Après une parenthèse islandaise avec
Cheek Mountain Thief, Mike Lindsay a retrouvé sa clique, pour le plus grand bonheur des fans de
Tunng. Avec son cinquième album dans les bacs,
Turbines, le groupe vient renouer avec son public parisien.

En guise de première partie, Tunng se sont offerts les services de
Pinkunoizu. Le groupe, venu tout droit du Danemark, s'attèle à chauffer la salle à coup d'envolées aériennes électriques. Très instrumentale, leur musique a le mérite d'attiser la curiosité. On en ressort avec l'envie de se pencher sur leur premier album
Free Time!.
Ce soir, la salle de la Maroquinerie s'apprête à honorer le groupe le plus électro-folk du moment. Avant que Tunng ne fassent leur entrée, il est intéressant de jeter un œil à la scène qui a des airs de laboratoire avec la multitude de curieux objets détournés en instruments. Car telle est la grande particularité de ces anglais : jouer avec la musicalité d'objets du quotidien, comme le ferait un ingénieur du son pour le bruitage d'un film. Lorsque le groupe arrive enfin sur scène, le public est aux abois. Pour l'occasion, Mike Lindsay arbore une chemise très
caraïbe qui donne envie de prolonger l'été.
Dès les premières notes de musique, le ton est donné. La soirée est placée sous le signe de la légèreté. Mike Lindsay enchaine les arpèges de guitares qui viennent s'entremêler avec la douce voix d'Ashley Bates. Sa petite silhouette toute frêle irradie la scène au milieu de cette meute d'hommes, presque tous barbes dehors. La chanteuse se voit d'ailleurs offrir un joli bouquet de fleurs, qu'elle pose, toute gênée, sur son clavier. Le succès de Tunng, et plus particulièrement de cette soirée, tient à l'ambiance très joyeuse qu'il règne au sein du groupe. Unis comme les
« six doigts de la main », on sent une réelle cohésion entre eux, animés qu'ils sont par une complicité qui crève les yeux. Il faut dire aussi que Mike Lindsay est un joyeux luron avec un capital sympathie imbattable. Tout le long du concert, il n'a de cesse de faire le pitre. D'ailleurs, lors du rappel, fier de lui, il revient avec un pistolet multicolore d'où s'échappe une pluie de bulles qui tombe délicatement sur le public. L'ambiance bon enfant instaure un climat chaleureux qui décuple le plaisir du concert.

Tunng interprètent avec grande justesse leur dernier album
Turbines, parsemé par-ci par-là de quelques vieux titres que le public veut entendre. Leur folk est délicat, et les arrangements spéciaux donnent du caractère à leur musique. Parmi les quelques objets détournés en instruments de musique, le plus récurrent est un tourniquet rempli de petites clefs qu'ils font s'entrechoquer pour obtenir un son unique. Tous ces jeux sur les tonalités font penser à un groupe tel que
Cocorosie qui multiplie aussi les expériences musicales.
Le spleen de Tunng ne serait pas ce qu'il est s'il n'était que folk. Si le concert a commencé tout en douceur, le groupe fait monter la température au fil de la soirée. On le sait, le folktronica est la marque de fabrique de Tunng, c'est donc tout naturellement que leurs douces mélodies acoustiques se voient pimentées de notes électro. D'ailleurs, un peu avant la fin du concert, Mike Lindsay nous offre un moment de grâce. En plein milieu d'une chanson, il troque sa guitare acoustique pour une électrique et incendie la Maroquinerie d'un riff tonitruant. Mike Lindsay, qu'on connait délicat avec
Cheek Mountain Thief, se déchaine sur scène comme un jeune premier. Il n'a rien perdu de son énergie et c'est tant mieux car cette parenthèse électrique met la foule en liesse. Après la tradition du faux rappel, Tunng gratifient leur public d'un deuxième, un vrai cette fois-ci.
Les retrouvailles du groupe avec son public français ont été chaleureuses et passionnées. Leur histoire n'est pas terminée et a encore de beaux jours devant elle. Après un set endiablé, force est de constater que Tunng n'ont rien perdu de leur superbe et que le public n'aura pas boudé son plaisir ce soir.