Tunng

Les pionniers conteurs du folktronica ont ressorti leur bric-à-brac avec Turbines, un cinquième album au parfum synthétique prononcé. Le collectif est toujours assemblé autour de Mike Lindsay, revenant à ses premiers amours après son incartade islandaise Cheek Mountain Thief, un projet grâce auquel il a trouvé plus de liberté dans sa voix et son enregistrement.

Tunng a toujours en point de mire une volonté de faire avancer sa recherche dans les sonorités et les productions, sans jamais se reposer sur ses acquis. Le sextet à géométrie variable l’a bien prouvé en dépassant le succès de cette parfaite pop song qu’était Bullets sur Good Arrows pour sortir ensuite And We Saw The Land, un album orienté vers des tentatives électriques, voire instrumentales.
Turbines ne tourne donc évidemment pas en rond mais garde cette rythmique reconnaissable ainsi que cette confrontation organique et électronique se confondant, s’harmonisant sans lutter. Si Mike Lindsay chantait comme on ne l’avait jamais entendu avec Cheek Mountain Thief, nous retrouvons avec plaisir la voix de Becky Jacobs parfois bien plus présente que celle du leader.
La simplicité de leurs fredonnements ramène les compositions à leur base folk, puisque l’instrumentation a quant à elle tendance à s’en éloigner sur un début d’album plutôt froid. Les synthétiseurs y prennent une plus grande part, tout comme les rythmiques électroniques entrecoupés d’échos de blips bien plus présents que dans les deux précédents albums et parfois plus proche de leur premier effort.

Malgré cela, on repense à Good Arrows sur certains titres entrainants comme The Village, au refrain presque dansant, accélérant le tempo en lorgnant du coté des 80's. On y trouvera certainement un single évident même si il est trituré de bruitages lointains atteignant un final krautrock aussi psychédélique que la pochette. La guitare sèche reprend ses droits sur la deuxième partie de l’album avec des ballades plus classiques et des chœurs à tue-tête. On retrouve une certaine chaleur bucolique sur Bloodlines après ces quatre premiers titres nappés d’éléctro-pop. Follow Follow sonnerait même comme du Simon & Garfunkel avant d’être rattrapé par un orgue, un break planant et une rythmique sans cesse renouvelée : la marque de fabrique du groupe. On trouvera encore une ballade pop saccadée avec So Far From Here, basée sur des boucles de cordes et ces mots « I will run » répétés. Avec cette fin d’album plus brute, Tunng ne choisit pas entre des structures couplet/refrain ou des titres moins conventionnels, restant constamment dans cette surprenante douceur.

Turbines ravira forcément les amateurs de Tung qui y retrouveront les éléments expérimentaux de leur album Mother's Daughter And Other Songs ainsi que l’évidence de Good Arrows. Un concentré de seulement neuf morceaux enregistré dans un studio que l'on imagine sous la forme d’un laboratoire de petit chimiste avec des guitares folk en guise d’Erlenmeyer.