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New Order

Londres, O2 Arena - 6 novembre 2021

Live-report par Laetitia Mavrel

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Comme l'indiquent les dernières sorties du groupe, le live semble être devenu une valeur plus sûre pour New Order qu'un réel album. Alors habitués depuis quelques années à suivre les pérégrinations scéniques de la bande de Manchester sur platines, l'occasion de les retrouver réellement sur scène était à saisir. Non titulaire d'un ticket pour ce qui devait être la grande réunion du groupe avec leurs fans l'automne dernier, le concert à l'O2 London Arena ayant été reporté un an après pour des raisons évidentes, la solution reste le streaming live au prix d'un e-ticket permettant de se joindre à la fête depuis son salon.
Et vu les moyens techniques déployés pour la retransmission, la sensation de vivre l'évènement est bien présente. Ainsi, à 21h45 heure française, les streamers du monde entier rejoignent les vingt mille spectateurs de Londres pour célébrer le règne de la formation indétrônable de la scène electro rock mancunienne pour un concert qui offre une setlist de très haute qualité, probablement la meilleure depuis une dizaine d'années.

Nous retrouvons tous les membres de New Order (pour rappel constitué à ce jour de Bernard Sumner, Stephen Morris, Gillian Gilbert, Tom Chapman et Phil Cunningham) dans l'immense salle, dans une ambiance électrisante avec ce qu'il faut de projections hypnotiques faites de formes géométriques et de vagues psychédéliques venant percer de leurs lueurs la scène plongée tout du long du concert dans cette demi-pénombre qui donne toute leur aura à New Order.

Pour notre plus grand bonheur, c'est un Bernard Sumner qui ne quittera qu'occasionnellement ses guitares qui sert de maitre de cérémonie (évidement dans la setlist). Plutôt avenant, ce qui sur l'échelle « Sumner-ienne » est quasiment au maximum, ce dernier assene de nombreux « cheers » entre deux titres le public pour le remercier de s'être déplacé en masse tout en lâchant quelques petits commentaires sarcastiques comparant la « véritable » musique de son groupe à la « put together shit » moderne. Décidément de très bonne humeur, Bernard saura se rapprocher du bord de scène, ce qui signifie à au moins dix mètres des premières barrières, armé uniquement de son microphone et toujours de son chant des plus approximatifs, se laisse prendre par le démon de la danse face aux fans extatiques.

Le rock est définitivement à l'affiche ce soir, la setlist étant dans sa quasi-intégralité menée par les guitares de Sumner et Cunningham. Sans oublier le jeu de basse de Tom Chapman qui a définitivement pris sa place au sein de la formation malgré l'ombre de Hooky qui restera toujours présente dans les esprits. Comme à l'accoutumée, le couple pivot du groupe respecte son rôle respectif : Gillian quasi imperceptible sur scène et Stephen qui, malgré un bon soixante-quatre ans au compteur, ne perd pas une once de sa force de frappe et de sa fluidité de mouvements.

La setlist de ces retrouvailles s'apparente à un Best Of. Les premières années sont favorisées et bien que les grands hymnes soient au rendez-vous pour satisfaire la plus grande majorité du public, on notera quelques absences comme Love Vigilantes et Crystal (cette dernière omission ne nous peinant pas plus que ça). Les années 90 sont mises de côté afin de favoriser pour notre plus grand plaisir la première trilogie Movement, Power Corruption And Lies et Low Life.
Les guitares et la batterie puissantes rendent ces hymnes electro du début des années 80 d'une modernité saisissante. Un grand retour se fait ce soir avec 1963, titre qui avait disparu du répertoire scénique depuis 2016 et qui nous manquait cruellement. Nous vivons également pour la première fois en live Be A Rebel, la première nouvelle composition du groupe depuis un paquet d'années parue en 2021.

Le gigantisme de la salle et les moyens colossaux déployés dans la mise en scène nous touchent malgré que nous soyons derrières nos écrans. Après un an et demi de disette, ce type de prestations n'a pas encore repris en France et la nostalgie des grandes messes rock nous inonde au moment où les caméras balayent ce mini océan composé de fans, en majorité grisonnants et vêtus de tee-shirt très probablement d'époque, mais tout de même accompagnés par une toute nouvelle génération avide de se gorger du talent des pionniers que sont devenus New Order.
Et pour mettre tout le monde d'accord, les hymnes à la gloire des mancuniens que sont Temptation, Restless, Ceremony et Blue Monday sont présents et interprétés avec un véritable entrain, ces morceaux ayant pour les fans comme pour leurs interprètes un sens si profond que leur absence serait totalement inconsidérée.

Ne pouvant dissocier l'un de l'autre, et n'en ayant aucune intention, les vétérans de Joy Division nous régalent de quatre morceaux devenus légendaires : Disorder, Atmosphere, Transmission et Love Will Tear Us Apart, ces trois derniers en guise de rappel, et voyant projeté sur écran géant le doux et sombre visage de Ian Curtis. L'éphémère existence de Joy Division n'en a que renforcé son mythe, et malgré quarante ans de carrière depuis lors, cet héritage ne saurait être oublié. Et le public ne s'y trompe pas, tant la ferveur atteint son point culminant lors de l'interprétation de ces morceaux.

1h55 de concert suivie avec passion de la salle ou de son confortable canapé, qui nous rappelle au cas où nous serions frappés d'amnésie que New Order reste un incontournable de la scène british. Le répertoire du groupe n'ayant jamais cessé de nous accompagner tout du long de nos existences, quels que soient nos âges respectifs, il est devenu comme un héritage que l'on se doit de partager avec les plus jeunes, pour leur expliquer les bases de ce qu'il se fait aujourd'hui.
Après toutes ces émotions, une seule envie nous submerge : finir la soirée chez les patrons à la Haçienda de Manchester, au son des DJs résidents d'époque qui en ont fait une légende indissociable du groupe.
setlist
    Regret
    Age of Consent
    Restless
    Ultraviolence
    Disorder (Joy Division cover)
    Ceremony
    The Perfect Kiss
    Your Silent Face
    Be A Rebel
    Guilt Is A Useless Emotion
    Subculture
    1963
    Bizarre Love Triangle
    Plastic music
    True Faith
    Blue Monday
    Temptation
    ---
    Atmosphere (Joy Division cover)
    Transmission (Joy Division cover)
    Love Will Tear Us Apart (Joy Division cover)
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