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Transmusicales

Rennes, - 10 décembre 2010

Live-report rédigé par François Freundlich le 12 décembre 2010

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vendredi 10
Ce vendredi s’annonce furieux aux Transmusicales puisque la soirée du Parc des Expositions affiche désormais complet, principalement grâce à M.I.A., la tête d’affiche du jour.

On commence tranquillement l’après-midi dans la petite salle du 4bis où se produisent des groupes locaux en découverte. Les angevins de Djak sont prêts à en découdre pour un concert toujours important pour ces jeunes groupes. Le quatuor propose une pop énervée teintée de refrains accrocheurs rappelant parfois Cold War Kids. Plusieurs chansons sont susceptibles de devenir de potentiels singles à l’image de Heart Is A Joke. La grande force de ce groupe se trouve dans son chanteur qui délivre une prestation impeccable, on apprécie vraiment lorsqu’il pousse sa voix dans les aiguës, rappelant fortement Klaxons. Ce groupe est prometteur et encore non signé, on vous conseille une écoute attentive.

 

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Faisons un petit détour par le Liberté où la salle de L’Etage accueille les rennais de Manceau, composés également de membres d’autres collectifs rennais comme My Lullaby, Lug-Na ou The Last Morning Soundtrack. Le quatuor propose une pop précise aux arrangements très soignés mêlant claviers, xylophone ou trombone à coulisse. Julien Vignon mène de main de maître à la voix, au piano et à la guitare acoustique. Ce groupe est certainement très influencé par The Divine Comedy, cherchant à respecter le soucis du détail dans le son. Les synthés vintage et la voix un brin soul et rocailleuse peuvent également faire penser à Stevie Wonder sur certaines compositions old school. Il est à signaler que la qualité du son est à la hauteur : un très bon moment.

 

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Direction la Salle de la Cité, berceau des Transmusicales, proposant toujours son lot de formations mises en avant dans ce cadre si propice. C’est encore un groupe rennais qui a le privilège d’ouvrir la salle. Déjà repérés par la Route du Rock, La Corda et sa chanteuse à la voix mélancolique accompagnés d’un son minimaliste se font entendre dans un silence religieux. La guitare électrique se fait pesante et lancinante tandis que la batterie reste dépouillée pour soudainement rompre le silence. Le son très tendu peut rappeler la cold-wave de The XX mais en laissant de coté tout carcan pop, donnant l’impression que les compositions peuvent partir dans n’importe quelle direction à tout moment. Ajoutons à cela des instruments originaux comme des verres de cristal remplis d’eau et nous obtenons un groupe atypique qui propage une atmosphère pesante pour l’ouverture de la Cité.

La suite sera moins tendue. Changement radical de registre avec le hip-hop de Outasight, annoncé par le DJ demandant au public de faire du bruit car ils arrivent droit de New-York. Ce rappeur blanc à la gueule d’ange mais à la voix folk peut de prime abord faire penser à Why? de part son phrasé. Mais il se rapproche plus d’un vrai son rap au fur et à mesure du concert. Malgré cela, il est accompagné d’un guitariste qui ne se gène pas pour apporter une vraie coloration rock aux arrangements. Il est bien aidé par un batteur affolant, tout en vitesse et en puissance, qui nous gratifiera de solos furieux des plus impressionnants.
Les chœurs et les productions sont assurés par un DJ à droite de la scène, épaulant Outasight qui n’a de cesse d’accélérer son flow et de se jeter sur l’avant de la scène en haranguant le public. Au final, la fusion des styles est assez intéressante et on se prend à se laisser emporter.

 

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Naviguons maintenant vers d’autres horizons plus orientaux avec Dengue Fever. Ce collectif est né de la rencontre d’un groupe de Los Angeles réuni autour des frères Holtzmann, et de la chanteuse Cambodgienne Chhom Nimol. Ils sont accompagnés d’une section rythmique et d’un multi-instrumentiste de talent qui va épicer les arrangements avec saxophone, trompette où flûte traversière. L’attention est bien entendue focalisée sur cette chanteuse en robe à paillettes et sa voix aiguë si particulière. Les paroles sont en Khmer, langue qui s’adapte délicieusement aux compositions surf-rock s’échappant de la guitare du barbu Zac. Ce dernier ne manque pas d’humour en annonçant le nom de la chanson Shave Your Beard alors qu’il manque de se prendre sa barbe dans ses cordes de guitare. Les danses de la sensuelle Chhom attirent tous les regards tandis que les autres membres du groupe semblent fascinés par son phrasé et l’originalité qu’elle peut apporter aux chansons. Visiblement ravie, cette dernière remercie chaleureusement en joignant les mains et en se courbant à chaque fin de chanson, comme après Seeing Hands, moment le plus marquant qui aura fait danser la Cité. On quitte les Dengue Fever réchauffés et l’esprit ouvert sur d’autres cultures.

