Une soirée dédiée à deux groupes du label Kill The DJ avait lieu en ce glacial jeudi à La Maroquinerie. Contrairement à certaines salles privilégiant les programmations hétéroclites, c'est aujourd'hui, avec Battant et The Eyes In The Heat, deux concerts on ne peut plus cohérents auxquels nous avons eu la chance d'assister.
Lorsque nous parvenons enfin à rejoindre la chaleur du sous-sol de La Maroquinerie pour nous débarrasser en toute quiétude de nos lainages et autres vêtements hivernaux, la première réaction qui se fait sentir est justement la froideur d'un public pour le moment très peu nombreux pour le retour du nouveau line-up de Battant depuis la disparition de Joel Dever en septembre dernier.
Récemment débarqués sur Kill the DJ,
The Eyes In The Heat ouvrent ce soir avec, face à eux, un auditoire plutôt sceptique devant la formation quasi inconnue dans la capitale.

Oliver Ho, initiateur du projet avec Zizi Kanaan au chant, sont accompagnés de Jérôme Tcherneyan, ayant rejoint le groupe l'an dernier et s'occupant exclusivement des percussions. Le noyau dur du trio semble tout trouvé lorsque résonnent les premières notes de
Hold Up : un bond en arrière, direction la grande période du cold wave Outre-Manche. Un son à mi-chemin entre le synthétique et le live, à la fois connoté 80's et très moderne dans sa conception est emmené par le chant énigmatique de Miss Kanaan ; vêtue d'une veste d'homme trop grande pour elle, sa frêle silhouette se déhanchant sur les beats lancinants, les spectateurs, de plus en plus nombreux, semblent prendre goût à la prestation de The Eyes In The Heat.
Faisant preuve d'audace dans leurs compositions, mélangeant batterie électronique et caisse claire, laptop et guitare, on ne regrettera que les approximatives transitions qui laissent entrevoir la jeunesse du groupe qui sortira très prochainement son premier album. Une entrée en matière cependant très honorable que la leur, leur filiation à Battant semblant ainsi toute naturelle.
Chloé Raunet, seule survivante du line-up original de
Battant, aura ce soir la lourde tâche de montrer qu'elle a su se relever à la fois du départ de Tim Fairplay mais surtout de la disparition tragique de Joel Dever, son fidèle compagnon au sein du combo. Aidée de trois musiciens, la jolie brunette, avec son aura légendaire, fait converger l'attention sur sa jolie personne et prouve une nouvelle fois sa volonté de continuer toujours et encore, la musique.

Comme elle nous l'expliquera tout au long de la soirée, il a fallu remanier les compositions suite aux tragiques départs pour ainsi pouvoir à nouveau les présenter en live. Force est de constater que le travail a porté ses fruits : le rôle ingrat joué par les trois musiciens est porté à bout de bras par Chloé, plus sexy et sensuelle que jamais.
Piochant dans les deux albums,
No Head et
As I Ride With No Horse, le groupe fait oublier à quel point son passage au Point Ephémère avait déçu. La salle est comble, euphorique, et Chloé réussit ainsi à se surpasser : un chant rageur, des textes scandés au grès des percussions hypnotiques, une présence ravageuse, Battant enivre La Maroquinerie qui, sous le charme de la Canadienne, n'a de cesse de clamer sa joie de retrouver le groupe au meilleur de sa forme.
Même amputé de deux de ses membres, Battant aura réussi à convaincre ce soir et ainsi permis de réellement sentir qu'une nouvelle année de concerts a bel et bien commencé.