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Peter Doherty

Paris, Bus Palladium - 8 septembre 2012

Live-report par Anne-Line

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Dans un contraste assez flagrant avec le concert donné au Silencio une semaine plus tôt, pour la promotion du film Confessions d'un Enfant du Siècle, Peter Doherty investit ce soir le Bus Palladium. Si les quelques privilégiés qui avaient pu assister au récital dans l'alcôve trendy de David Lynch avaient été triés sur le volet, ce soir le public a dû débourser une vingtaine d'euros pour un billet d'entrée. Autant dire qu'il n'y a ici que les fans les plus dévoués. D'ailleurs, l'atmosphère dès l'entrée est relativement bon enfant, pas de bousculade, pas de perturbateurs, pourtant légion à une certaine époque dans le public libertin. Non, ceux qui sont ici ce soir viennent se rassurer sur la santé musicale du bonhomme. En a-t-il encore sous le chapeau ?

C'est avec seulement trois-quarts d'heure de retard sur l'horaire annoncé - une broutille dans l'espace-temps dohertien - que le concert démarre, avec un Time For Heroes sur les chapeaux de roue, histoire de bien capter l'attention. Une forêt de téléphones portables se dresse, immortalisant la scène. Oui, il est bien là; oui, il chante; non, il n'est pas ivre mort. Parvient-il à terminer le solo de guitare à la fin de la chanson ? C'est une autre histoire. Véritables limitations ou simple trouble de l'attention, le public ne lui en tient pas rigueur. Il reprend en chœur les chansons qu'il connaît (Arcady, Can't Stand Me Now) et applaudit même quand les morceaux sont un peu expédiés. Pour se rattraper, Peter entame une longue improvisation en guise d'introduction pour Last Of The English Roses, pendant lequel ses deux danseuses le rejoignent; et quand un morceau à été trop écourté, il le recommence un peu plus lentement. Oui, c'est un peu brouillon, mais ça se passe comme ça chez McDoherty.

Au cas où d'aucuns auraient eu peur de ne pas en avoir pour leur argent, le sieur va jouer cinq nouveaux morceaux au total ce soir, confirmant la venue d'un hypothétique nouvel album (que les mauvaises langues ont déjà intitulé « L'Arlésienne », mais les mauvaises langues n'ont sans doute jamais tenté de reformer les Libertines, tourner un film avec Charlotte Gainsbourg et purger une peine de prison, tout en combattant une addiction sévère). Les nouvelles chansons sont bien là, indéniablement dohertiennes, intrigantes, feutrées et ne tenant que sur un fil. Dans une continuité parfaite de l'album précédent, elles se glissent sans accroc dans le répertoire maintenant bien rodé du bonhomme.
Durant l'une de ces nouveautés (Cheap Shot), pressentant qu'il est en train de perdre l'attention d'une partie du public, lequel commence à bavarder bruyamment, il assène avec force sur sa guitare les premiers accords de Time For Heroes, et leur demande de se taire. Il faut croire qu'il y aura toujours une part des fans ne s'intéressant qu'aux anciens morceaux. Après cela, il commence son rituel préféré, à savoir collecter les cadeaux (ou devrais-je dire les offrandes) que lui tendent les adorateurs du premier rang. Il attrape un carnet, rempli des états d'âme intimes d'un adolescent transi, et le lit à voix haute pendant cinq longues minutes. Il est interrompu par une autre main tendue qui lui donne cette fois un t-shirt sur lequel est écrit : « Pete Doherty, why are you such a junkie? ». Il fait mine de le mettre de côté pour le garder, et enchaîne sur la nouvelle Stranger In My Own Skin.

Exception faite de quelques petits problèmes au niveau du son, le reste du concert se déroule sans temps mort; les danseuses font une nouvelle apparition pour What Katie Did, Peter assure lui-même la partie en français à la fin de Smashing, trouve le courage de jouer encore deux morceaux inédits, puis de manière complètement inattendue va donner sa guitare à un jeune garçon du public et l'invite sur scène pour qu'il chante une chanson à sa place ! Malheureusement, ce dernier ne fera pas énormément de vagues, mais on saluera l'initiative de tenter de passer le flambeau à d'éventuels successeurs. Peter Doherty ne sera pas éternel, et cette soirée en demi-teinte n'a pas spécialement dissipé les quelques doutes sur la suite de sa carrière. On retiendra tout de même une belle démonstration de la mentalité DIY, voire même carrément open source, qui l'a animé jusqu'à présent.
setlist
    Time For Heroes
    New song
    Arcady
    Last Of The English Roses
    Cheap Shot
    Stranger In My Own Skin
    What Katie Did
    Smashing
    Death On The Stairs
    Beg, Steal Or Borrow
    Down For The Outing
    Cell Ceiling Blues (Nothing Comes To Nothing)
    Can't Stand Me Now
    The Boy Looks At Johnny
    Music When The Lights Go Out
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    Fuck Forever
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