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New Order

Music Complete

New Order - Music Complete
Chronique Album
Date de sortie : 25.09.2015
Label : Mute
2
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 30 septembre 2015
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Dix ans. C'est le temps qu'il aura fallu à New Order pour sortir leur neuvième album studio. Certes, la parenthèse dispensable Lost Sirens est parue en 2013, mais celle-ci ne regroupe que des chutes de studio de l'époque Waiting For The Siren's Call, véritable dernier opus en date du groupe. Bien sûr, il n'aura pas fallu attendre aussi longtemps qu'avec My Bloody Valentine, et Bernard Sumner et sa bande n'ont jamais promis, a contrario de certains, une suite à leur disque de 2005. Aussi entre excitation et inquiétude, ce nouveau New Order ne pouvait nullement nous laisser de marbre.

Certaines personnes avaient osé qualifier Get Ready et Waiting For The Siren's Call de disques de bourrins, probablement à cause d'une production un peu lourde. Pourtant Get Ready signait le grand retour d'un groupe qui, huit ans plus tôt, nous avait gratifiés de son plus mauvais essai, Republic. Inspiré, original et jouissif Get Ready avait relancé New Order sur le devant de la scène, peut-être comme jamais.
Waiting For The Siren's Call avait transformé l'essai de leur come-back, et puis tout s'est envenimé. Peter Hook quitta le navire pour une carrière solo qui n'a jamais décollée. Barney, de son coté, lança Bad Lieutenant, mais ne gagna qu'un faible succès d'estime. Finalement, ce sont les concerts de 2011 qui ont permis la résurrection de New Order. Sans Hooky, bien entendu, mais avec Gillian Gilbert, absente depuis de nombreuses années pour raisons familiales. L'idée de sortir nouveau disque a donc du germer au sein de la formation après de nombreux concerts donnés un peu partout dans le monde.

Nouveaux signataires chez Mute, New Order se devaient donc d'honorer l'ancienne maison de disques de Depeche Mode. Et pourtant, Music Complete s'avère relativement décevant au final. Délaissant la pop-rock de ses deux précédents disques, les anglais se montrent résolument dansants sur la majorité des onze plages qui constituent l'album. Le groupe n'a jamais caché son goût pour la dance et les innombrables remixes qui figurent en b-sides de leurs singles sont là pour en témoigner. Mais, à choisir, nous aurions préféré que l'esprit de ce disque se rapproche de Technique, disque majeur, plutôt que de Republic...
Plastic, Tutti Frutti, People On The High Line et Unlearn This Hatred sont calibrés pour les dancefloors, mais sont malheureusement bien plus proches de Spooky ou de Young Offender que de Mr Disco ou Vanishing Point. On se demande aussi pourquoi New Order sont allés chercher La Roux pour collaborer sur cet album, même si ce n'est pas la première fois que les mancuniens embauchent des guests pour leurs disques. Billy Corgan et Bobby Gillespie avaient d'ailleurs parfaitement rempli leurs missions sur Get Ready. Mais ici, on ne gagne pas au change avec Elly Jackson et surtout Brandon Flowers saccageant un Superheated final déjà suffisamment poussif sans lui. Quant à Iggy Pop, que vient-il faire dans cette aventure ? Stray Dog n'est pas fondamentalement inaudible, mais son long monologue sur une mélodie somme toute banale et surtout n'ayant rien à voir avec l'esprit musical de New Order, sans aucune intervention vocale de Bernard Sumner, laisse dubitatif. Jamais New Order n'avaient procédé de la sorte auparavant. N'est pas Death In Vegas qui veut.

Mais alors, c'est une catastrophe ce disque? Pas complètement. Si New Order frôlent souvent la correctionnelle, dans de (trop) rares moments, le quintet réussit à nous faire un tant soit peu vibrer. Academic sans briller par son originalité, sauve le disque du naufrage. Singularity, limite dancefloor une fois encore, renoue avec l'énergie de certains tubes du passé tels que Round & Round. Enfin The Game donne une petite bouffée d'oxygène à Music Complete. C'est maigre, mais ces trois chansons valent fort heureusement vraiment la peine de s'y intéresser.

New Order ratent donc leur come-back, et au vu de leurs nouvelles chansons, feraient mieux d'arrêter de jouer sur scène les morceaux de Joy Division, car ils se sont définitivement éloignés de leur univers. James Murphy, un moment pressenti pour produire le disque, n'aurait probablement pas réussi à sauver Music Complete. Peter Hook non plus, d'ailleurs. Ce sont les chansons qui pêchent, et non leur interprétation. Ce disque s'apparente d'ailleurs davantage à un second album de Bad Lieutenant plutôt qu'à un nouveau de New Order.

Parfois, des miracles surviennent. Pas cette fois.
tracklisting
    01. Restless
  • 02. Singularity
  • 03. Plastic
  • 04. Tutti Frutti
  • 05. People On The High Line
  • 06. Stray Dog
  • 07. Academic
  • 08. Nothing But A Fool
  • 09. Unlearn This Hatred
  • 10. The Game
  • 11. Superheated
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    Academic - The Game - Singularity
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