Battant

Il y a quelque chose entre Battant et moi. Comme une concordance de l’univers, des rendez-vous manqués qui ont fait retarder notre rencontre. A bien y regarder, les conditions étaient optimales pour un coup de foudre en bonne et due forme. Des influences new-wave et post-rock, des riffs acérés, une voix distante, tendue mais charnelle. Mais les aléas ont fait capoté cette idylle annoncé. Deux concerts manqués plus tard, voici enfin l’album de Battant s’offrant à moi.

L’univers de Battant est commune, mais demeure un de ces lieux de convergence que l’on adore découvrir. Le post-punk est une terre aride, où les pousses peuvent prendre des directions inconsidérées, pointer vers des horizons insoupçonnés. La sobriété des arrangements dénotant avec les tranchants coups de cordes, mettent ainsi en condition une Chloe abrupte et à la diction franche et à l’élocution saccadée. No Head se révèle donc à la fois fortement empreinte des codes d’un genre dont elle s’émancipe tant bien que mal, sans pour autant s‘en dépêtrer complètement. Par choix. Par nature.

Hésitant entre une radicalisation de leur musique en lorgnant plus ouvertement du côté du Beat Happening (The Butcher, Socket), et entre une musique syncopée mais beaucoup plus contemporaine se rapprochant des Yeah Yeah Yeahs (Mark Twain, Human Rug) ou encore des Long Blondes (Highway Hopeful), voire même de The Organ (Rerinse). Battant parvient tout de même à ne pas trop s’éparpiller et donne ainsi à No Head cette cohérence permettant à ses meilleurs titre de brillamment submerger.

Le coup de foudre n’est pas là. Mais peut-être était-ce finalement pour le mieux ? Car si les contours peuvent se révéler fort attrayants, Battant ne fait pour l’instant que rester dans l’ombre d’illustres. Peut-être était-ce alors, pour le mieux que, dans ce cas précis, la patience et la raison aient pris le pas sur l’immédiateté de la musique.