille savamment, entre douceur et puissance vocale et instrumentale, notamment sur That Old Song ou I Don't Know, joués en profondeur et avec la générosité qui fait maintenant l'aura de cette vibrante formation, dont on garde les mélodies en tête pour un moment, vraiment agréable.

Après réflexion, je me dis que le videur a eu raison de me confisquer mon maxi feutre. Ce qu'il ne sait pas, c'est que j'en ai d'autres dans mon sac. Mais les murs des toilettes ont seulement été épargnés de graffitis à la gloire des Kassidy parce que le mojito à la Boule Noire n'est pas assez bon pour avoir à faire un détour par ces lieux. Et en parlant de détour : si les Kassidy sont programmés près de chez vous, ne pas les laisser vous embarquer dans leur beautiful trip serait vous priver d'un voyage réellement intense. So, take another ride !
setlist
    The Lost
    The Traveller
    Take Another Ride
    Night In The Box
    That Old Song
    Oh My God
    One Man Army
    There Is A War
    I Can't Fly
    Ocean
    Stray Cat
    I Don't Know
    The Betrayal
photos du concert
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