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Festival FNAC Live

Paris, du 15 au 18 juillet 2015

Live-report rédigé par Déborah Galopin le 26 juillet 2015

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Dernière soirée du Festival Fnac Live, dernière possibilité de danser sur l'hôtel de ville et pour les artistes de tout envoyer. Personne n'aura loupé cette occasion que ce soit sur scène ou devant celle-ci. Il n'est pas tout à fait 18h, les artistes sont encore en coulisse, mais la place est déjà noire de monde et sacrément en forme. Elle hurle, impatiente de vivre ces six heures de concerts qu'on lui a promis. Les vigiles viennent la rafraîchir en l'arrosant au jet mais c'est l'effet inverse qui se produit. La chaleur monte d'un cran et c'est dans une ambiance survoltée mais bon enfant que chacun déverse sa bouteille d'eau sur son voisin.

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Le public accueille Sianna, rappeuse de dix-huit ans, les mains en l'air. Le set s'ouvre sur la Kalinka qui prend des teintes synthétiques grâce au DJ Dave. Sianna arrive sur scène telle une petite bombe avec son phrasé impétueux. Elle impressionne par son débit de parole et la brutalité qu'elle dégage malgré sa silhouette frêle. Elle arpente la scène de droite à gauche et de gauche à droite, croisant Fanko qui l'accompagne. Les paroles sont reprises à l'unisson par la foule en pleine communion avec les rappeurs. Elle le dit elle-même « je m'amuse sur le son sans le moindre effort » et on ne voudrait pas lui « causer du tort » en la contredisant. Elle ré-utilise les codes de ses ainés en injectant des mots anglophones, du verlan et un langage argotique. Étrangement, à force de l'entendre déclamer sa verve, on y prend goût. « Sur la vie de ma mère, t'allais trop vite » balance Fanko. « J'allais trop vite ? » s'étonne Sianna en lorgnant son collègue outrée. « Vas y Dave mets moi un son. » Elle est dynamique et le public en redemande. Fanko redevient un gosse et s'amuse avec lui à coup de « Vous êtes fatigués », avant d'admettre que nous ne sommes pas fatigués. Il a terminé avec une extinction de voix, preuve qu'il aurait tout donné.

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On reste dans un univers urbain puisque c'est Nekfeu qui enchaîne. Il chante plusieurs de ses tubes, électrisant une foule chaude bouillante. 35°C ? Nekfeu fait éclater le mercure. C'est sur son titre Tempête qu'il demande à la foule de se séparer en deux pour se rentrer les uns dans les autres. Une marée humaine qui se fait presque violente, mais pas de doute que l'ambiance est là. Certaines personnes se font porter à bout de bras et pas uniquement à cause des malaises qui s'enchainent. Le rappeur de vingt-cinq ans a réceptionné, non sans une certaine surprise, un soutien-gorge mais ne se laisse pas déstabiliser pour autant. Son set se termine sur On Verra. Un rap qui a quelque chose de touchant reflétant une société à la dérive.

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Pour ceux qui préfèrent le rock au rap, la venue du groupe suivant est appréciée. On revient à l'essentiel avec une basse, deux guitares et une batterie. Ce sont les Songhoy Blues qui nous viennent du Mali. Ce mélange de rock et de langue africaine est étonnant mais s'accommode bien ensemble. Le public se fait soudain plus sage à l'exception de quelques clappements de mains. Ils apportent un peu de leur pays à travers leur chant et leur danse. « Oui, c'est vrai chacun fait son petit métier ». Il y a quelque chose de fort dans ces paroles par sa simplicité, c'est pourquoi d'une même voix nous répétons après eux « chacun fait son petit métier ». La plupart des titres dont Al Hassidi Terei et Irganda sont festifs et rappellent une chose essentielle, la raison pour laquelle nous sommes là : par la musique nous célébrons la vie. Un retour aux racines qui fait du bien.

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C'est une Izia sur-motivée qui arrive ensuite en courant sur scène. Elle se déhanche avant d'entamer son célèbre morceau La Vague. Plus proche du raz-de-marée que d'une vaguelette, sa voix et son énergie déferlent sur la place sans une seconde de répit. Une performance qui ne fait pas sa réputation pour rien ! « Être là, comme ça, ça me fait quelque chose » nous confie-t-elle, émue. C'est cette joie et cette sincérité qu'elle dégage qui fait qu'on ne peut que l'aimer. Elle vient chercher son public en venant au plus près de lui et il le lui rend bien. La plupart du temps, elle préfère chanter sur les enceintes plutôt que sur scène. Guidée par sa voix, nous voilà transformés en une armée reptilienne. Notre rythme cardiaque s'est accéléré jusqu'à atteindre la rupture. Elle a beau chanter l'« ennui », sa prestation en est exempte. Izia incarne l'esprit rock à 200%.

C'est sur le thème « il était une fois dans l'ouest » d'Ennio Morricane que The Avener font leur arrivée. Une ouverture qui fait monter la pression avant de s'installer aux platines et de remixer Castle In The Snow, un de ses titres. Les lignes enchâssées les unes dans les autres qu'on retrouve sur la pochette de son EP s'allument successivement, puis le carré se resserre autour du maître de ce set. Il enchaîne les mixent aux influences diverses. De l'électro, certes mais qui peut aussi bien s'écouter en métro qu'être danser en festival. Il sait s'adapter, mélange les genres donne aux instruments et aux paroles une place stratégique. Les morceaux ne sont pas de fades copier-coller et c'est ce qui est aussi intéressant dans son travail. On aura le droit à Fade Out Lines qui soulèvera l'enthousiasme dès les premières notes.

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On a tellement dansé et eu chaud qu'on a réussi à faire tomber la pluie. D'abord à petites gouttes, jusqu'à ce que survienne le déluge, obligeant ceux qui le peuvent à s'abriter ou à rejoindre les bouches de métro et les autres à le subir. Une préoccupation plus importante qu'une future grippe à venir a néanmoins traversé l'esprit de tous ceux venus voir le Roi de la pop française : Mika. Viendra ? Viendra pas ? Viendra ! Il arrive sur scène et annonce qu'il a adapté le set au temps, venant amener un peu de soleil. C'est avec Lollipop et Grace Kelly, deux titres de son premier album, qu'il commence. Les incontournables Elle Me Dit et Relax ne seront pas mis de côté. Il n'y a pas à dire, Mika connaît la scène, c'est un showman. Des titres colorés et lumineux sont venus donné une pêche d'enfer. La pluie ? « ça fait chier » comme dit Mika, mais elle n'aura pas réussi à gâcher la fête. C'est sur Love Today qu'il clôture cette édition. Elle risque de nous rester longtemps en tête, au moins jusqu'à l'année prochaine.

Une programmation en-deçà de l'année précédente, on avait dit ? Cette cinquième édition a été riche et intense en découvertes et en redécouvertes. Nous repartons repus après avoir vu vingt-trois artistes sur la place de l'hôtel de ville en seulement quatre jours. En revanche, on aurait bien remis ça dans une semaine. Dommage. On se dit quand même « vivement la prochaine » !
artistes
    Sianna
    Nekfeu
    Songhoy Blues
    Izia
    The Avener
    Mika
photos du festival