Ghostpoet

On avait laissé Ghostpoet chez lui, à Margate sur la côte britannique, à la veille de la sortie de I Grow Tired But Dare Not Fall Asleep. Une sortie étrange dans un monde qui venait de se fermer.

L'artiste se posait déjà des questions existentielles, se passionnait pour la photographie et établissait sa connexion au monde réel en manifeste de sa démarche artistique. Après deux nominations au Mercury Prize et l'impossibilité de partir en tournée pendant l'épidémie du COVID-19, il se demandait peut-être aussi quelle pouvait bien être la suite de son parcours musical.



Il s'est envolé pour le Nigéria, mais a finalement posé sa curiosité, sa soif de connaître ses racines, de rencontrer le monde, et ses valises, à Berlin, la ville de la renaissance pour David Bowie, Iggy Pop et plus récemment Tricky. Après cette longue période de silence musical, le docteur Obaro Ejimiwe reprend son pseudonyme de poète fantôme qui n'a jamais si bien porté son nom puisqu'il semble hors des circuits et tout faire en autoproduction dans un univers parallèle. Malgré les errances, le questionnement et les années, on retrouve le génial Ghostpoet dans son univers sombre et introspectif.

Ce qu'il perd en production, il le gagne en intensité. Les trois morceaux de cet EP ont beau être très dépouillés, ils sont tous extrêmement puissants. Les titres downtempo suivent une boucle rythmique claire, des riffs graves laissant toute la place pour que la voix profonde énonce ses poèmes cryptiques à tendance mystique. Le mix est sobre, mais derrière l'épure se cache une profondeur fascinante.

On ne peut pas acheter d'exemplaire physique de l'EP qui ne sort qu'en numérique, mais un tirage de la photo de l'artwork prise lors des manifestations Black Lives Matter à Londres en 2020 peut être commandé sur bandcamp. Même si cette musique est loin d'être joyeuse, l'artiste se dit heureux d'écrire et d'enregistrer à nouveau, et nous promet même qu'après ce nouveau début la suite arrive. Chouette !