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Festival Les Indisciplinées

Lorient, du 9 au 12 novembre 2011

Live-report rédigé par François Freundlich le 15 novembre 2011

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jeudi 10
Dans un mois de novembre toujours propice à une multiplication subite des concerts, un petit festival est en train de se faire un nom du coté de Lorient : Les Indisciplinées. S’étalant sur quatre jours, ce cadet morbihannais de la Route du Rock propose cette année une programmation pointue et variée. Au pays ou la cornemuse est reine, le nom du festival était tout trouvé et l’Espace Cosmao Dumanoir, un lieu cossu mais adapté à l’événement, se rempli doucement en ce 10 novembre.

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Un premier groupe local vainqueur du tremplin du festival s’avance sur cette grande scène, plus grande que l’appartement dans lequel Misty Wines & Oli Alone ont composé leurs chansons. Le duo folk est quelque peu impressionné mais prend rapidement ses marques, proposant de douces compositions bercées par le mélange de leurs guitares acoustiques et de leurs voix. Ils parviennent néanmoins à réveiller le public quelque peu clairsemé en ce début de soirée en lui demandant de faire des cris de loup pendant une chanson. Malgré des mélodies quelques peu convenues et déjà entendues, les Romulus et Remus lorientais ont su ouvrir dignement la soirée.

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Les normands de GaBLé prennent le relai pour réjouir le public avec leur électro-folk bizarre qui met immédiatement de bonne humeur. Composé de Mathieu et Thomas, deux batteurs devenus guitaristes, et de la jolie Gaëlle, bidouilleuse derrière son clavier et son cassettophone, le trio s’en donne à cœur joie pour cogner sur les éléments de batteries répartis sur scène. La rythmique prend une part importante dans la musique de GaBLé, et lorsque celle-ci n’est pas double, voire triple, elle se voit rompue par quelques accords de guitare acoustique. Les voix quand à elles sont bien souvent murmurée dans un brouhaha prolongé par quelques samples lo-fi. Des passages électro dance poussent subitement les basses à leur maximum et sont rompues tout aussi subitement par une mignonne petite mélodie folk entonnée en trio. Comment résister à la mini voix aigüe de Gaëlle sur le titre Georges Perrier ? Elle apporte de la subtilité avec ses xylophones mais pas que, puisqu’elle envoie également de gros beats ravageurs.
Thomas gratifie l’audience de sa folie communicative en essayant vaguement de communiquer. Il y arrivera presque sur Who Tells You?, titre pendant lequel il interroge le public avant de frapper violemment sur ses fûts en criant « ME » et « YOU ». Mathieu quand à lui est réellement habité lorsque, seul sur scène, il accompagne sa guitare de son rap saccadé sur Purée Hip Hop. Ses deux compagnons jaillissent alors de l’ombre en sautant puisque l’on n’est jamais à une surprise près avec ces trois-là.
Les anciens titres ne sont pas oubliés même si leur dernier album Cut Horse Cute subit une adaptation live réussie. Le concert prend fin avec la traditionnelle destruction d’une cagette en bois par Thomas, tandis que Mathieu arbore un masque d’Elvis, nous gratifiant de quelques pas de danse. Gaëlle se cache assise derrière ses claviers, admirant la scène tout comme un public conquis. GaBLé s’impose comme un des groupes français les plus étonnant et novateur du moment, l’expérience de leur concert est vraiment à vivre car on en ressort toujours conquis.

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Après le meilleur concert du week-end, il sera certainement difficile d’enchainer, même pour Keren Ann, pour qui le public s’est majoritairement déplacé ce soir. Accompagnée d’un groupe à la tonalité très rock, la chanteuse reste en premier lieu dans une pénombre qui focalise l’attention sur sa musique, elle aussi très sombre et noyée par sa guitare électrique. Exit le coté chanson folk, on évolue ici dans une atmosphère plus torturée même si la douceur de la chanteuse reprend toujours l’avantage. Après avoir digéré cette surprise plutôt agréable sur les premiers titres, Keren Ann souffre de la comparaison avec d’autres interprètes dans ce style rock écorché au féminin et en tournée également en ce moment. On pense bien sûr à Anna Calvi et force est de constater que là ou l’anglaise arrive à surprendre constamment sur la durée d’un concert, la franco-néerlandaise devient quelque peu soporifique.
Le manque d’intensité est flagrant sur des titres parfois répétitifs et ennuyeux. Les mimiques prétentieuses de la jeune femme sont de plus assez agaçantes, ce qui n’ajoute rien à l’impression globale. Ajoutons à ça quelques interventions dispensables entre les chansons sur son père qui ressemble à Jésus (?), et voici comment apparaît rapidement l’envie de passer son tour. Soulignons néanmoins la qualité des arrangements au piano et des compositions qui tiennent la route. Une seule chanson est interprétée en français en fin de concert, renouant avec un coté plus intimiste et touchant. Peut-être est-ce cela qui n’apparaît plus lorsque Keren Ann se perd dans de longs instrumentaux électriques et souvent inutiles. On l’aura toutefois suivie jusqu’au bout malgré les longueurs.

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Arrive l’instant so british de la soirée avec Baxter Dury et son groupe. Salué par la critique pour son dernier album Happy Soup comme l’une des meilleures livraisons de l’année, le dandy s’avance prêt à en découdre avec le public lorientais. Dans cette ville réputée pour son sérieux, Baxter parvient à détendre l’atmosphère avec son humour décalé et l’attitude ironiquement looser arborée par son costume cravate de banquier fraichement viré de la City. Sa voix monocorde et presque parlée se pose sur une britpop qui fleure bon les 90's. Elle est rehaussée par les chœurs et les synthés d’une claviériste plutôt concentrée mais apportant une certaine fraicheur aux morceaux.
Ceux-ci sont essentiellement basés sur ses synthés ou ceux de Baxter lorsqu’il se contorsionne devant eux, insufflant un son rétro et entrainant. Se servant joyeusement en vin rouge qu’il avale goulument entre chaque chanson, il joue de son côté leader pour diriger le groupe ou à l’inverse prendre un air détaché et nonchalant. Les tubes du dernier album se font plus dansants à l’image de Isabel ou Trellic. Sur ce dernier titre, les sonorités font penser à Pulp, autant dans la mise en scène du leader autour de son groupe plus en retrait que dans l’orchestration et la voix. On assiste néanmoins aux meilleurs moments sur des morceaux moins pop et plus sombres comme Cocaine Man, extrait de son deuxième album. Le public est au final convaincu et le remercie avec un rappel que tous les groupes n’auront pas eu la chance d’obtenir. Nous ne le sommes pas moins, conquis par ces adaptations énergiques du classieux Happy Soup.

L’ouverture du festival est donc réussie, malgré un creux pendant Keren Ann. On restera sur la prestation toujours marquante des trois GaBLé et l’énergie communicative déployée par Baxter Dury. Rendez-vous vendredi pour une ambiance bien plus électrique encore...
artistes
    Baxter Dury
    Keren Ann
    GaBLé
    Quadricolor
    Misty Wines & Oli Alone