logo SOV

Vieilles Charrues

Carhaix, du 15 au 18 juillet 2010

Live-report rédigé par François Freundlich le 20 juillet 2010

Bookmark and Share
dimanche 18
Le centre ville de Carhaix est en effervescence pour ce dernier jour du Festival des Vieilles Charrues affichant finalement complet comme le samedi et le jeudi. J’arrive sur le site alors que les Pony Pony Run Run débutent leur concert. Une impressionnante foule se presse devant la scène Kerouac et la visibilité est réduite si on ne s’y prend pas assez tôt : à garder dans un coin de sa tête.

Les nantais misent tout sur leurs petits claviers vintages présents dans chaque chanson. Au début, on trouve ça sympa, mais on se dit rapidement qu’on aimerait tout de même voir autre chose se développer. On sent comme un air de Tahiti 80 dans la voix et les arrangements, la classe en moins. Pony Pony Run Run a surement réussi à intégrer ce petit coté racoleur dans leurs chansons que les plus anonymes rouennais n’auront sans doute jamais. Tout comme LE tube radiophonique qu’est devenu Hey You et qui justifie leur présence, chanson qui sonne de manière assez fade en version live. Ils sont néanmoins sympathiques entre leurs chansons et participent au rituel de demande de libération de Bob l’Eponge. Néanmoins, leurs titres se font de plus en plus irritants jusqu’à un final épileptique ou des blips up-tempo à la limite du supportable se font entendre. Bien sûr, ça fait danser les filles, et peut-être est-ce là l’essentiel, mais il m’en faut plus.

Je décide plutôt de m’approcher de la scène Glenmor où Alain Souchon est attendu. Je n’avais aucun à priori sur ce concert, ne connaissant que très peu son répertoire à l’exception de ses chansons radiophoniques. C’est un point positif, car ne m’étant jamais vraiment intéressé à ce que Souchon racontait dans ses chansons, l’émotion en a ainsi été décuplée. Je ne m’attendais pas à apprécier autant la prestation, peut-être est-ce lié à mon âge désormais ou à la prise de conscience de la beauté de ses textes et de ses mélodies ? Il donne ainsi l’impression que sa carrure est deux fois moins importante que celle de ses très bons musiciens mais sa prestance est incroyable et ses pas de danse délicieux. Il dit être impressionné par la foule vertigineuse qui est présente et toute acquise à sa cause. Dans un premier temps, on a peur car, là aussi, les claviers vintage sont présents, mais sans trop en faire.
Souchon chante Un Baiser et j’ai la gorge serrée. Me voilà pleinement entré dans son univers et ses vers, à la recherche du moindre double sens ou contrepèterie, un sourire sur le visage : un moment de redécouverte, tout simplement. Une version folk pop de L’amour A La Machine est interprétée, entouré par ses deux guitaristes (dont l’un connu pour officier dans un célèbre télé crochet). Les souvenirs que l’on peut tous avoir des chansons de Souchon se mêlent à l’émotion du moment où le texte prend un certain sens…
Souchon entame Rive Gauche seul en acoustique puis une version avec des claviers reggae de Sous Les Jupes Des Filles repris en chœur par le public. Beaucoup de chansons me sont inconnues mais aucune ne me déplaît vraiment, les nouvelles sont également plaisantes. Pour la fin du concert, les écrans diffusent même le karaoké des chansons, ce qui est tout même étrange, mais il n’en faut pas plus au public pour chanter faux. L’occasion de m’éloigner un peu pour le prochain concert. Je traverse la foule pendant On avance, et en avançant moi-mêm je m’aperçois que le visage de chaque personne est peu ou prou le même que le mien : petite vision du bonheur. Le concert se termine avec une version d’un public en communion sur Foule Sentimentale puis J’ai 10 Ans, laissant comiquement tout le monde s’écrier « T’vas voir ta gueule à la récré ». Souchon m’a surpris ce soir, l’ambiance dans le festival était à la joie autour de chansons ancrées dans les mémoires. Un très beau moment.

Rassurez-vous, il va y’avoir du rock. Je m’approche du devant de la scène Kerouac où Julian Casablancas, chanteur des Strokes, est attendu en solo d’un moment à l’autre. L’idole, et son groupe, débarquent le sourire aux lèvres, tout de cuir rouge vêtu et avec une mèche décolorée d’un goût douteux. Mais après tout, « He’s going to hell in a leather jacket ». Pas d’introduction, on entame directement les choses sérieuses avec Out Of The Blue. Comme toujours, le son est moins bon sur cette scène mais on s’en contente, d’autant plus que « Juju » est en forme. Sa voix raisonne toute en puissance comme dans les meilleurs concerts des Strokes. On ne peut s’empêcher de sautiller en reprenant avec lui ses « Hoo hoo hoo ». Bien sûr, son groupe a moins d’automatisme que ses compères habituels mais notre attention est focalisée sur le chant, surtout lorsqu’il entame 11th Dimension avec ses claviers remuants (décidément). Le poseur qui hurle ses textes dans son micro tenu de toute sa classe est omniprésent, on a beau essayer de s’attarder sur le batteur qui donne tout ce qu’il a ou sur la jolie percussionniste – claviériste un peu cachée, rien n’y fait.
Les reprises des Strokes ne sont pas oubliées puisque Hard To Explain est jouée dans une version encore plus électrique et rapide tandis que The Modern Age voit Julian exécuter une danse sautillante et épileptique. On ne peut que l’imiter puisqu’elles sont réarrangées d’une fort belle manière, à l’image d’une incursion dans le troisième album avec Electricityscape. La fin du concert voit s’enchaîner Left & Right In The Dark repris en chœur par une partie des fans du premier rang, confirmant que les inquiétudes liées à sa voix sont dissipées. Julian propose alors de chanter une chanson de Noël en plein juillet alors que le soleil tapageur rougit les peaux en ce dimanche. C’est I Wish It Was Christmas Today qui est reprise mais qui visiblement n’attire pas les foules puisque Julian fait remarquer que le public s’en va… Il a surement une meilleure vue car pour moi c’est Noël avec 4 Chords Of The Apocalypse et je n’en rate pas une miette. Julian Casablancas a convaincu et livré un concert du niveau d’un premier album solo personnel et attachant. Les fans du disque ne sortiront de ce concert que renforcés dans leurs idées.

