Battant

Battant ; Def. (nom commun) : Se dit d’une personne très combative et dynamique.

Lors de l’interview de Chloé Raunet et Joel Dever, le mercredi 7 septembre à Paris, j’avais interrogé les deux comparses sur l’origine du nom de leur groupe. Le destin, décidément cruel pour les musiciens Anglais depuis cet été, leur a imposé celle du dictionnaire Français. Chloé devra l’appliquer pour rebondir et surmonter la perte de Joel, dix jours plus tard.
En 2009, Battant, alors accompagné de Tim Fairplay comme troisième membre (ndlr : guitariste parti depuis) sort le très électronique No Head. Signé par Kill The DJ et produit par Andrew Weatherall, à l’origine de remixes de légende depuis les années 90s, ce premier disque avait convaincu les médias Anglais et le public Parisien qui apprécie autant le son que le style très graphique et cold wave du groupe.

Évident, le fait que Battant refusent de s’appuyer sur les ingrédients qui ont fait leur succès avec No Head est un gage de qualité et de talent. Moins d’électronique, plus d’instruments live, une batterie et son batteur à la place de la Roland Tr 909, Battant, à l’instar des Metronomy avant eux, passent au stade supérieur, celui des performances réellement live, des compositions intimes et des influences élargies. Puisant dans des textes sarcastiques (Shutter), crus et intimistes (Farmer's Ode To Wife), des odes sans paroles aux bruitages faits main (Hubble), As I Ride With No Horse renvoie souvent aux groupes germano friendly (The Dresden Dolls) qui s’inspirent allégrement du cabaret Brechtien.
Sur ce nouvel opus, le piano classique, la flûte ou le hautbois sont autant d’instruments utilisés en contre courant Cold Wave de No Head.

Moins rock, mais plus détaillée, cette deuxième production de Battant sait malgré tout encore comment mixer les instruments classiques et les sonorités électroniques. Sur une ballade rêveuse et enveloppante comme Clearcut, le doute est levé, malgré la faible durée.
La production est devenue discrète comme une mise en scène de François Truffaut période nouvelle vague. Une fois le texte appris, on éclaire en hauteur et de façon presque imperceptible pour ne laisser la place qu’aux acteurs et à leur jeu. Se permettant le luxe d’un titre composé d’une basse et d’une voix pour tout instrument (Doll And Chain), As I Ride With No Horse rejoue les scènes du répertoire de Mark Twain et de sa vieille Angleterre ou de Tennessee Williams et de ses héros cyniques et fatigués dont la seule élocution ou le seul regard suffisent à planter le décor et l’histoire d’un album minimaliste, dans sa production comme dans sa durée, trente-sept minutes.

En s’amusant à ne pas être là où on les attend, Battant ont l’intelligence de ne pas se cantonner à une tendance ou un son, électronique en l’occurrence, mais à des idées et une façon de voir la musique. De quoi, une fois n’est pas coutume, donner aux malvoyants la possibilité d’entrevoir la silhouette d’un regretté Joel Dever, à la fois guitariste, bassiste, clavier... servant la voix et l’inspiration quasi littéraire d’une Chloé Raunet vers qui se portent, maintenant, tous les regards.