Préparons nous à affronter un Parc des Expositions plein comme un œuf. Heureusement, on a droit à un temps d’adaptation et la jauge de saturation n’est pas encore atteinte, ce qui ne saurait tarder. On arrive au moment où le Néo-Zélandais Connan Mockasin, accompagné de ses musiciens britanniques, investit le Hall 4. Le personnage est original avec sa coupe au bol blond platine qu’il arrive à bouger avec un simple mouvement de sourcil. La musique ne l’est pas moins puisqu’on a du mal à la comparer avec un quelconque autre artiste. Avec un set psychédélique, alternant passages calmes et énervement subit, l’auditeur ne peut qu’en être dérouté. Certains abandonnent mais la majorité persiste et veut savoir le fin mot de l’histoire. La voix mi-grave mi-aigüe puisée du fond d’une gorge malmenée est indéfinissable. Le son planant fait parfois penser à un David Bowie qui se serait cogné la tête en se levant le matin, on en reste pantois et indécis.

Tout le public s’est ensuite donné rendez-vous dans le grand Hall 9 pour la première grande sensation de la soirée. Un monsieur loyal en queue de pie et chapeau haut-de-forme annonce et fait annoncer au public la géniale Janelle Monáe sur I Want You Back des Jackson 5. La tête de la diva de Kansas City apparaît alors sur un écran géant pour un discours futuriste que les fans de Starcraft apprécieront. Trois personnages en longue toge noire se mettent à danser, et lorsque l’une d’elle se démasque, c’est Janelle qui lance un show qui fera date dans l’histoire des Transmusicales. Entre tradition Motown et modernité absolue, Janelle enchaine les tubes avec une voix unique et un flow toujours plus rapide. Le corps de chaque auditeur devient incontrôlable et est pris d’une frénésie dansante.
La banane en avant et accompagnée d’un génial guitariste chevelu et d’un groupe hors-pair, elle porte la musique soul dans une nouvelle ère, laissant toute concurrence dans le siècle précédent. Malgré cela, elle parvient à faire revivre un son Motown tant adulé à l’image de passages plus traditionnels en guitare voix ou son organe est maîtrisé sans jamais sombrer dans des clichés maintes fois entendus. Janelle Monáe pousse même le vice jusqu’à proposer le Moonwalk le plus sexy que l’on ait pu voir, accompagné d’un sourire d’ange. Le show est spectaculaire et les danseuses en toge et loups vénitiens sont inquiétantes. Janelle va même jusqu'à se livrer à une séance de peinture tout en continuant de chanter. Quoiqu’il arrive maintenant, Janelle Monáe restera la star de ces Transmusicales et on pourra difficilement se remettre de ça. Dorénavant, lorsqu'on nous citera Stevie Wonder, Prince ou Michael Jackson, il faudra répondre Janelle Monáe.

Comment enchaîner ? Après le coup de chaud, un petit coup de froid pour un passage vers le Hall 4 ou les américains de Salem sont déjà en scène. Après le show précédent tout en rapidité, voici un groupe qui veut prendre son temps et il est extrêmement difficile de se calmer pour se remettre à leur niveau. Le rock progressif down-tempo du trio de Chicago provoque un ennui assez profond, surtout lorsque son chanteur John Holland s’empare du micro.
Peut-être est-ce l’état d’esprit du moment, peut-être est-ce également la piètre prestation du rappeur au tensiomètre à zéro qui s’empare à son tour du micro. Les chansons interprétées par la jolie Heather Marlatt sont les seules à laisser un goût plus sucré même si l'on quitte le groupe sans conviction réelle.

 

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Premier passage vers le Hall 3 de la soirée pour rejoindre les anglais de Is Tropical. Les derniers prodiges londoniens du label Kitsuné ont commencé leur prestation en avance sur l’horaire, craignant peut-être la concurrence. Les fans d’electro-pop nu-rave sont servis car le trio balance des riffs et des beats en veux-tu en voilà. Les deux chanteurs sont réunis autour d’une petite table où sont disposées quelques machines mais leurs guitares sont à disposition. Le batteur assure une rythmique dancefloor juste derrière. Leur visage est masqué par des foulards et on se demande comment ils arrivent à chanter correctement face au micro sans être gênés. Le Hall 3 gagne la palme du public le plus festif avec danse générale et pancartes « Rennes is Tropical ». On pense à Klaxons bien entendu tant le trio enchaîne les tubes évidents avec une coloration toutefois nettement plus électronique. On recherchait le groupe hype à sensation de la soirée, on l’a trouvé et on a dansé.

