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Eugene McGuinness - Chroma
Chronique Album
Date de sortie : 07.07.2014
Label : Domino Records
4
Rédigé par Fantin, le 3 juillet 2014
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En sept ans et trois albums, Eugene McGuinness a su s'imposer comme un songwriter unique en son genre, un véritable crooner qui aime tirer la pop anglaise dans les recoins où elle s'aventure habituellement peu. Son dernier effort en date, The Invitation To The Voyage, avait conquis un plus large public que ces prédécesseurs, notamment grâce aux tubes Harlequinade et Sugarplum. Le reste du disque tissait dans une noirceur de film d'espionnage un rockabilly sous tension, qui, malgré quelques écarts dispensables, ne faisait jamais fi d'une certaine exigence mélodique.

Deux ans ont passé et l'anglais installé à Liverpool nous revient avec Chroma. Annoncé par l'excellent et entêtant single Godiva, le disque débute sur ce même titre. Avec une introduction en forme de clin d'oeil au Day Tripper des Beatles, ce sombre tube monte en puissance sur un simple accord martelé, jusqu'à une envolée électrique où la guitare passe le cap et enchaîne un riff punk de trois accords, remarquablement bien placé.
Par la suite, Chroma s'inscrit globalement dans la continuité de son prédécesseur. Avec davantage de refrains accrocheurs, l'écriture appliquée et élégante de ses titres y est davantage mise en avant, notamment par l'utilisation d'arrangements plus pop, moins sombres. Aucune des compositions de ce nouvel effort n'est taillée pour les stades. Non pas parce qu'Eugene en est incapable (Sugarplum le réfute) mais bien parce que sa volonté fut autre : privilégier une britpop plus subtile et sincère.

L'identité musicale qui lui est propre se retrouve. Les basses sont privilégiées, les riffs minimalistes sont toujours abondants et le charisme du chanteur est plus que jamais palpable. Entre ballades délicates (She Paints Houses), d'une mélancolie touchante (All In All) et rock plus énervé (Immortals, Black Stang) voire psychédélique (Heart Of Chrome), l'album parvient à varier ambiances et émotions dans une harmonie sans faille.
Mais le plus remarquable reste la capacité qu'a Eugene McGuinness à écrire une pop hors du commun. L'exemple le plus marquant dans ce disque est certainement I Drink Your Milkshake. Si ce titre démarre sur un couplet ténébreux où le chant est au premier plan, il évolue tout en tension vers un refrain doux-amer pour le moins étonnant. Difficile de se l'ôter de la tête, aussi déconcertant soit-il à la première écoute.
Autre sommet dans ce massif pop éclectique, le titre terminal Fairlight. Lent, psychédélique, d'une grande profondeur, celui-ci monte en intensité avant d'avorter l'envolée attendue au profit d'une fin d'album en suspens.

Meilleur album d'Eugene McGuinness à ce jour, Chroma est fait de compositions aussi subtiles qu'originales. Bien que ses arrangements soient globalement pop, il n'est pas des plus accessibles. Le songwriter a fait choix de conserver son identité musicale de crooner ténébreux tout en affinant la forme qu'il donne à ses chansons. Le résultat est pour le moins admirable.
tracklisting
    01. Godiva
  • 02. Amazing Grace
  • 03. I Drink Your Milkshake
  • 04. She Paints Houses
  • 05. Immortals
  • 06. The Crueler Kind
  • 07. Deception Of The Crush
  • 08. All In All
  • 09. Black Stang
  • 10. Heart Of Chrome
  • 11. Fairlight
titres conseillés
    Godiva - I Drink Your Milkshake - She Paints Houses
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