A peine le concert terminé, -M- débarque avec ses acolytes sur la scène Glenmor. Son single Le Roi Des Ombres débute le set, l’occasion d’admirer sa magnifique perruque en forme de plumeau. Mathieu Chedid propose toujours un spectacle détonant et se défoule sur sa guitare en enchaînant les solos sur chaque chanson. Cyril Atef, aux percussions, nous gratifie également de solos dantesques avant de se jeter dans le public, un collant sur le visage. La sœur de Mathieu, Anna Chedid, et ses faux airs de Betty Boop l’accompagne avec des chœurs dispensables. L’absence de Vincent Ségal et Seb Martel est dommageable, ils apportaient énormément aux concerts de –M- notamment dans la recherche sonore. Il manque vraiment quelque chose, notamment les solos de violoncelle électrique. Un écran en forme de « -M- » est présent à l’arrière de la scène pour diffuser des clips. La part belle est faite aux nouvelles chansons et il faut attendre la fin pour réentendre des versions de Je Dis Aime ou Machistador réorchestrées avec ce nouveau groupe. Malheureusement il n’arrive pas au niveau de mes souvenirs de l’ancienne formation, notamment du fameux concert aux Solidays. Le Complexe Du Corn Flakes est entrecoupé du riff de guitare de Beat It, cette chanson est toujours aussi réussie. On notera également une version plaisante de La Bonne Etoile toute en subtilité. La scène est envahie par le public sur la fin du set, des festivaliers, dont quelques enfants, sont conviés à danser avec le groupe. Mathieu fait vivre un moment privilégié à un petit garçon en plaçant sa guitare devant lui et en mettant ses mains sur les siennes, pour lui donner l’impression de jouer devant 45000 personnes. Celui-là n’est pas venu pour rien. Un vrai show à la -M- même si moins fou que sur ses autres tournées.

Etienne De Crécy se fait attendre et son concert débute avec du retard pour un public impatient. Le tissu cachant le cube gigantesque posé sur la scène Kerouac tombe finalement pour laisser apparaître le DJ en son centre. Le son est peut-être moins entrainant et avec plus de passages calmes que d’autres DJ, mais, visuellement, les vidéos projetées en mettent plein la vue. De petits cubes apparaissent par exemple comme si ils étaient contenus à l’intérieur du grand (à l’image du film Cube). Je tiens moins la cadence que pour Mr Oizo par exemple, qui, il faut l’avouer, propose des rythmes beaucoup plus dansant. Je décide d’aller me placer pour le concert de Jamiroquai, qui clôture le festival.

Jay Kay débarque sur la grande scène orné d’un chapeau à plumes d’indien. Il est accompagné de trois choristes et du groupe notamment composé d’un percussionniste qui donne de sa personne. On reconnaît d’emblée le son Jamiroquai et on n’est pas dépaysé par rapport à ses albums. Revolution entame le set, l’occasion d’admirer les vidéos diffusées à l’arrière de la scène, mettant en image les textes. Au fur et à mesure que les chansons s’enchaînent, on est interloqué par le fait que les arrangements proposés sont souvent repris d’une chanson à l’autre, d’où une certaine lassitude. Heureusement les tubes sont de la partie, Alright est chanté en chœur par un public un peu plus fatigué qu’auparavant. Le clavier d’introduction de Virtual Insanity est accueilli par des cris et l’interprétation fait plaisir à voir, même si Jay Kay ne déplace pas d’objets à l’aide de tapis roulants comme dans le vidéo clip. Quelques problèmes de micro interrompent sa voix et ce à plusieurs reprises. Malheureusement, on n’entendra jamais les premières phrases de Cosmic Girl. Je ne suis pas mécontent de remuer sur cette chanson qui a marqué mon adolescence. Jay Kay annonce qu’il sortira un album à la fin de l’année et qu’il n’a pas de pochette, avant de se faire prendre en photo devant le public : une pochette Vieilles Charrues en vue ? Un show plaisant qui aura difficilement tenu le rythme sur la longueur même si les fans étaient ravis.

Cette édition des Vieilles Charrues est une grande réussite en terme d’affluence, il convient maintenant d’adapter la gestion des flux de festivaliers de manière plus professionnelle. En ce dimanche, Souchon a procuré du plaisir à la foule, Julian Casablancas s’est déchainé et Jamiroquai a conclu en beauté.
artistes
    Jamiroquai
    -M-
    Alain Souchon
    Julian Casablancas
    Toots & The Maytals
    Pony Pony Run Run
    Etienne De Crécy
    Raggasonic
    Contreo & L'Orchestre de Bretagne
    Gush
    Bitty McLean
    Soul Stereo
    Bost & Bim
    Lord Zeljko
    Poor Boy
    Debruit
    69
    N'Diale
    André Minvielle & Lionel Suarez
    Switch On's
    Le Verger, Jardin de Curiosité
    Moongaï
    IM Takt
    Rollingman Electrik Slam