 

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Vite, vite, il est temps ! La foule se bouscule vers le Hall 9 pour aller voir la tête d’affiche du soir, M.I.A. Mais arrivés devant la salle, c’est la déception, tout est fermé. La foule mécontente avance de porte en porte mais rien n’y fait, le lieu semble complet et tout le festival ne pourra pas entrer dans le Hall. Que faire ? Retourner vers une porte au niveau des gradins et attendre.... On entend le concert qui commence, ça siffle, ça pousse, la sécurité est débordée et tout le monde n’entrera pas. J’aperçois un vigile qui lâche prise et me laisse entrainer par le mouvement de foule : je suis rentré.
Obligation d’aller dans les tribunes cependant mais qu’importe, la vue sur le show est plus globale. Toutes les allées des tribunes sont bondées et une spectatrice se laisse aller à penser à un effondrement : je la remercie pour cette fantastique idée. Le son laisse quelque peu à désirer mais l’hystérie est bien palpable à la vue de la fosse. Le show est très visuel avec un écran géant et de nombreux décors lumineux placés à l’arrière de la sri-lankaise Maya Arulpragasam et son flow oriental si particulier.
Beaucoup de morceaux de son dernier album sont interprétés avec une teinte résolument rap. On pourrait se plaindre d’une certaine monotonie, surtout après le show délirant de Janelle Monáe, mais les conditions ne sont pas vraiment optimales pour ce concert. Les agoraphobes sont déjà rentrés chez eux et le spectacle se termine sur la chanson que tout le monde attend, Paper Planes, avec une longue introduction sur le sample des Clash avant le défoulement général à l’entame du « I fly like paper get high like planes », tube générationnel en puissance. Des moments particuliers de communion générale comme il en existe peu, où chaque spectateur partage avec son voisin et la foule toute entière.

 

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Après une telle démonstration, on a juste envie d’un moment de solitude et de repos. Restons un peu écouter Fake Blood et son tube dancefloor I Think I Like It. Le Hall s’est bien entendu vidé de moitié d’un seul coup car tout le monde (sauf ceux qui n’ont pas pu rentrer) a bien obtenu ce qu’il voulait.
On se dirige vers le Hall 3 ou les normands de Concrete Knives proposent une pop des plus rafraichissantes, chose dont a allègrement besoin à ce moment. Mine de rien, ce groupe a réussi le tour de force de prouver qu’il pourrait être un futur grand de la scène pop française. Le duo vocal proposé par Nicolas Delahaye et Morgane Colas fonctionne à merveille. Ils tiennent là de petites pépites pop réussissant à lier les mélodies de Phoenix à la fougue électrique de Foals. C’est dansant, réjouissant et la petite troupe insouciante fait vraiment plaisir à voir. On a l’impression qu’ils n’en reviennent pas d’être là devant ce public plus que conquis mais ils ne rêvent pas. Leur tube Greyhound Racing est diaboliquement efficace, un peu comme si Charmless Man était réinventé en Basse-Normandie en 2010. On suivra avec plaisir ce projet l’an prochain.
Pour finir la soirée, l’anglais Alex Metric continue de faire danser le Hall 4, mêlant son électro-pop à des guitares acérées à la manière d’un Calvin Harris. Le show est complété par des visuels animés projetés sur un grand écran. L’heure est à la danse et plus à la réflexion, l'occasion d’offrir son corps au dancefloor et tant pis si il lâche, Tomorrow Never Knows.

Une journée un peu folle que cette seconde journée des Transmusicales. Le charme de Dengue Fever, le show époustouflant de Janelle Monáe et l’hystérie populaire pour M.I.A. l’auront marquée. A demain pour l’apothéose finale !
artistes
    Belone
    Djak
    Green Vaughan
    Mujuice
    Stromae
    La Corda
    Outasight
    Dengue Fever
    AD...
    Garbo
    Manceau
    Dj Sambal
    Paris Suit Yourself
    Oy
    Witty Crew
    Is Tropical
    Concrete Knives
    Dj Morpheus
    Eat My Beat Mr Lenski
    Madensuyu
    Connan Mockasin
    Salem
    Shogun Kunitoki
    Alex Metric
    Labelle
    James Unk
    Marklion
    Rafale
    Dj Ordoeuvre
    Raph Dumas & The Primaveras & Cobla Mil.Lenària
    Janelle Monae
    Matmon Jazz By Ordoeuvre
    M.I.A.
    Fake Blood
    Systema Solar