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Transmusicales

Rennes, - 9 décembre 2010

Live-report rédigé par François Freundlich le 10 décembre 2010

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jeudi 9
Le festival hivernal qui lance la saison des nouveautés musicales 2011 s’ouvrait ce jeudi dans la capitale bretonne : les Transmusicales de Rennes édition #32 sont lancées. Une fois n’est pas coutume les dates ont été décalées d’une semaine, et, comble du comble, des têtes d’affiches refont leur apparition avec M.I.A., Pnau ou Janelle Monáe. Le village a pris possession de la salle du Liberté pour un confort amélioré. Les premiers concerts se déroulent quand à eux dans la salle de l’Etage du Liberté pour quelques groupes français en découverte.

Eat Your Toys, trio power-pop rennais, ouvre le bal avec un set tout en déchainement de guitares accompagnées d’une voix grunge criarde mais maîtrisée. Quelques claviers viennent apporter de la subtilité aux compositions, les éloignant un peu du trio rock traditionnel. Le chanteur déploie une énergie assez intense alors que la batterie est mise en avant. Une batterie qui finira d’ailleurs à moitié détruite sur la fin du set : cette année on casse les batteries le jeudi après-midi. Tout cela va mal finir.
Suit une autre formation rennaise, Fuckin Hell Orkestar, mélangeant rythmes balkans, accordéon, cuivres et rock festif. Le groupe semble malgré tout assez crispé et ne dégage pas vraiment l’ambiance de fête qui pourrait leur correspondre.

 

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Une timide jeune femme apparaît alors sur la scène de l’Etage, on croit la reconnaître puisque déjà aperçue l’an dernier aux Transmusicales avec son groupe Roken is Dodelijk. Cette fois, c’est en solo que Lena Deluxe se produit ; ou plutôt accompagnée d’un bassiste et d’un batteur. Dès les premiers sons se dégageant d’elle, on est conquis par tant de profondeur et de charme rarement entendus chez une chanteuse française. On pense tout de suite à Beth Gibbons pour sa voix ou à Shannon Wright quand elle s’accompagne à la guitare électrique.
Ses compositions chantées en anglais sont autant de pépites tantôt folk, tantôt dansant mais résolument pop. Bien vite ensorcelé par la fragilité rock’n’roll de la demoiselle, le public ne s’y trompe pas en l’acclamant chaleureusement. Quelques titres seront également interprétés au ukulélé en fin de concert, façade joyeuse à d’autres titres plus sombres et graves. Lena Deluxe enregistre actuellement son album qui sera certainement une révélation de 2011, comme de ces Transmusicales : on a hâte de suivre ce projet.

 

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Il est temps de rejoindre le Parc des Expositions où se tiennent cette année les concerts du jeudi soir. Les Hall 3 et 4 vont voir s’enchaîner des groupes prometteurs de la scène rock et électro internationale. Les canadiennes de The Pack A.D. ont la lourde tâche de lancer la fête devant un public encore clairsemé. Il s’agit d’un duo de rock fiévreux féminin de Vancouver. Ces deux-là n’y vont pas par quatre chemins et donnent tout ce qu’elles ont dans les tripes. La guitariste et chanteuse hurle toute sa rage dans son micro en assénant des riffs garage ravageurs mais très entrainants, marquant conjointement les corps et les esprits.
Ces mêmes espritts, quant à eux, s’échauffent quelque peu tandis que la blonde batteuse se cache derrière sa tignasse en cognant son instrument de toutes ses forces. The Pack A.D. est bien là pour exciter les foules et il y a fort à parier qu’une programmation à un horaire plus tardif les aurait encore plus mis en valeur. Leur musique ne révolutionnera rien mais aura fait bouger la tête et ceux qui viennent aux Transmusicales pour le rock'n'roll.

 

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On quitte ces demoiselles pour le Hall 3 où le groupe danois Lars & The Hands Of Light a déjà commencé à jouer. Changement radical de décor puisque l’on baigne maintenant dans une pop cajoline à l’opposée des sons abrupts qu’on vient de quitter. Lars est le chanteur du groupe, coiffé d’un bonnet et doté de petites mimiques, sa voix est au premier abord quelque peu stéréotypée et consensuelle. Elle n’est pas sans rappeler les intonations de quelques chanteurs folks mièvres qui pullulent à l’heure actuelle mais ne jugeons pas trop rapidement car une mode cache parfois quelques bonnes surprises.
Quelques compositions sortent du lot et l’apport de la chanteuse et guitariste permet d’ajouter une profondeur qui manque cruellement à la voix. Mais tout cela manque vraiment trop d’originalité sur la longueur et on s’ennuie assez rapidement tant on reste trop dans un même registre. Leur titre Me Me Me pourra se chanter à tue-tête mais mieux vaut s'arrêter là si on ne souhaite pas se surprendre soi-même à se tourner les pouces.
Un concert qui nous laisse sur notre faim et auquel on préfère allègrement la fin de celui de nos nouvelles copines canadiennes. On peut néanmoins noter un clin d'œil amusant en rappel avec une reprise à l’accent danois de Comic Strip de Serge Gainsbourg.

