Love Fame Tragedy

Le side-project est pour un artiste populaire comme un blind date pour le commun des mortels (l'artiste populaire n'ayant pas besoin de se plier à ces rituels primaires) : ça passe ou ça casse. Occasion pour se lancer dans l'inconnu, l'audacieux ou pire, le contre-emploi, on reconnaitra donc que les fans des formations d'origines attendent bien souvent avec angoisse les escapades de leurs musiciens préférés. Ici, c'est Matthew Murphy, leader de The Wombats, qui se lance à nouveau dans l'aventure Love Fame Tragedy avec un second album appelé Life Is A Killer. Présenté comme un travail en solo, le disque le voit entouré néanmoins de producteurs de renom tels Jacknife Lee (The Killers, U2) et Mark Crew (Bastille, The Wombats évidement) pour ce qui se révèle être son projet le plus personnel.

Exilé en Californie, heureux papa de deux petites filles, Matthew Murphy semble avoir définitivement franchi le cap de la maturité. Expliquant dans diverses interviews pour des médias outre-Manche que sa vie familiale le comble entièrement, ayant pris ses distances d'avec la vie tumultueuse des groupes de rock à succès, le « Murph » s'est livré ici à un petit exercice d'introspection musicale. Avec moins d'invités prestigieux aux guitares cette fois-ci, c'est bien un véritable album solo que nous présente l'anglais. Mais rassurez-vous, fans de la pop déjantée des Wombats, Matthew Murphy n'a pas pour autant perdu sa joie de vivre, bien au contraire. Life Is A Killer est un recueil de pépites pop acidulées à souhait, à la production parfaitement ciselée, dédié une fois encore à un large public friand de pop mainstream bondissante que l'on nous recommande de déguster sans modération.


On retrouve ainsi le chant toujours aussi juvénile de l'anglais et la touche des deux producteurs qui, avec leurs précédents faits d'armes à base de groupes mastodontes, transposent les chansons dans une catégorie « poids lourds ». Les morceaux se suivent et sont littéralement calibrés pour les grandes ondes FM. Don't You Want To Sleep With Someone Normal et Slipping Away nous transportent dans les ambiances clubbing hype mais toujours « bon enfant », My Head's In A Hurricane et Tangerine Milskahe offrent une synth pop gorgée de vitamines ancrant l'univers de Love Fame Tragedy dans un teenage movie fait de plages dorées envahies de la non moins dorée jeunesse californienne.
C'est cet aspect un peu paillettes et Redbull qui nous laisse sur notre faim. Nous retrouvons néanmoins dissimulées dans le tracklisting quelques pistes plus sobres, tel le titre éponyme Life Is A Killer qui, sans autotune ni avalanche de samples, nous laisse enfin apprécier le timbre de voix délicat de Matthew Murphy, tout comme Maybe I Should, véritable ode pop mélodieuse. Les paroles sont profondes dans It's OK To Be Shallow et on aime également les petits interludes à base de véritables notes vocales où l'on entend les mots laissés par l'épouse de Matthew Murphy et où les quelques arpèges de guitare acoustique offrent un peu de répit dans cette débauche de tubes aux contours un peu trop artificiels.


Reconnaissons toutefois qu'avec Life Is A Killer, Matthew Murphy use à merveille de ses talents de compositeur avec une belle série de titres enjoués, faisant l'objet d'une production peut être un peu trop au rouleau-compresseur mais ayant le mérite de remplir totalement le cahier des charges d'un disque pop fun et désinhibé, qui trouve déjà sa place dans nos futures playlist estivales que l'on soit sur une plage de Malibu pour les plus chanceux, du Havre pour les plus Normands ou confinés dans leur appartement pour les parisiens voisins des futures épreuves olympiques.