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Eugene McGuinness

Suburban Gothic

Eugene McGuinness - Suburban Gothic
Chronique Album
Date de sortie : 07.11.2018
Label : Non signé
3
Rédigé par Yann Guillo, le 15 novembre 2018
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Non mais c’est quoi, ce monde ? Bolsonaro est Président du Brésil. Trump des USA. Certains gagnent des fortunes en streamant leur vie. Et Eugene McGuinness n’a plus de label. Quelle époque...

Pourtant l’homme est à la tête d'une discographie qui empile les jolies réussites et dispose d'une patte et d'une voix reconnaissables entre mille. Son LP précédent, Chroma, avait été un des beaux moments musicaux de 2014. Si bien qu'on attendait avec une certaine impatience son nouvel opus. Qui est finalement arrivé par surprise. Après une annonce sur Facebook de la sortie imminente de Suburban Gothic, voici qu'il le publie... deux jours plus tard !

Aucune promotion, aucune information, pochette minimaliste, album sorti uniquement en digital. L'Anglais semble s'être résigné à lancer dans le monde sa dernière création par lui-même. A une époque, celle du sublime single Lion, Eugene McGuiness était pourtant considéré comme faisant partie du même club qu'Alex Turner et Miles Kane, pour cette capacité à proposer un rock élégant, racé et ambitieux. Suburban Gothic confirme-t-il tout le bien qu'on pense de l'artiste ?

Là où Chroma, l'album précédent, formait un tout très cohérent autour d'un rock compact et dynamique, Suburban Gothic emprunte le chemin de la diversité et des ballades. Pas toujours pour le meilleur malheureusement.
Hope in Hell ouvre l'écoute de fort belle manière et rappelle immédiatement à notre bon souvenir tout ce qu'on aime chez McGuiness. Plus loin, Start At The Stop et sa mélodie en escalier s'affichent comme le sommet de l'album, une pop song savoureuse et immédiatement accrocheuse. Roman, son riff de clavier et ses chœurs, se montrent également très convaincants dans un registre proche. Goodnight est une très belle ballade 50s qu'aurait pu chanter Roy Orbison. Treat Me, qui mélange country sombre à la Lee Hazelwood et Swinging London, séduit par sa mélancolie douce-amère, tout comme la ballade lennonienne High Rise. Mais si l'album empile les tableaux pop et excentricités qui titillent les tympans, il se perd aussi dans sa propre langueur.

La pompe de With Words vient rapidement couper le momentum de l'album et ennuie gentiment. Mais c'est surtout sur la fin que l'album s'essouffle. Car To The Airport reste un poil trop sage. L'éthérée Subterranean semble flotter sans but. Now Here's A Look At What You Could've Won, chanson de crooner à la mélodie tortueuse, peine à emporter l'auditeur dans le voyage qu'elle propose malgré de belles envolées. Cet enchaînement de titres lents et vaporeux fait lentement mais surement perdre le fil de Suburban Gothic. Le mix n'est pas étranger à ce résultat. En ne tranchant pas suffisamment dans les nombreuses couches d'arrangements empilées par McGuinness, il échoue parfois à faire ressortir le meilleur de chaque morceau.

Reste que ce dandy et ses chansons à taffetas méritent sans doute mieux que cette sortie précipitée et anonyme. Mais ainsi va (ce qu'il reste de) l'industrie musicale en 2018.
tracklisting
    01. Hope In Hell
  • 02. Treat Me
  • 03. High Rise
  • 04. Start At The Stop
  • 05. With Words
  • 06. Roman
  • 07. Car To The Airport
  • 08. Goodnight
  • 09. Subterranean
  • 10. Now Here's A Look At What You Could've Won
titres conseillés
    Start At The Stop - Roman - Hope In Hell
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