 

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Changement d’ambiance avec les New Yorkais de The Phenomenal Handclap Band qui investissent en nombre le Hall 4. Le groupe propose une fusion composée de basses funky, de solos de guitares endiablés, de percussions à gogo, de claviers vintages, le tout sur la voix lointaine d’une chanteuse remuante. Le collectif base sa musique sur un rythme afro mis en avant, mais avec une touche rock et funky assez prononcée. On est là pour danser et les compositions tiennent en haleine malgré une intensité qui est parfois plombée par quelques longueurs.
On reste notamment de marbre face à de longues périodes instrumentales dont on ne perçoit pas l’intérêt. Certaines chansons manquent cruellement d’une explosion attendue qui ne vient jamais. Les solos de guitares à l’avant-scène excitent quelque peu le public, tandis que le chant en portugais sur une chanson apporte un coté world à une musique aux influences éclectiques. Malgré la variété des sons, le groupe ne parvient pas à enflammer l’assistance comme on l’aurait souhaité. Peut-être qu’une participation moins crispée de la chanteuse aurait contribué à réchauffer l’atmosphère.

 

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Direction l’Egypte maintenant... mais celle de Manchester puisque les jeunots de Egyptian Hip Hop investissent nonchalamment les Transmusicales. A peine sortis de l’adolescence et arborant un look tout à fait particulier, ceux que l’on présente comme l'un des grands espoirs du nord de l’Angleterre pour 2011 sont prêts à en découdre.
Le son est fort, la basse est vrombissante et fait trembler de toute part le Hall 3 et ses occupants. Alternant des sons entrainants et d’autres beaucoup plus obscurs, le clavier est mis en avant tandis que la voix peine à suivre. Le chanteur à la moustache prononcée et à la chemise bariolée cache son chant parfois faux derrière sa chevelure abondante.
On a du mal à le comprendre tandis que ses jeunes amis jean-foutres sont recroquevillés sur leurs guitares et claviers. On suppose que des substances doivent contrôler certains d’entre eux. Le batteur apparaît quand à lui masqué par ce qu’on croît être une barbe de Pere Noël. Les compositions sont très inégales : certaines sont tout à fait plaisantes et entrainantes à l’image de l’aérienne Rad Pitt sonnant très The Cure, tandis que d’autres ne provoquent que l’ennui et l’interrogation. Le single Moon Crooner est diablement entêtant et on aura du mal à se défaire de ce petit refrain joué au clavier, même si l’interprétation vocale laisse à désirer.
On se dit finalement que la marge de progression est énorme mais on ne placera néanmoins pas tous les espoirs de la scène rock anglaise sur leurs frêles épaules. Il est habituel de voir ces groupes encore en formation aux Transmusicales, espérons qu’ils prendront leur temps avant de sombrer dans la catégorie des espoirs déchus par la pression.

 

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Il manquait à cette soirée un groupe pour enflammer définitivement le festival et la faire basculer dans la danse : on le tient avec les californiens de Funeral Party. L’énergie déployée par le chanteur Chad Elliot est fortement communicative et sa voix criarde emporte le public vers de timides mouvements, toujours insuffisants pour le groupe. Le batteur martèle une cadence dance sur un son électro-rock décomplexé et entrainant.
Chaque morceau passe aussitôt des oreilles aux jambes comme dans du beurre et on ne pense qu’à profiter de passages certes parfois un peu faciles mais terriblement efficaces. Funeral Party est la bonne surprise de la soirée et des titres comme Just Because et surtout le final sur New York City Moves To The Sound Of LA n’ont rien à envier aux passages les plus dancefloor de LCD Soundsystem. S'il ne faut en garder qu’un sur la soirée, ce sera Chad, l’énervé qui ne laisse jamais retomber la fièvre une fois lancé. Le public est encore en rodage en ce jeudi et si Funeral Party avaient été programmés durant le week-end, ils auraient assurément été moins déçus... même si le pari est largement relevé.

Place aux DJs pour terminer cette soirée sur les dancefloors des Halls avec Beataucue. On est là dans le putassier pour remuer les foules et on y cherche encore un peu de subtilité. Les DJs anglais Magnetic Man enchaînent directement avec un show très visuels, les trois producteurs étant dans l’ombre d’écrans géants diffusant diverses animations et vidéos. Ils sont accompagnés d’un chanteur ragga pour accentuer la touche dubstep des mixes. La foule se déchaine enfin pour une nuit qui se termine tôt, comme pour mieux laisser place à la suite des événements.

L’après-midi fût ensoleillé par la douce Lena Deluxe tandis que le Parc des Expositions a connu son lot de révélations comme les ténébreuses de The Pack A.D., les inégaux Egyptian Hip Hop ou les dansant Funeral Party. La fête continue demain...
artistes
    Prismo Perfect

    Furs

    Von Pariahs

    Mujuice

    Stromae

    Eat Your Toys

    Fuckin' Hell Orkestar

    Lena Deluxe

    Audrey Katz

    Lars & The Hands Of Light

    Egyptian Hip Hop

    Funeral Party

    The Toxic Avenger

    Old Skool Nemo

    The Pack A.D.

    The Phenomenal Handclap Band

    Donso

    Beataucue

    Magnetic Man

    Bros Before Hoes

    Lady Late