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Ghostpoet
Micachu And The Shapes

Paris, Trabendo - 3 mai 2012

Live-report par Sandra Stefanini

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Premier concert au Trabendo depuis sa réouverture, on fait le tour des lieux et on se demande bien ce qui a changé à part les peintures. Les verres au bar sont désormais ici aussi consignés et le vilain pylône disgracieux qui gâche la vue n’a pas disparu. La pluie ayant cessé pour quelques heures, c’est sur la petite terrasse que la soixantaine de personnes présentes patientent en attendant le début des concerts ce soir.

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Il est un peu plus de 20h lorsque Micachu And The Shapes montent sur scène devant ces soixante mêmes personnes. Soixante, ce n’est pas beaucoup me direz-vous. Et oui, je suis d’accord, c’est même carrément peu. Un peu plus de promotion n’aurait pas été du luxe visiblement. Bref, cela n’entache pas la bonne humeur de Mica Levi et ses deux acolytes. Guitare, synthé, batterie, une formation minimaliste pour une musique qui l’est tout autant. Minimaliste mais inventive.
Ancienne étudiante en musicologie, ayant composé pour l’Orchestre Philharmonique de Londres, Mica Levi se revendique d’Harry Partch mais semble également assumer les influences de Sonic Youth ou Pavement. On apprécie le petit côté bricolo et spontané, comme lorsque entre deux morceaux Mica Levi n’arrive pas à accorder sa guitare, et nous confie qu’elle a perdu son téléphone et que c’est grâce à lui qu’elle s’accorde d’habitude. Mais une fois que tout est rentré dans l’ordre, le bricolo fait place à une vraie énergie punk qui n’est pas forcément aussi présente sur disque. Trente minutes de ce traitement nous aurons définitivement convaincus du talent de Micachu.

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Le public est à peine plus nombreux lorsque arrive Obaro Ejimiwe, alias Ghostpoet. Pas très nombreux peut-être, mais en tout cas diablement enthousiaste. Sa voix légèrement traînante, comme endormie, tranquillement posée sur de solides beats post-dubstep, guide les danseurs, la fosse se transformant en effet progressivement en dancefloor.
Ghostpoet et sa présence massive et hypnotique, tantôt tout en douceur et tranquillité avec des morceaux tels que Survive It et tantôt terriblement dansant avec Cash And Carry Me Home ou Liiines, nous offre une prestation absolument bluffante. Une vraie claque autant pour ceux qui le découvrent que ceux qui le connaissaient déjà.
L’anglais triture ses machines à la vitesse de l’éclair, et les sons qui sortent de son Mac sont soutenus par une batterie et une guitare qui leur donnent toute leur puissance. Plutôt en verve, Ghostpoet est heureux de pouvoir partager l’affiche pour la première fois avec son amie et collaboratrice Micachu qui a ouvert pour lui ce soir. Sorti de scène après cinquante minutes de pur bonheur musical, Ghostpoet reviendra pour un unique rappel à enflammer tous les dancefloors de la planète.

On regrettera le peu d’affluence pour une affiche de qualité, mais, au moins, les présents ce soir auront pu en profiter dans les meilleures conditions. Et même si Micachu et ses Shapes sont indéniablement intéressant et inventifs, on gardera surtout en mémoire l’époustouflante prestation de Ghostpoet.