Chronique Album
Date de sortie : 05.12.2025
Label : London Records
Rédigé par
Olivier Kalousdian, le 3 décembre 2025
Contrairement aux idées reçues, Factory Records ne tire pas son nom de la célèbre fabrique à artistes hautement avant gardiste d'Andy Warhol. Il provient, plus prosaïquement, de l'enseigne d'une usine à vendre que Tony Wilson, co-fondateur du label du même nom, avait aperçue à Manchester un jour de 1976.
A partir de 1978 et plus encore à son apogée entre 1985 et 1992, son label éponyme et son club The Haçienda (qui inventera la fusion techno, acid et punk pour donner naissance au mouvement Madchester) ont fait de Manchester la capitale européenne de la fête et des DJ (avec, entre autres, un certain Laurent Garnier aux platines). Avec des signatures comme Joy Division, New Order ou Happy Mondays, les groupes de Factory Records sont aux années 80 ce que les groupes de la Motown sont aux années 70.
En quatre albums seulement et de nombreux singles devenus des emblèmes de la culture club et de la génération Rave, les Happy Mondays ont marqué les années 80/90 de leur empreinte. Indissociables pour beaucoup des compressions semi artistiques que l'on pouvait retrouver sous forme de pilules d'ecstasy de toutes les couleurs... En cette année 2025, le groupe Oasis qui revient d'outre-tombe (creusée dans les loges de Rock en Seine un soir de 2009) remet au gout du jour l'attitude et les tenues des Lads dont les Happy Mondays imposaient le style dès 1985 en s'affichant comme un des premiers groupes « no logo » et anti consumériste. En mêlant un quatuor rock à des sonorités de piano et électroniques sur des beats répétitifs extatiques tout en saupoudrant la bonne dose de colorations afro, cubaines ou sud américaines, les Happy Mondays vont donner à The Haçienda et au clubbing une dimension festive inconnue jusqu'alors.
Sous leur règne, la danse n'est plus codifiée par une appartenance ou un style musical défini, elle est libérée de toutes contraintes sociale ou culturelles, rendue à son état primaire et sauvage par l'hypnose que procure cette musique, démembrée du corps et de l'esprit par la consommation parallèle et en grandes quantités de substances méthamphétaminiques. « Bez » (né Mark Berry), le danseur fou, membre permanent du groupe qui n'a jamais joué d'aucun instrument hormis des maracas et dont l'apport dans l'écriture ou la composition des titres du groupe restera très limité en sera le mentor, le chaman suivi et adulé par des milliers de fans dans ses chorégraphies indéfinissables et impénétrables.
Pour célébrer les quarante ans de cette fête infinie qu'étaient les années 80/90, London Records ressort tous les singles du groupe en double CD ou vinyle. Avec Paul Oakenfold aux manettes (un de leurs producteurs historiques) pour le remix de Step On et le DJ Daniel Avery pour le titre Hallelujah, les plus anciens ressentiront comme des remontées d'acide. Les plus jeunes, d'irrépressibles envies de déhanchement et d'en finir avec JUL.
Quatorze singles emblématiques en versions radio edit plus onze singles remixés couvrant la période 1985/1992, remasterisés et agrémentés d'un artwork léché signé par le collectif historique de graphistes de Central Station, dont Pat Carroll et Karen Johnson.
24h party people !