Hello Cosmos

Il y a exactement dix mois (à quelques jours prêts), nous retrouvions Hello Cosmos, super formation de Manchester avec à sa tête Ben Robinson, papa de festivals fameux tel le Kendall Calling. Son groupe nous a fourni l'hiver dernier un EP pétaradant, qui a mis un peu plus le feu à nos bouillottes. Keep Digging nous avait renversé avec sa tonalité post-punk glaciale et entêtante. Du bordel monstre salvateur, un style qui lorsqu'il est savamment orchestré ne tombe pas dans l'écueil du bruit et de raffut sans âme. Pas de nouvelles de cette super formation sur les scènes hexagonales, nous avons donc médité sur cet EP de haute-tenue, espérant une suite rapide. Nos souhaits sont aujourd'hui exaucés avec le second album nommé Come Out Tonight, invitation à rejoindre la merveilleuse cacophonie de Hello Cosmos pour cette fin d'année.

Nous retrouvons le spoken word de Ben Robinson, les guitares saturées jusqu'à l'overdose et la cadence brutale qui ébranle nos fondements (ici nos oreilles déjà malmenées cette année par nombre d'autres compatriotes britanniques qui aiment à faire régner la confusion du point de vue des décibels). Douze morceaux dans l'exacte continuité de l'EP, mais (car il en faut bien un) qui, malgré nos très grandes attentes, peinent à renouveler le sentiment de tsunami ressenti précédemment. Attention, aucune méprise, cet album est réussi, les codes de ce post-punk bileux sont respectés, la rage dans les hurlements de Ben Robinson est toute autant convaincante que précédemment, mais le tracklisting en ce qu'il respecte parfaitement ce cadre peine un peu à faire sortir du lot un ou deux singles en particulier.


Le style, reconnaissons-le, n'est pas des plus aisé à dompter. Un morceau comme Turn Off The News, ou F.UK Z.UK où les diatribes de Ben Robinson se heurtent contre des coups de cymbales et de grosse caisse éléphantesques, ainsi que contre des grincements de guitares des plus stridents, peuvent sembler difficilement abordables. Et pourtant, c'est cet aspect hautement anarchique qui donne tout son intérêt au répertoire décousu de Hello Cosmos.
Ça hurle, ça malmène sa guitare à l'extrême (on s'attendrait presque à voir le guitariste finir en fracassant son instrument sur son ampli, tel que le faisaient nos idoles d'antan, à l'époque où les musiciens avaient le budget nécessaire pour en racheter une nouvelle guitare après chaque concert), et les paroles tels des pamphlets contre tout ce qui ne va pas dans notre société sont la force de cet album. On peut déjà mettre en avant la barrière de la langue comme obstacle à rentrer entièrement dans l'univers définitivement chaotique du disque, mais ce serait ignorer l'ambiance générale, comme une chape de plomb sur nos têtes, sensation ressentie à l'écoute de ces titres brutaux mais justes, qui ne font pas dans la demi-mesure.

On tentera quand même de s'accrocher à quelques titres en particulier, comme le morceau d'ouverture Joy Is The Way, avec des rythmes un peu moins écrasants, toutefois aussi invectives que les autres morceaux. De même, Old Friends Know, presque harmonieux avec le chant en duo, clôture l'album de façon plus sereine. C'est donc globalement dans les méandres d'une jungle punk que nous nous perdons à l'écoute de Come Out Tonight, un exutoire bienvenu pour relâcher toutes les tensons accumulées cette année et qui, malgré un aspect peut être un peu trop bulldozer, nous convainc à nouveau du talent de ce super groupe.

Un Noël qui ne serait pas punk et destroy n'est pas un Noël acceptable, à vous donc d'y remédier en inscrivant Hello Cosmos dans votre lettre adressée au pôle Nord à l'attention du gros Monsieur en rouge.