2016. Isis De Chastelain (chant et guitare), Rosie Heard-Edwards (guitare et chant) et Jonty Freeman (basse) forment Lemondaze dans une chambre de Cambridge. Ils écoutent Slowdive, Wolf Alice et Curve, jouent un mélange de shoegaze, de post-punk et de grunge et fantasment les années 90, celles de Twin Peaks et Kevin Shields.
2021. Finn Fox (batterie) rejoint le trio originel. Le groupe publie Celestial Bodies, un premier EP remarqué par le petit milieu underground et les étudiants arty et branchés. Puis, silence radio. Ont-ils disparu dans la Red Room avec Dale Cooper et Laura Palmer ou dans les méandres labyrinthiques du cerveau torturé du leader de My Bloody Valentine ? Allez savoir.
2025. Lemondaze réapparaissent soudain, signés chez Venn Records, programmés dans quelques festivals (dont la Block Party du Supersonic) et sortent leurs premiers titres depuis quatre ans. À quelques semaines de Noël, ils nous offrent subtext, un EP à écouter la nuit, dans une forêt enneigée, entre hululements de chouettes, craquements de branches et ronronnement lointain d'une tronçonneuse.
Dès Polari, le ton est donné, voix vaporeuse et aérienne, batterie saignante et guitares saturées qui alternent tension, accalmies et envolées furieuses. Le morceau évolue par strates, gagne en densité et se déploie en continu, Une réussite totale. o(type) installe un climat plus sombre, une brume qui colle aux doigts. On y entend la langueur dream pop qui s'enlise dans une puissance poisseuse, presque marécageuse, d'où surgissent des refrains lointains et des éclats abrasifs.
Mais il n'y a pas que le shoegaze dans la vie. Les amateurs de post-rock atmosphérique (oui, ils existent encore en 2025, et ils lisent Sound of Violence, ou y écrivent) se régaleront avec c=bain, six minutes d'ascension continue construites autour d'un build-up monolithique et extatique. Gravemind poursuit dans cette veine, aussi rêveuse que bagarreuse avant que Terra ne vienne clôturer l'ensemble en condensant toutes les pistes explorées sur l'EP, à la fois abrasif, sensuel, tendu et traversé de ces montées soudaines qui font toute la personnalité du groupe.
Si on a déjà entendu ailleurs la musique de Lemondaze, celle-ci se singularise par la qualité de ses compositions, un son à la fois doux et puissant, assez irrésistible, et une capacité à réciter ses classiques 90's avec une réelle modernité. Pour le moment c'est encore sur scène que Lemondaze prennent toute leur ampleur, mais s'ils accélèrent un peu leur rythme de production, on parie que leur premier album pourrait faire d'eux un groupe majeur de la scène néo-shoegaze.
Pour l'instant, Lemondaze jouent dans la cour des promesses mais subtext, discret en surface mais mordant en profondeur (ou comme dirait l'autre « soft as snow but warm inside »), laisse entendre qu'ils sont déjà en train de grimper d'une division sans demander la permission à personne.